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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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veuille vous rendre service ?
    – Parce qu’il me l’a promis. Avez-vous oublié que je l’ai vu chez mon père ? il m’a promis sa protection sans que je la lui demandasse.
    – Mais le connaissez-vous ? c’est-à-dire, quelle raison vous porte à croire qu’il puisse vous rendre service, et en outre qu’il ait dessein de tenir la promesse que vous dites qu’il vous a faite ?
    – La nature serait coupable d’une bien grande imposture, si elle avait donné à un homme faux et trompeur les traits de l’honneur et de la franchise. D’ailleurs Dunwoodie a de puissants amis dans l’armée rebelle ; il vaut donc mieux que j’attende l’événement là où je suis, plutôt que de vous exposer à une mort certaine si vous étiez découvert.
    – Capitaine Wharton, dit Birch après avoir regardé autour de lui par suite de son habitude de circonspection, et parlant avec un sérieux imposant, ni Harper, ni Dunwoodie, ni qui que ce soit au monde, ne peut vous sauver, excepté moi. Si je ne réussis à vous tirer d’ici avant une heure, demain matin vous figurerez sur l’échafaud comme si vous étiez un assassin. Oui, telles sont leurs lois. Celui qui pille et qui tue dans la guerre est honoré et récompensé, et celui qui sert son pays fidèlement et honnêtement comme espion vit méprisé, ou est pendu sans miséricorde.
    – Monsieur Birch, s’écria Wharton avec indignation, vous oubliez que je n’ai jamais joué le rôle méprisable d’espion. Vous savez que cette accusation est fausse et calomnieuse.
    Le sang monta au visage naturellement pâle du colporteur ; mais ses traits reprirent en un instant leur expression accoutumée.
    – Ce que je vous ai dit doit suffire, répondit-il. J’ai rencontré César ce matin, et j’ai concerté avec lui le plan qui vous sauvera, s’il est exécuté comme je le désire ; sans quoi, je vous le répète, nul pouvoir sur la terre ne peut vous sauver, pas même Washington.
    – Je me soumets, dit Henry cédant au ton pressant du colporteur, dont les discours lui inspiraient de nouvelles craintes sur sa situation.
    Harvey lui fit signe de garder le silence, et s’avançant vers la porte, il l’ouvrit en reprenant l’air de raideur et le ton formel qu’il avait en entrant dans la chambre.
    – Ami, dit-il au factionnaire, ne laissez entrer personne. Nous allons nous mettre en prière ; et nous désirons être seuls.
    – Je ne crois pas que personne désire vous interrompre, répondit le dragon avec un sourire presque moqueur ; mais si quelqu’un de la famille du prisonnier se présente, je n’ai pas le droit de l’empêcher d’entrer. J’ai ma consigne, et je dois l’exécuter, que l’Anglais aille au ciel ou non.
    – Audacieux pécheur ! s’écria le prétendu ministre, n’avez-vous donc pas la crainte de Dieu devant les yeux ? Je vous dis que si vous avez quelque frayeur du châtiment qui attend les impies au dernier jour, vous ne devez permettre à aucun membre de la communion des idolâtres de venir troubler les justes dans leurs prières.
    – Ha ! ha ! ha ! quel noble commandant vous seriez pour le sergent Hollister ! vous prêcheriez à le rendre muet. Écoutez : j’ai seulement à vous prier de ne pas beugler vos prières de manière à empêcher mes camarades d’entendre le son de la trompette, car vous seriez cause que plus d’un pauvre diable se trouverait privé de sa ration de grog pour ne pas s’être montré à la parade du soir. Si vous voulez être seuls, n’avez-vous pas un couteau à placer entre la gâche et le loquet ? Vous faut-il une compagnie de dragons pour garder votre conventicule ?
    Harvey ferma la porte sur-le-champ, et profitant du conseil du dragon, prit la précaution qu’il venait de lui indiquer.
    – Vous passez les bornes de la prudence, dit Henry craignant à chaque instant une découverte ; votre zèle est exagéré.
    – Cela pourrait être, s’il s’agissait de soldats d’infanterie, de ces miliciens des provinces de l’est, répondit Harvey en vidant un sac que lui remit César ; mais ces dragons de Virginie sont des drôles à qui il faut parler ainsi. Il ne faut pas ici de demi-mesures, capitaine Wharton. Mais allons, voilà un voile noir sous lequel il faut cacher votre bonne mine, ajouta-t-il en lui appliquant sur le visage un masque de cette couleur ; il faut que le maître et le serviteur changent de place pour quelques instants.
    – Moi pas croire que lui

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