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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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platines ; les soldats y répondirent par de grands éclats de rire, et le capitaine s’écria :
    – Ah ! scélérats, je vous connais, et j’ai fait retirer les pierres de vos fusils.
    – Il fallait donc aussi prendre celle qui est dans ma poche ! s’écria le chef, et presque au même instant il fit feu. La balle siffla aux oreilles de Lawton, qui secoua la tête, et dit en souriant qu’il n’avait été manqué que d’un pouce. Un dragon avait vu les préparatifs que faisait, pour tirer un second coup, le chef des Skinners, resté seul, toute sa bande ayant pris la fuite après avoir vu échouer un projet inspiré par la rage et la vengeance. Le soldat venait de faire sentir l’éperon à son cheval à l’instant où le Skinner avait fait feu. La distance jusqu’aux rochers n’était pas grande ; mais la nécessité d’éviter la vitesse supérieure du cavalier fit que le brigand, dans sa précipitation, laissa tomber son fusil et même le sac de guinées. Le dragon s’en saisit et voulut remettre l’argent au capitaine. Mais Lawton refusa de le reprendre, et lui dit de le garder jusqu’à ce que le Skinner vînt le réclamer en personne. Il aurait été assez difficile à aucun des tribunaux existant alors dans les États de faire mettre à exécution une ordonnance de restitution de cette somme, car elle fut peu de temps après très-équitablement distribuée par le sergent Hollister entre tous les soldats de la compagnie. Le détachement se mit en marche pour sa destination, et le capitaine retourna lentement vers sont logement, dans l’intention de se coucher. En ce moment son œil vigilant aperçut sur la lisière du bois, du côté où les Skinners avaient disparu, une figure marchant d’un pas rapide parmi les arbres. Tournant aussitôt sur le talon, le capitaine s’en approcha avec quelque précaution, et à son grand étonnement il vit la vivandière en cet endroit solitaire à une pareille heure.
    – Eh quoi ! Betty, s’écria-t-il, vous êtes somnambule, ou rêvez-vous tout éveillée ? Ne craignez-vous pas de rencontrer le spectre de la vieille Jenny dans son pâturage favori ?
    – Ah ! capitaine Jack, répondit-elle avec son accent ordinaire et en se dandinant d’une manière qui lui rendait difficile de lever la tête, ce n’est ni Jenny ni son spectre que je cherche, ce sont des herbes pour les blessés, et elles ont plus de vertu quand on les cueille au lever de la lune. J’en trouverai derrière ces rochers, et il faut que j’y aille bien vite, ou le charme perdra son pouvoir.
    – Folle que vous êtes, dit Lawton, vous feriez mieux d’être dans votre lit que de courir ces rochers où une chute vous briserait les os. D’ailleurs les Skinners se sont enfuis sur ces hauteurs, et ils pourraient vouloir se venger sur vous d’une discipline que je viens de leur faire administrer. Croyez-moi, bonne femme, rentrez et reposez-vous : j’ai entendu dire que nous nous mettons en marche demain matin.
    Betty n’écouta pas ses avis et continua à s’avancer de biais sur les rochers. Lorsque Lawton avait parlé des Skinners, elle s’était arrêtée un instant ; mais elle s’était remise en marche sur-le-champ, et elle disparut bientôt au milieu des arbres.
    Lorsque le capitaine arriva à l’hôtel Flanagan, le factionnaire qui était à la porte lui demanda s’il avait rencontré Betty, et ajouta qu’elle venait de sortir en vomissant des menaces contre des insolents qui l’avaient tourmentée, et en disant qu’elle allait chercher le capitaine pour en demander justice. Lawton entendit ce récit avec surprise, parut frappé d’une nouvelle idée, retourna en arrière du côté du verger, revint sur ses pas, et pendant plusieurs minutes se promena rapidement devant la porte de la maison. Enfin il se décida à y entrer, se jeta sur son lit sans se déshabiller, et ne tarda pas à s’endormir.
    Pendant ce temps les maraudeurs avaient gagné le haut des rochers, et s’étaient dispersés de tous côtés dans l’épaisseur du bois. Voyant pourtant qu’on ne les poursuivait pas ; et dans le fait la poursuite aurait été impossible à de la cavalerie, le chef se hasarda à rappeler sa bande par un coup de sifflet, et en très-peu de temps il réussit à la rassembler dans un endroit où ils n’avaient rien à craindre de leurs nouveaux ennemis.
    – Eh bien ! dit un de ces brigands pendant que ses camarades allumaient un grand feu pour se défendre

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