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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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prétendre de par ce nom que votre défunt fils lui donna. Si je ne le peux, madame, vous le pouvez. Rejetez-moi autant qu’il vous plaira, puisque, à vos yeux, je ne suis pas digne d’exister, mais sauvez-le, je vous en implore.
    Lady Read poussa un soupir agacé. Elle avait du mal à pardonner à cette diablesse d’avoir perverti son cadet au point qu’il ait renoncé à ses privilèges, préférant s’abîmer et se perdre en mer. Et cependant sa ferveur chrétienne ne pouvait repousser cette requête, comme autrefois son époux et son aîné l’avaient fait. L’enfant n’était pas responsable. Il avait piteuse mise et l’abandonner ainsi pèserait sur sa conscience.
    — Très bien, dit-elle. Confiez-le-moi, je veillerai à son instruction. Bien évidemment, il vous faudra y renoncer.
    Cecily sursauta, retrouvant d’un coup sa dignité.
    — Renoncer à mon fils, madame ? Pour qui me prenez-vous ? Je préférerais mourir que le perdre. Il est tout ce que j’ai.
    Elle était sincère. Lady Read s’y laissa prendre, embarrassée plus sûrement de cette personne que de ce qu’elle demandait.
    — Soit, céda-t-elle. Il demeurera chez vous pour le coucher et passera ici ses journées auprès d’un précepteur et d’un maître d’armes. Il devra se montrer correct et discipliné, bon élève, attentif et respectueux. A la moindre incartade, je le renverrai, suis-je claire ?
    — Vous l’êtes, madame. On peut avoir le nez dans la boue et être capable de s’en laver, déclara Cecily orgueilleusement. Mary Oliver sait se tenir et saura vous remercier pour vos bontés. Il reste toutefois à régler la question de son souper. Il a bien grandi et mon salaire ne suffit plus pour satisfaire son insatiable appétit. Je peux me priver, je l’ai toujours fait, mais je crains fort que ce ne soit pas suffisant encore.
    — Je vous défraierai par une petite pension, décréta lady Read en se dirigeant déjà vers la porte.
    Cecily comprit que l’entretien était terminé. Avant de l’ouvrir, sa belle-mère la toisa des pieds à la tête et ajouta :
    — Votre présence m’insupporte. Ne revenez jamais.
    — Je ne vous donnerai pas l’occasion de me haïr davantage, l’assura Cecily avec fierté.
    Elles s’affrontèrent du regard et Cecily baissa le sien la première. Elle ne pouvait se permettre de remettre en question ce qu’elle venait d’obtenir.
    — Bien qu’il m’en coûte, dit-elle, la gorge nouée, soyez remerciée pour ce que vous ferez.
    Lady Read ouvrit la porte et appela Jenny pour les raccompagner, elle et l’enfant.
    Mary s’avança vers celle qui, désormais, devenait officiellement sa grand-mère et lui offrit un sourire enjôleur assorti d’un salut obséquieux. Dans la cuisine, Jenny, attendrie par sa maigreur, l’avait gavée de goûter. Mary avait bien l’intention de continuer à se rassasier de même. Elle était prête pour cela à toutes les bassesses.
    Lady Read froissa sa chevelure garçonne et demanda simplement, comme si elle se doutait de quelque subterfuge :
    — Qui es-tu, mon enfant ?
    — Je suis un ange, assura Mary Oliver, le regard empli de reconnaissance autant que de malice.
    — Tâche de le rester, lui conseilla lady Read.
    Mary Oliver hocha la tête. Elle en avait bien l’intention. Tout le temps du moins qu’il le faudrait. Cecily enleva la main de Mary dans la sienne et prit congé.
    Une fois tourné l’angle de la rue, pourtant, elle lâcha avec une colère non feinte :
    — Cette vieille bique voulait rien moins que me séparer de toi ! Mon sort ne l’intéresse toujours pas ! Elle consentait à te prendre à sa charge à l’unique condition que je te laisse vivre chez elle et ne te revoie plus ! Grand Dieu, il m’a fallu protester, grimacer et larmoyer ! Quelle mère serais-je donc pour t’abandonner ainsi ? Faut-il qu’elle me déteste pour seulement l’imaginer !
    — A-t-elle cédé ? s’amusa Mary, certaine déjà de la réponse.
    Nul ne pouvait résister à la force de persuasion de Cecily.
    — Pour sûr, se radoucit celle-ci. J’ai obtenu tout ce que je désirais. Dès demain et jusqu’à la mort de cette mégère, tu te devras d’être un ange, Mary, mais aussi et surtout le plus serviable des garçonnets.
    — N’ayez crainte, mère. Je serai tout cela et plus encore. Pour l’amour de vous.
    Indifférente aux regards des passants, des cavaliers et des marchands ambulants qui sillonnaient les

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