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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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midi. Après un tendre baiser, il s’arracha des bras de sa maîtresse, et se rendit au grand galop sur la scène future du combat.
    Frances se jeta sur un sofa, se cacha la tête sous les coussins, et se couvrit le visage de son schall pour empêcher autant qu’il serait possible le bruit du combat d’arriver jusqu’à elle ; et elle resta dans cette situation jusqu’à ce que les cris des combattants, les décharges de mousqueterie et le pas précipité des chevaux eussent cessé de se faire entendre.

CHAPITRE VII
    Pendant la paix, il n’est rien qui convienne à l’homme autant que la tranquillité, la modestie et l’humilité. Mais quand la trompette de la guerre se fait entendre, imitez l’action du tigre : raidissez tous vos nerfs, armez-vous de toutes vos forces, cachez un heureux naturel sous une rage aveugle. Je vous vois comme des lévriers accouplés cherchant à rompre leur lesse. Le cerf est lancé ; livrez-vous à toute votre ardeur, et, animés ainsi, poussez de grands cris.
    SHAKESPEARE.
    La nature du pays, les bois dont il était couvert, la distance qui le séparait de l’Angleterre, la facilité que leur domination sur l’Océan donnait aux Anglais de transporter leurs forces par un mouvement rapide d’un point à l’autre sur le théâtre de la guerre, tout s’était réuni pour déterminer leurs chefs à n’employer que peu de cavalerie légère dans leurs efforts pour subjuguer les colonies soulevées.
    Pendant tout le cours de la guerre, on n’avait envoyé de la Grande-Bretagne en Amérique qu’un seul régiment de cavalerie régulière ; mais, suivant les circonstances et les projets des commandants des forces royales, des légions et des corps indépendants se formaient en différents endroits. Ici on les composait d’hommes levés dans les colonies mêmes ; là on métamorphosait en cavaliers des soldats de régiments de ligne, et on leur faisait oublier l’exercice du mousquet et de la baïonnette pour leur apprendre le maniement du sabre et de la carabine. C’était ainsi qu’un corps d’infanterie subsidiaire, les chasseurs hessois, avait été transformé en un escadron de cavalerie pesante dont on n’avait pas encore tiré de grands services.
    La cavalerie américaine, au contraire, était composée des meilleures troupes des colonies. Celle des provinces du sud se faisait surtout remarquer par la discipline et le courage, et elle avait pour chefs des patriotes zélés dont l’enthousiasme se communiquait à leurs soldats, qui étaient des hommes choisis avec soin et propres au service auquel on les destinait. Aussi, tandis que les Anglais se bornaient à se maintenir dans les ports de mer et dans les villes les plus considérables, les troupes légères des Américains étaient en possession des campagnes et de tout l’intérieur du pays.
    Les troupes de ligne des Américains enduraient des souffrances sans exemple ; mais l’enthousiasme doublait leurs forces et leur résignation. Les cavaliers étaient bien montés, les chevaux bien nourris, et par conséquent les uns et les autres étaient en état de rendre de bons services. Le monde n’aurait peut-être pu fournir un corps de cavalerie légère plus brave, plus entreprenant et plus irrésistible que ne l’étaient quelques-uns de ceux de l’armée, continentale à l’époque dont nous parlons.
    Le régiment de Dunwoodie s’était déjà signalé plusieurs fois, et il attendait avec impatience le moment d’avancer contre des ennemis qu’il avait rarement chargés en vain. Ce vœu ne tarda pas à être exaucé ; car à peine leur commandant avait-il eu le temps de se remettre en selle, qu’on vit un corps ennemi déboucher dans la vallée, en tournant la base d’une montagne qui arrêtait la vue du côté du sud. Quelques minutes mirent le major en état de les distinguer.
    Dans ceux qui marchaient les premiers, il reconnut l’uniforme vert des Vachers, et dans le second corps les casques de cuir et les selles de bois des Hessois. Leur nombre n’était guère plus considérable que celui des hommes qui étaient sous ses ordres.
    L’ennemi fit halte quand il fut arrivé en face de la chaumière de Birch, se mit en ligne, et fit ses dispositions pour une charge ; une colonne d’infanterie se montra au même instant au bout de la vallée, et se dirigea vers la petite rivière dont nous avons parlé.
    Le major Dunwoodie n’était pas moins distingué par le sang-froid et le jugement que

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