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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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connaissance de la famille. Sara avait été si longtemps absente de New-York que son souvenir s’était presque effacé de l’esprit du colonel ; mais l’impression qu’il avait faite sur son cœur avait été plus durable. Il existe dans la vie de chaque femme une époque où l’on peut dire que son âme est plus ouverte à l’amour : c’est l’âge heureux où l’enfant disparaît pour faire place à l’adolescence, où le cœur innocent bat vivement en se formant de la vie des idées de perfection que l’homme ne peut jamais réaliser. C’était à cet âge que Sara avait quitté la ville, et elle en avait rapporté un tableau de l’avenir qui n’était qu’ébauché à la vérité, mais dont les couleurs devinrent plus vives dans la solitude ; Wellmere était toujours l’objet de sa première pensée. La surprise de voir le colonel l’avait presque décontenancée, et après avoir reçu ses premiers compliments, elle s’était levée à un signe que lui avait fait sa tante pour se retirer avec elle et sa sœur.
    – Ainsi, Monsieur, dit miss Peyton après avoir écouté le compte que lui rendit le chirurgien de la situation du jeune blessé, nous pouvons nous flatter de l’espoir de sa guérison ?
    – Elle est certaine, Madame, répondit le docteur en cherchant, par respect pour les dames, à remettre sa perruque ; elle est certaine avec les soins et les attentions convenables.
    – Il ne manquera de rien, Monsieur, répliqua miss Peyton avec douceur. Tout ce qui est ici est à son service ; et le major Dunwoodie vient d’envoyer un exprès à sa sœur pour la faire venir.
    – Sa sœur ! répéta le praticien avec un air particulièrement expressif ; oh ! si le major l’a envoyé chercher, elle viendra.
    – On doit croire que la situation dangereuse de son frère l’y déterminera, répliqua miss Peyton.
    – Sans doute, Madame, répondit le docteur laconiquement en saluant profondément et en se rangeant de côté pour laisser passer les trois dames. Mais ce qu’il venait de dire et le ton dont il avait parlé ne furent pas perdus pour Frances, en présence de qui le nom de Dunwoodie n’était jamais prononcé sans exciter toute son attention.
    – Monsieur, dit le docteur en entrant dans le salon et en s’adressant au seul habit écarlate qu’il y vit, on m’a dit que vous avez besoin de mon aide. Fasse le ciel que vous ne vous soyez pas trouvé en contact avec le capitaine Lawton, car en ce cas j’arriverais probablement trop tard !
    – Il y a ici quelque méprise, dit Wellmere avec hauteur c’était un chirurgien que le major Dunwoodie devait m’envoyer, et non une vieille femme.
    – C’est le docteur Sitgreaves, s’écria le capitaine en réprimant non sans peine une envie de rire ; la multitude des occupations qu’il a eues aujourd’hui l’a empêché de donner beaucoup d’attention à son costume.
    – Pardon, Monsieur, dit le colonel d’un air peu gracieux, et il ôta son habit pour montrer ce qu’il appelait sa blessure.
    – Monsieur, dit le docteur d’un ton sec, si mes degrés pris à Édimbourg, ma pratique dans vos hôpitaux de Londres, l’amputation de quelques centaines de membres, la théorie et l’expérience des opérations les plus savantes auxquelles le corps humain puisse être soumis, une bonne conscience et la commission de docteur en chirurgie du congrès américain peuvent faire un chirurgien, j’ai droit de prendre ce titre.
    – Pardon, Monsieur, répéta le colonel avec un ton de raideur ; le capitaine Wharton vient d’expliquer la cause de ma méprise.
    – J’en remercie le capitaine, répondit Sitgreaves en arrangeant sur une table les instruments nécessaires pour une amputation avec un sang-froid qui fit frémir le colonel. Maintenant, Monsieur, où est votre blessure ! Quoi ! est-cette égratignure sur votre épaule ? Qui vous a blessé ainsi ?
    – Un dragon du parti des rebelles.
    – Impossible ! Monsieur. Je sais comme ils frappent. Le pauvre Singleton lui-même aurait appuyé plus fortement. Au surplus, Monsieur, ajouta-t-il en lui appuyant sur l’épaule un morceau de ce qu’on appelle communément taffetas d’Angleterre , voici qui remplira vos désirs : car je suis certain que c’est tout ce que vous souhaitez de moi.
    – Que voulez-vous dire, Monsieur ? demanda le colonel avec hauteur.
    – Que vous désirez pouvoir vous mettre au nombre des blessés dans votre prochaine

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