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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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moi ce qui fera ta condamnation, et j’emporte ce qui fait, la joie et la consolation de mon âme.
    – Va-t’en au diable ! dit Mason avec un sourire méprisant. Le drôle se tient à cheval comme un pieu, et ses jambes sont étalées comme les cornes de son chapeau. Je voudrais le tenir dans ces montagnes où les lois ne sont pas très-rigides, je lui…
    – Caporal de la garde ! caporal de la garde ! s’écria la sentinelle stationnée à la porte de la chambre de Henry ; caporal de la garde ! caporal de la garde !
    Le caporal monta à la hâte l’escalier étroit qui conduisait à la chambre du prisonnier, et demanda au factionnaire pourquoi il criait ainsi.
    Le soldat était debout devant la porte entr’ouverte, et regardant avec un air de soupçon l’officier anglais supposé. En voyant arriver son lieutenant qui avait suivi le caporal, il recula avec un respect d’habitude, et Mason lui ayant fait la même question, il répondit avec un air pensif et embarrassé :
    – Je ne sais ce que c’est, Monsieur, mais le prisonnier a une mine singulière. Depuis que le prédicateur est parti, il n’a pas l’air comme auparavant. Cependant, ajouta-t-il en le regardant avec attention par-dessus l’épaule de son officier, il faut que ce soit lui : voilà bien sa tête poudrée ; voilà la couture qu’on a faite à la manche de son habit par suite de la blessure qu’il a reçue lors de notre dernière escarmouche avec l’ennemi.
    – Et vous faites tout ce tapage parce que vous doutez que ce soit réellement le prisonnier ! Et qui diable voulez-vous que ce soit, drôle ?
    – Si ce n’est pas lui, je ne sais qui ce pourrait être ; mais si c’est lui, il est devenu plus gros et plus petit, Et voyez vous-même, Monsieur, il tremble de tous ses membres, comme s’il avait la fièvre.
    Cela n’était que trop vrai. César entendait avec alarme cette courte conversation, et après s’être applaudi d’avoir contribué à favoriser l’évasion de son jeune maître, ses pensées commençaient fort naturellement à se reporter sur les conséquences qu’elle pourrait avoir pour lui-même. L’instant de silence qui suivit la dernière remarque du factionnaire ne contribua nullement à lui rendre l’usage de toutes ses facultés ; le lieutenant Mason était occupé pendant ce temps à examiner de ses propres yeux le personnage suspect, et César ne l’ignorait pas, car il s’était assuré du fait par un coup d’œil qu’il avait jeté sur lui, au moyen d’un passage qu’il avait ménagé à sa vue sous un de ses bras pour faire une reconnaissance. Le capitaine Lawton aurait découvert la fraude en un instant, mais Mason n’était pas doué de la même pénétration que son commandant. Au bout de quelques moments il se tourna vers le soldat avec un air dédaigneux, et dit à demi-voix :
    – C’est cet anabaptiste, ce quaker, ce méthodiste, ce misérable chanteur de psaumes qui lui a tourné l’esprit à force de lui parler de soufre et de flammes. Je vais causer un instant avec lui : une conversation raisonnable le remettra dans son état naturel.
    – J’ai entendu dire, reprit le dragon en reculant et en ouvrant les yeux comme s’ils eussent voulu sortir de leurs orbites, qu’une grande frayeur peut quelquefois changer la couleur des cheveux du noir au blanc ; mais ici elle a changé celle de la peau d’un capitaine de l’armée royale du blanc au noir.
    Le fait était que César, n’ayant pas entendu ce que Mason venait de dire à voix basse, et étant déjà saisi de crainte par tout ce qui s’était passé, avait imprudemment repoussé sa perruque au-dessus d’une de ses oreilles afin de mieux entendre, sans songer que sa couleur le trahirait. Le factionnaire, dont les yeux étaient attachés sur son prisonnier, avait remarqué ce mouvement ; l’attention de Mason se porta sur-le-champ sur le même objet, et oubliant toute délicatesse à l’égard d’un officier dans le malheur, ou plutôt ne songeant qu’au blâme qui pouvait retomber sur son corps, il s’élança dans la chambre et saisit à la gorge l’Africain épouvanté ; car, dès que César avait entendu nommer la couleur de sa peau, il avait prévu que tout était découvert, et au premier bruit des grosses bottes du lieutenant sur le plancher, il s’était levé précipitamment et s’était enfui dans le coin le plus éloigné de la chambre.
    – Qui es-tu ? s’écria Mason en lui

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