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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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contre le froid glacial de la nuit, après cela il n’y a plus rien à faire pour nous dans le West-Chester. Il y fera trop chaud à présent que nous aurons à nos trousses cette cavalerie de Virginie.
    – J’aurai son sang, s’écria le chef, quand je devrais périr l’instant d’après.
    – Oh ! vous êtes vaillant, caché au milieu d’un bois, reprit l’autre en ricanant ; vous qui vous vantez d’être si bon tireur, comment avez-vous manqué votre homme à quarante pas ?
    – Sans ce cavalier qui me poursuivait, j’aurais étendu le capitaine Lawton sur la place. D’ailleurs le froid me faisait trembler, et je n’avais pas la main ferme.
    – Dites que vous aviez peur, et vous ne mentirez pas. Froid je crois qu’il se passera du temps avant que je m’en plaigne. Le dos me brûle comme si j’étais sur le gril.
    – Et cependant vous ne songez pas à vous venger. Vous baiseriez volontiers la verge qui a servi à vous battre.
    – La baiser ! cela serait difficile, car je crois qu’on l’a usée jusqu’au dernier brin sur mes épaules, et qu’il n’en reste pas un fragment assez grand pour le baiser. Au surplus j’aime mieux avoir perdu quelques lambeaux de ma peau que de l’y avoir laissée tout entière, et peut-être mes deux oreilles. Et c’est ce qui nous arrivera si nous nous mettons encore à dos cet enragé Virginien. Je lui donnerais volontiers de quoi faire une paire de bottes de mon cuir, pour sauver le reste. Si vous aviez su profiter de l’occasion, vous vous seriez adressé au major Dunwoodie qui ne connaît pas à moitié si bien toutes nos œuvres.
    – Silence, bavard ! s’écria le chef avec fureur ; il y a de quoi devenir fou de vous entendre déraisonner ainsi. N’est-ce pas assez d’avoir été volés et battus sans que nous soyons encore étourdis de vos sottises ? Allons ! qu’on fouille dans les havre-sacs et qu’on voie ce qu’il y reste de provisions. Le moyen de vous fermer la bouche c’est de la remplir.
    On obéit à cet ordre, et tous les Skinners, au milieu des plaintes et des contorsions occasionnées par leurs dos entamés jusqu’au vif, se préparèrent à prendre leur repas. Un grand feu de bois sec brûlait dans une fente de rochers, et enfin ils commencèrent à se remettre de la confusion de leur fuite, et à recouvrer leurs sens égarés. Leur appétit apaisé, ils se dépouillèrent d’une partie de leurs vêtements pour panser leurs blessures, et ils commencèrent en même temps à se livrer à des projets de vengeance. Ils passèrent une heure de cette manière, proposant divers moyens de représailles ; mais, comme il fallait que chacun payât de sa personne pour les exécuter, et que tous exposaient à de grands périls, tous furent successivement rejetés. Il était impossible d’attaquer les dragons par surprise, car leur vigilance n’était jamais en défaut, et il y avait encore moins de probabilité de rencontrer le capitaine Lawton seul ; car il était toujours occupé de ses devoirs militaires, et ses mouvements étaient si rapides que le hasard pouvait le faire croiser leur chemin. D’ailleurs il n’était nullement certain que le résultat de cette rencontre dut être à leur avantage.
    La dextérité du capitaine était bien connue, et quoique le West-Chester fût un territoire inégal et montueux, l’intrépide partisan avait appris à son coursier à faire des bonds extraordinaires, et des murs de pierre n’offraient que de légers obstacles à une charge de la cavalerie virginienne. Peu à peu la conversation prit une autre direction, et la bande finit par adopter un plan qui semblait devoir assurer en même temps vengeance et profit. L’affaire fut discutée avec soin ; le temps et le mode de l’exécution furent fixés ; il ne manquait plus rien aux arrangements préalables de ce nouvel acte de scélératesse, quand ils tressaillirent en entendant quelqu’un s’écrier à voix haute :
    – Par ici, capitaine Lawton ! par ici ! voilà ces coquins qui soupent tranquillement assis près du feu. Par ici ! Tuons les brigands avant qu’ils aient le temps de changer de place ! Vite ! descendez de cheval et armez vos pistolets.
    Ces paroles effrayantes mirent en déroute la philosophie de toute la bande. Ils se levèrent précipitamment, s’enfoncèrent plus avant dans le bois, et comme ils étaient déjà convenus d’un lieu de rendez-vous pour leur expédition projetée, ils se

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