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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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accepter. Mais son âge et sa santé ne permettant pas qu’il fût chargé d’un service actif, on lui avait donné successivement différentes places de confiance dans lesquelles sa patrie pouvait profiter de sa vigilance et de sa fidélité, sans qu’il en résultât aucun inconvénient pour lui-même. Depuis un an, il était chargé de garder les défilés des montagnes, et il était alors avec sa fille à une petite journée de marche de la vallée dans laquelle se trouvait Dunwoodie. Elle était sa fille unique, et il n’avait d’autre fils que l’officier blessé dont nous avons déjà parlé. Ce fut là que le major dépêcha un exprès, porteur de la malheureuse nouvelle de la situation du capitaine, et chargé d’une invitation, qui, comme il n’en doutait pas, amènerait bientôt la sœur affectueuse près du lit d’un frère blessé.
    S’étant acquitté de ce devoir, quoique avec une sorte de répugnance qui ne pouvait que rendre ses inquiétudes encore plus vives, Dunwoodie se rendit sur le terrain où ses troupes avaient fait halte. On voyait déjà par-dessus la cime des arbres les restes des Anglais marcher sur les hauteurs, en bon ordre et avec précaution, pour gagner les barques. Le détachement de Lawton était sur leur flanc, les suivant à peu de distance, et attendant avec impatience un moment favorable pour les attaquer. Enfin on perdit de vue les deux partis.
    À peu de distance des Sauterelles était un petit village traversé par plusieurs routes, et d’où par conséquent il était facile de marcher de tous côtés dans l’intérieur du pays. C’était une halte favorite pour la cavalerie, et il était souvent occupé par les détachements légers de l’armée américaine pendant leurs excursions. Dunwoodie avait été le premier à reconnaître les avantages de cette position, et comme il était obligé de rester dans cette contrée jusqu’à ce qu’il reçût de nouvelles instructions, on doit bien supposer qu’il ne négligea pas d’en profiter. Il commanda donc à son corps de se mettre en marche pour cet endroit, et y fit transporter les blessés. Déjà on s’était occupé du triste devoir de donner la sépulture aux morts. Tandis qu’il prenait ces arrangements, un nouveau sujet d’embarras se présenta à lui. En marchant de côté et d’autre, il aperçut le colonel Wellmere seul, rêvant tristement au revers qu’il avait éprouvé, auquel personne ne songeait, si ce n’est qu’il recevait une marque de civilité des officiers américains qui passaient près de lui. Ses inquiétudes pour Singleton avaient entièrement banni de son souvenir son prisonnier, et il s’approcha de lui en lui faisant des excuses de sa négligence. L’Anglais reçut ses politesses avec froideur, et se plaignit de souffrir des suites de ce qu’il lui plut d’appeler une chute accidentelle de cheval. Dunwoodie, qui avait vu un de ses dragons le renverser, et certainement avec peu de cérémonie, sourit légèrement et lui offrit les secours d’un chirurgien. Il ne pouvait les lui procurer qu’aux Sauterelles, et en conséquence ils s’y rendirent tous deux.
    – Le colonel Wellmere ! s’écria le jeune Wharton fort surpris en les voyant entrer. La fortune de la guerre ne vous a donc pas mieux traité que moi ? Vous êtes le bien venu chez mon père ; mais j’aurais voulu pouvoir vous présenter à lui dans des circonstances plus heureuses.
    M. Wharton reçut son nouvel hôte avec la circonspection et la réserve qui ne l’abandonnaient jamais, et Dunwoodie sortit de l’appartement pour se rendre dans la chambre de son ami ; il y trouva la confirmation de ses espérances, et il informa le chirurgien qu’un autre blessé avait besoin de ses secours, et qu’il le trouverait dans le salon. Ce peu de mots suffirent pour mettre le docteur en mouvement, et, saisissant sa trousse, il se hâta d’aller chercher le nouveau personnage qui réclamait ses soins. À la porte du salon il rencontra les dames qui en sortaient. Miss Peyton l’arrêta un instant pour lui demander des nouvelles du capitaine Singleton. Frances ne put retenir le sourire malin qui lui était naturel, en voyant l’extérieur grotesque du praticien à tête chauve ; mais Sara était encore trop agitée par la surprise que lui avait occasionnée l’arrivée inattendue du colonel anglais pour faire attention au costume du docteur. On a déjà dit que le colonel Wellmere était une ancienne

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