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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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d’attention à la cérémonie : un de mes officiers est blessé dangereusement, mortellement peut-être, et, comptant sur votre hospitalité, je l’ai fait transporter ici.
    – Et vous avez très-bien fait, Monsieur, répondit Wharton, qui sentait combien il pouvait être important pour son fils de se concilier la bienveillance des troupes américaines ; ma maison est toujours ouverte à ceux de mes concitoyens auxquels je puis être utile, et surtout aux amis du major Dunwoodie.
    – Je vous remercie, Monsieur, répondit le major, et pour moi et pour celui qui est en ce moment hors d’état de vous remercier lui-même. Voulez-vous bien m’indiquer une chambre où le chirurgien puisse le voir sans délai et me faire un rapport sur la situation où il se trouve ? On ne pouvait faire aucune objection à cette demande ; mais Frances sentit un froid glacial dans son cœur quand son amant se retira sans même lui avoir adressé un seul regard.
    Il existe dans l’amour d’une femme un dévouement qui n’admet aucune espèce de rivalité. C’est pour elle une passion tyrannique, et quand on donne tout, on attend beaucoup en retour. Frances avait passé des heures d’angoisses pour Dunwoodie, et il venait de la voir, de la quitter sans lui adresser un sourire ou le moindre mot ! L’ardeur de ses sentiments n’était nullement refroidie, mais ses espérances s’affaiblissaient. Lorsque ceux qui portaient l’ami du major dans l’appartement qui lui avait été destiné passèrent près d’elle, elle aperçut ce rival qu’elle supposait dans l’affection de son amant. Son visage pâle et hâve, ses yeux enfoncés, sa respiration pénible, lui donnèrent une idée de la mort sous son aspect le plus affreux. Dunwoodie était à son côté, lui tenait une main, ne cessait de recommander à ceux qui le portaient de marcher avec précaution, en un mot montrait toute la sollicitude que pouvait inspirer la plus tendre amitié dans une telle occasion. Frances marcha légèrement devant eux, et détourna la tête en ouvrant la porte de la chambre où on le conduisait. Ce ne fut que lorsque le major toucha ses vêtements en y entrant qu’elle se hasarda à lever sur lui ses yeux bleus pleins de douceur ; mais il ne lui rendit pas même ce regard, et Frances soupira sans s’en apercevoir en se retirant dans la solitude de son appartement.
    Le capitaine avait volontairement donné sa parole à ceux qui le gardaient de ne pas chercher à s’évader, et par conséquent il put soulager son père dans l’exercice des devoirs de l’hospitalité. Tandis qu’il s’occupait de ces soins, il rencontra le docteur qui lui avait pansé le bras avec tant de dextérité sur le champ de bataille, et qui se rendait dans la chambre de l’officier blessé.
    – Ah ! s’écria le disciple d’Esculape, je vois avec plaisir que vous allez bien ; mais attendez… Avez-vous une épingle ? – Non, non ; en voici une. Il faut empêcher l’air de frapper sur votre blessure, sans quoi quelqu’un de nos jeunes gens pourrait encore y trouver à s’exercer.
    – À Dieu ne plaise ! dit le capitaine à demi-voix, tout en arrangeant son écharpe, tandis que Dunwoodie, paraissant à la porte de la chambre du blessé, s’écriait d’un ton d’impatience :
    – Sitgreaves ! hâtez-vous donc, ou George Singleton mourra d’une perte de sang !
    – Quoi ! est-ce Singleton ? Est-ce ce pauvre George ? s’écria le docteur en accélérant sa marche avec une émotion véritable ; juste ciel ! Au surplus il vit encore, et tant qu’il reste de la vie, il reste de l’espérance. Ce sera la première blessure sérieuse que j’aurai vue aujourd’hui sans que le patient fût déjà mort. Le capitaine Lawton apprend aux soldats à manier le sabre avec si peu de discrétion ! Pauvre George ! Heureusement on dit que ce n’est qu’une balle qui l’a blessé.
    Il entra dans la chambre, et le jeune blessé tourna les yeux sur lui, faisant un effort pour sourire en lui tendant la main. Dans ce regard et dans ce geste il y avait quelque chose qui parlait au cœur du docteur Sitgreaves, et il ôta ses lunettes pour essuyer une larme qui lui obscurcissait la vue.
    Il se mit sur-le-champ en fonction mais tout en faisant ses arrangements préalables, il se livrait à sa loquacité habituelle.
    – Quand il ne s’agit que d’une balle, dit-il, j’ai toujours quelque espérance. Il y a une chance qu’elle n’aura touché

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