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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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mille de distance ; des chevaux sans maîtres couraient de toutes parts dans la vallée ; saisissant donc brusquement par les jambes son gardien surpris, il le jeta la tête la première sur la pelouse. César se précipita hors de l’appartement et alla fermer aux verroux la porte d’entrée de la maison. La chute du soldat ne fut pas dangereuse, il se releva sur-le-champ, et sa fureur prit d’abord pour objet son prisonnier ; il trouva cependant impossible d’escalader la fenêtre en face de son ennemi ; et courant à la porte, il la trouva fermée.
    Pendant ce temps son camarade l’appelait à grands cris à son secours, et bannissant toute autre pensée, le dragon déconcerté courut à son aide. Un de leurs chevaux était déjà en liberté, mais l’autre était attaché à la selle d’un des Vachers. Ceux-ci s’enfuirent derrière la maison, les dragons les poursuivirent, le combat s’engagea, et l’air retentit du cliquetis de leurs sabres et du bruit de leurs imprécations. César ouvrit la porte à la hâte ; et montrant à son jeune maître le second cheval qui paissait tranquillement l’herbe de l’enclos, il s’écria :
    – Vous courir à présent, massa Harry ! courir, courir vite !
    – Oui, s’écria le jeune Wharton en sautant légèrement sur la selle ; oui, mon vieil ami, c’est véritablement le moment de courir. Il fit à la hâte un signe d’adieu à son père, qui était à une croisée, mais que l’inquiétude rendait muet, quoiqu’il eût la main étendue vers son fils comme pour lui donner sa bénédiction. Que le ciel vous bénisse, César, ajouta Henry en s’adressant au nègre, et saluez mes sœurs pour moi. À ces mots, il partit avec la rapidité de l’éclair.
    L’Africain le suivit des yeux avec inquiétude, et le vit gagner la grande route, se détourner sur la droite, courir à toute bride le long d’une chaîne de montagnes presque perpendiculaires qui formaient de ce côté les limites de la vallée, et disparaître derrière un des rochers qui s’y avançaient et qui le cacha à ses yeux.
    César enchanté ferma la porte sans oublier un seul verrou, et tourna la clé dans la serrure, faisant en même temps un soliloque sur l’heureuse évasion de son jeune maître :
    – Comme lui bien monter à cheval ! Moi le lui avoir appris. Saluer jeunes maîtresses {24}  ! Moi douter si miss Fanny vouloir laisser un vieil homme de couleur baiser ses jolies joues rouges.
    Quand la fortune du jour fut décidée, et que le moment fut arrivé de donner la sépulture aux morts, on trouva derrière les Sauterelles deux Vachers et un Virginien à ajouter à leur nombre.
    Heureusement pour le capitaine Wharton, les yeux clairvoyants de Lawton étaient alors occupés à examiner, à l’aide d’un télescope de poche, la colonne d’infanterie anglaise qui maintenait sa position sur le bord de la rivière, tandis que ce qui restait des chasseurs hessois continuait à se rallier en arrière. Son cheval était un des meilleurs de la Virginie, et il l’emportait le long de la vallée avec la rapidité du vent. Le cœur du jeune homme battait déjà du plaisir d’avoir recouvré sa liberté, quand il entendit une voix qu’il reconnut sur-le-champ s’écrier très-haut :
    – Bravo, capitaine ! bravo ! N’épargnez pas le fouet, et tournez sur la gauche avant de traverser la rivière.
    Wharton très-surpris jeta un regard du côté d’où partait la voix, et vit Harvey Birch assis sur la pointe d’un rocher avancé qui commandait sur toute la vallée. Sa balle, dont le volume était fort diminué, était à ses pieds, et il agita son chapeau en l’air, en signe de réjouissance, quand le capitaine anglais passa devant lui. Wharton suivit l’avis de cet être mystérieux, et trouvant un sentier qui conduisait à la grande route qui traversait la vallée, il se dirigea de ce côté, arriva bientôt en face de ses amis, et ayant passé le pont le moment d’après, il fit arrêter son coursier devant son ancienne connaissance le colonel Wellmere.
    – Le capitaine Wharton ! s’écria le colonel ; en habit bleu ? et monté sur un cheval de dragon des rebelles ! Descendez-vous du ciel dans cet équipage ?
    – Grâce à Dieu, répondit Henry encore hors d’haleine, me voici en sûreté et loin de mes ennemis ! Il n’y a pas plus de cinq minutes que j’étais prisonnier et menacé du gibet.
    – Du gibet ! Ces traîtres à leur roi auraient-ils

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