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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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de toutes ces scènes. La vérité reparut à son esprit en reconnaissant son amant, d’autres souvenirs la portèrent à se retirer dans sa chambre, le cœur aussi triste que celui de Dunwoodie en sortant de la vallée.

CHAPITRE IX
    Un instant son œil plongea au fond de la vallée ; il aspira l’air chargé d’émanations odorantes, il écouta les aboiements des chiens, qui devenaient plus bruyants à mesure qu’ils approchaient ; et quand il vit paraître le plus avancé de ses ennemis, il franchit le taillis d’un bond léger, et s’élançant avec rapidité, il courut vers les bruyères sauvages de Wam-Vor.
    Sir WALTER SCOTT. La Dame du Lac.
    Le capitaine Lawton, à la tête de sa compagnie, avait suivi l’infanterie anglaise jusque sur le rivage, avec la plus grande vigilance, sans pouvoir trouver une seule occasion de l’inquiéter dans sa retraite. L’officier expérimenté qui avait alors le commandement, connaissait trop bien la force de son ennemi pour hasarder de quitter les hauteurs avant d’être obligé de regagner le rivage de la mer. Avant de faire ce mouvement dangereux, il forma son corps en bataillon carré hérissé de toutes parts de baïonnettes. L’impétueux Lawton savait fort bien que dans cette position des hommes braves ne pouvaient jamais être attaqués avec succès par la cavalerie, et il fut obligé, à son grand regret, de se borner à suivre ses ennemis sans pouvoir mettre obstacle à leur marche aussi ferme qu’elle était lente. Un petit schooner les avait amenés de New-York, et ses canons protégeaient le lieu de l’embarquement. Lawton avait assez de prudence pour voir que ce serait une folie que de vouloir combattre contre une telle combinaison de forces et de discipline, et il vit les Anglais se rembarquer sans chercher à les attaquer. Les dragons restèrent près du rivage jusqu’au dernier moment, et se mirent alors eux-mêmes en retraite, fort à contre-cœur, pour rejoindre le corps principal de Dunwoodie.
    Les ombres du soir commençaient à obscurcir la vallée, lorsque ce détachement y rentra du côté du sud, marchant au petit pas sur une ligne étendue. Lawton était en avant avec son lieutenant. Un jeune cornette placé derrière eux fredonnait un air, tout en songeant au plaisir qu’il goûterait bientôt à s’étendre sur une botte de paille, après une journée si fatigante.
    – Ainsi donc elle vous a frappé comme moi, dit le capitaine à son lieutenant. Je n’ai eu besoin que de la voir un instant pour la reconnaître : c’est une de ces figures qu’on n’oublie pas. Sur ma foi, Tom, elle fait honneur au goût du major.
    – Elle en ferait à tout le corps, dit le lieutenant avec feu. De pareils yeux bleus pourraient aisément engager un homme à suivre des occupations plus douces que le métier que nous faisons ; et sur ma foi, moi-même, une si jolie fille me ferait quitter le sabre et la selle pour l’aiguille à faire des reprises et la trousse de paille.
    – Mutinerie, Monsieur ! mutinerie ! s’écria Lawton. Quoi ! vous, Tom Mason, vous oseriez vous déclarer le rival du major Dunwoodie, si élégant, si admiré, et qui plus est, si riche ! Vous, simple lieutenant de cavalerie, ne possédant qu’un cheval qui n’est pas des meilleurs, vous dont le capitaine est aussi dur qu’un bloc de chêne et a autant de vies qu’un chat !
    – Sur ma foi, dit Mason souriant à son tour, nous pourrons bien voir le bloc se fendre et Raminagrobis perdre toutes ses vies, si vous faites souvent des charges pareilles à celle de ce matin. Combien de fois voudriez-vous avoir le crâne frotté comme vous l’avez eu aujourd’hui ?
    – Ne m’en parlez pas, mon cher Mason ; la seule pensée m’en donne mal à la tête, dit le capitaine en remuant les épaules. C’est ce que j’appelle anticiper la nuit.
    – La nuit de la mort ?
    – Non, Monsieur, la nuit qui suit le jour. J’ai vu des milliers d’étoiles qui auraient dû se cacher devant leur maître souverain, le soleil. Je crois que vous ne devez le plaisir de m’avoir avec vous encore pour quelque temps qu’au casque épais que je porte.
    – J’ai sans doute une grande obligation au casque, mais j’admets que le casque ou le crâne doivent être d’une heureuse épaisseur.
    – Allons, allons, Tom, vous êtes un railleur privilégié, ainsi, je ne me fâcherai pas. Mais je crois que le lieutenant de Singleton se trouvera mieux que vous du service de cette

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