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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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être admise à entendre les expressions du repentir d’un pécheur prêt à expirer.
    – Ma sœur, dit Harvey en prenant le ton d’autorité d’un maître, avez-vous ici un livre intitulé : Les derniers moments du criminel chrétien, ou Pensées sur l’éternité, à l’usage de ceux qui doivent mourir de mort violente ?
    –  Je n’ai jamais entendu parler de ce livre, dit la matrone avec surprise.
    – Cela est assez probable, il y en a beaucoup d’autres qui ne vous sont pas plus connus. Il est impossible que ce pauvre pénitent meure en paix sans les consolations qu’il puisera dans ce livre. Une heure de cette lecture vaut les sermons de toute la vie d’un homme.
    – Quel trésor ! et où a-t-il été imprimé ?
    – Il a été composé en grec à Genève, et traduit et imprimé à Boston. C’est un livre, femme, qui devrait être entre les mains de tout chrétien, et particulièrement de ceux qui doivent mourir sur l’échafaud. Faites seller à l’instant un cheval pour ce nègre ; il m’accompagnera chez mon frère le ministre de *** et le prisonnier recevra cet ouvrage encore à temps. Mon frère, que le calme rentre dans votre esprit ; vous êtes maintenant sur le sentier glorieux du salut.
    César se sentait mal à l’aise sur sa chaise ; cependant il conserva assez de présence d’esprit pour rester le visage caché sous ses mains. La fermière partit pour obéir aux ordres du prétendu ministre, et les trois conspirateurs restèrent seuls.
    – Tout va bien, dit le colporteur. À présent la tâche la plus difficile est de tromper l’officier qui commande la garde. C’est le lieutenant de Lawton, et son capitaine lui a donné quelque chose de sa clairvoyance en pareilles affaires. – Capitaine Wharton, ajouta-t-il avec un air de fierté, songez que voici le moment ou tout va dépendre de votre sang-froid.
    – Quant à moi, mon brave ami, répondit Henry, mon sort ne peut guère empirer ; mais je ferai tout ce qui me sera possible pour ne pas vous compromettre.
    – Et puis-je être plus compromis, plus persécuté que je ne le suis déjà ? s’écria Harvey avec cet air d’égarement qu’on remarquait en lui quelquefois. Mais je lui ai promis de vous sauver, et je ne lui ai jamais manqué de parole.
    – À qui ? demanda Henry avec un mouvement de curiosité.
    – À personne, répondit le colporteur.
    Le factionnaire les avertit en ce moment que les deux chevaux étaient à la porte. Harvey jeta un coup d’œil sur Wharton pour lui faire signe de le suivre, et descendit le premier, après avoir recommandé à la fermière de laisser le prisonnier seul, afin qu’il pût digérer la manne salutaire dont il venait de le nourrir.
    Le bruit du caractère étrange du ministre était arrivé jusqu’au corps-de-garde ; et quand Harvey et Wharton furent sortis de la ferme, ils trouvèrent devant la porte une douzaine de dragons fainéants qui s’y promenaient dans l’intention d’y attendre le fanatique pour s’amuser à ses dépens. En ce moment ils affectaient d’admirer les deux chevaux.
    – Vous avez là un beau coursier, dit le chef du complot à Harvey ; mais il n’a pas beaucoup de chair sur les os. C’est sans doute par suite des fatigues que lui donne votre profession.
    – Ma profession peut être laborieuse tant pour moi que pour ce fidèle animal, mais le jour du compte n’est pas loin, et alors je recevrai la récompense de mes travaux et de mes services, dit Birch en plaçant un pied sur l’étrier et en se disposant à se mettre en selle.
    – Ainsi donc, dit un autre, vous travaillez comme nous nous battons, c’est-à-dire pour une paye ?
    – Sans doute. Le laboureur ne mérite-t-il pas un salaire ?
    – Eh bien ! puisque nous avons un moment de loisir, il faut que vous nous fassiez un petit sermon. Nous sommes un tas de réprouvés : qui sait si vous ne nous convertirez pas ? Allons, montez sur ce bloc de bois, et prenez votre texte où vous voudrez.
    Les dragons se groupèrent autour du colporteur avec un air joyeux, et celui-ci, jetant un coup d’œil expressif au capitaine qu’on avait laissé monter à cheval sans l’inquiéter, répondit avec calme :
    – Bien volontiers ; c’est mon devoir. César, prenez l’avance, et allez chercher le livre en question, sans quoi il arrivera trop tard, car les heures du prisonnier sont comptées.
    – Oui, oui, César, pars ; va chercher le livre, s’écrièrent une

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