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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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s’écria-t-il, pourquoi cette désolation ? que la situation de votre frère ne vous alarme pas. Dès que je me serai acquitté du devoir qui m’occupe en ce moment, j’irai me jeter aux pieds de Washington, et je lui demanderai la liberté de Henry. Le père de son pays ne peut refuser une telle faveur à un de ses élèves favoris.
    – Major Dunwoodie, répondit Frances à la hâte, en se levant avec un air de dignité et en s’essuyant les yeux, je vous remercie de l’intérêt que vous prenez à mon frère ; mais certainement il n’est pas convenable que ce soit à moi que vous adressiez un tel langage.
    – Comment ? il n’est pas convenable ! répéta le major avec surprise ; n’êtes-vous pas à moi du consentement de votre père, de votre tante, de votre frère, de votre propre consentement, ma chère Frances ?
    – Je ne veux pas être un obstacle aux droits que quelque autre dame peut avoir à votre attention, major Dunwoodie, répondit Frances en reprenant le chemin de la maison de son père.
    – Nulle autre que vous n’a aucun droit sur mon cœur, s’écria Dunwoodie avec chaleur ; je jure par le ciel que votre image seule le remplit entièrement.
    – Vous avez tant d’expérience, et vous avez obtenu de tels succès, major Dunwoodie, qu’il n’est pas étonnant que vous réussissiez si bien à tromper la crédulité de mon sexe, répliqua Frances avec amertume, en essayant, mais en vain, de fixer un sourire sur ses lèvres.
    – Que suis-je donc à vos yeux, miss Wharton, pour que vous m’adressiez un tel langage ? quand vous ai-je jamais trompée ? qui a pu abuser ainsi de votre cœur ?
    – Pourquoi le major Dunwoodie depuis quelques jours n’a-t-il pas honoré de sa présence la maison de celui qu’il devait nommer son beau-père ? Avait-il oublié qu’il s’y trouvait un ami blessé et un autre dans un profond chagrin ? Sa mémoire ne lui rappelait-elle pas que cette demeure contenait celle dont il devait faire son épouse ? Craignait-il d’y rencontrer plus d’une personne qui eut des prétentions à ce titre ? Oh ! Peyton ! Peyton ! combien vous m’avez trompée ! Avec la folle crédulité de la jeunesse je vous regardais comme tout ce qu’il y a au monde de plus brave, de plus noble, de plus généreux et de plus loyal.
    – Je vois ce qui vous a trompée, Frances, s’écria Dunwoodie le visage en feu, mais vous ne me rendez pas justice ; je vous jure par tout ce qui m’est le plus cher que vous êtes injuste à mon égard.
    – Ne faites pas de serments, major Dunwoodie, répliqua Frances avec une fierté qui l’embellissait encore ; le temps de croire aux serments est passé pour moi.
    – Miss Wharton, s’écria Dunwoodie, voudriez-vous faire de moi un fat, me rendre méprisable à mes propres yeux, m’entendre me vanter de ce qui pourrait me rendre votre estime ?
    – Ne vous flattez pas que cette tâche soit si facile, Monsieur, répondit Frances en continuant à s’avancer vers la maison. Nous conversons tête à tête pour la dernière fois, mais mon père sera sûrement charmé de recevoir un parent de ma mère.
    – Non, miss Wharton, je ne puis maintenant entrer chez lui, je me conduirais d’une manière indigne de moi. Vous me mettez au désespoir, Frances, je pars pour une expédition dangereuse, et il est possible que je n’en revienne pas. Si la fortune m’est contraire, du moins rendez justice à ma mémoire, et souvenez-vous que mon dernier soupir aura été un vœu pour votre bonheur.
    En finissant ces paroles il avait déjà le pied sur l’étrier ; mais il s’arrêta en voyant sa maîtresse tourner vers lui un visage pâle d’émotion, avec un regard qui pénétra jusqu’au fond de son âme.
    – Peyton, major Dunwoodie, lui dit-elle, pouvez-vous jamais oublier la cause sacrée que vous défendez ? Votre devoir envers Dieu et envers votre pays vous défend tout acte de témérité. Votre patrie a besoin de vos services ; d’ailleurs… La voix lui manqua, et elle ne put finir sa phrase.
    – D’ailleurs ? répéta le major en retournant près d’elle avec vivacité et en cherchant à lui prendre la main. Mais Frances avait repris son sang-froid, et, le repoussant avec froideur, elle se remit en marche vers les Sauterelles.
    – Miss Wharton ! est-ce ainsi que nous nous séparons ? s’écria Dunwoodie avec l’accent du désespoir. Suis-je un misérable pour que vous me traitiez avec tant de

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