Les Thermopyles - La Plus Celebre Bataille De L'Antiquite
alliée. À cet effet, pas moins de deux cents soixante et onze trières grecques sont dépêchées à la pointe nord-ouest de l’île de l’Eubée…
Une violente tempête décime un bon tiers de la flotte perse !
Placée sous le double commandement de Thémistocle et d’Eurybiade, l’autre roi spartiate, la flotte des coalisés de Corinthe s’est assignée pour mission de bloquer le détroit de l’Artémision. Une fois encore, le combat s’avère inégal. En nette infériorité numérique, les navires grecs font face à une armada de plus de mille deux cents navires. Autrement dit, le rapport de force de un contre quatre plaide nettement en faveur des envahisseurs. La marine perse dispose aussi d’équipages aguerris et expérimentés à l’exemple des Égyptiens, des Phéniciens et surtout des Ioniens, ces fameux Grecs pour lesquels on a déclenché les guerres médiques. Pour venir à bout d’une telle flotte, les amiraux alliés comptent sur leur savoir-faire nautique, leur meilleur équipement et… leurs dieux. Quelques semaines plus tôt, l’oracle de Delphes avait prédit « qu’il fallait prier les vents car ils seront les alliés de la Grèce » . Une fois n’est pas coutume, la prophétie se réalise. Elle se manifeste sous la forme d’un ouragan extrêmement violent. Moins d’un an après la tempête dévastatrice des Dardanelles (souvenons-nous, en guise de châtiment, le Roi des Rois avait fait fouetter la mer !), la nature se déchaîne à nouveau contre les forces de Xerxès. La surprise est totale. Alors que les navires perses mouillent au large du cap Sépias, la proue tournée vers la mer, le vent se lève avec une force extraordinaire. À partir du 11 août, des eaux démontées engloutissent plusieurs centaines de navires perses. Trois jours durant, les rafales des vents d’est balayent et fracassent plus de quatre cents trières et leurs équipages sur les côtes déchiquetées de la Magnésie. Les cargaisons éventrées et les cadavres mutilés sont dispersés sur plusieurs dizaines de kilomètres. Indéniablement, les dieux Poséidon et Éole ont conjugué leurs efforts pour sauver la Grèce…
Résister à tout prix
Au soir du 14 août, la nouvelle du désastre perse parvient aux oreilles de Léonidas. Le roi spartiate a à peine le temps de s’en réjouir qu’il apprend que les forces terrestres de Xerxès campent désormais dans la grande plaine de Trachis, entre le Spercheios et l’Asopos. Aux dires de ses éclaireurs, l’armée des envahisseurs est colossale. Dans le meilleur des cas, les Perses sont trente fois plus nombreux. La nouvelle a tôt fait de faire le tour du camp grec. D’aucuns prétendent que tout combat serait vain. Loin d’être tous braves et héroïques, nombreux sont les hommes qui élèvent la voix pour demander un retrait immédiat. Les premiers, les quatre mille Péloponnésiens, à l’exception des Trois Cents, plaident pour un repli pur et simple en deçà de l’isthme de Corinthe. Une telle option provoque la réaction ulcérée des Locriens et des Phocidiens. Selon eux, toute retraite serait inadmissible. Non seulement, elle serait indigne de soldats grecs, mais elle placerait leurs pays respectifs sous la férule des Perses. Dans les rangs grecs règne alors la plus grande confusion. On s’invective, on se bouscule, certains en viennent même aux armes. Il faut toute l’énergie et le sang-froid de Léonidas pour ramener l’ordre et la sérénité dans ses rangs. À l’instar des Locriens, le Spartiate prêche pour le maintien des forces aux Thermopyles. « Nous tiendrons le défilé coûte que coûte ! » proclame-t-il. En son for intérieur, Léonidas compte aussi sur le facteur psychologique. En découvrant la faiblesse numérique des troupes grecques, l’envahisseur affichera un sentiment de supériorité manifeste, sous-estimant les capacités militaires de son ennemi. La résistance à l’envahisseur est nécessaire insiste le souverain spartiate, elle est même impérative pour la liberté de la Grèce. En attendant des renforts substantiels, Léonidas a décidé de livrer combat, fût-ce au prix de sa vie et de celle de ses hommes. À défaut de se battre pour gagner, les Spartiates résisteront pour la gloire, au nom de leur idéal civique. Si la défaite est inévitable, l’important est de mourir en héros pour triompher dans l’éternité…
Chapitre VI
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