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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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la parole au major.
    – Y a-t-il quelque espoir que votre ami survive à sa blessure, mon cousin ? lui demanda cette dame en s’avançant vers lui avec un sourire de bienveillance et d’affection.
    – Le plus grand espoir, ma chère dame. Sitgreaves dit qu’il guérira, et Sitgreaves ne m’a jamais trompé.
    – Cette nouvelle me fait presque autant de plaisir qu’à vous-même. Il est impossible de ne pas prendre intérêt à un être qui est si cher au major Dunwoodie.
    – Et qui mérite si bien d’être aimé, Madame. C’est un génie bienfaisant dans mon corps ; il ne s’y trouve pas un officier, pas un soldat qui ne le chérisse. Il a tant de candeur et de générosité ! Son caractère est si franc et si égal ! Doux comme un agneau, tendre comme une colombe, ce n’est que lorsque l’heure du combat arrive que Singleton est un lion.
    – Vous en parlez comme d’une maîtresse, major, dit miss Peyton en souriant et en jetant un coup d’œil sur sa nièce qui, pâle et silencieuse, était assise dans un coin.
    – Je l’aime tout autant ! s’écria Dunwoodie avec la chaleur de l’amitié. Mais il a besoin de soins, de grands soins ; tout dépend à présent des soins qu’il recevra.
    – Croyez, Monsieur, dit miss Peyton avec dignité, que votre ami ne manquera de rien dans cette maison.
    – Pardon, ma chère dame, ajouta le jeune major, vous êtes la bonté même ; mais l’état de Singleton exige des attentions que bien des gens trouveraient pénibles. C’est en de semblables moments, au milieu de pareilles souffrances, que le soldat éprouve le besoin de la tendresse compatissante d’une femme. En parlant ainsi, il fixa ses yeux sur Frances. Elle se leva et lui dit :
    – On aura pour votre ami tous les soins que les convenances permettent de donner à un étranger.
    – Ah ! les convenances ! s’écria Dunwoodie en secouant la tête, un mot si froid le tuerait ! Il lui faut des soins délicats, affectueux, empressés.
    – Ce sont des soins qui conviennent à une épouse ou à une sœur, répondit Frances en rougissant encore davantage.
    – Une sœur ! répéta le major, le sang lui montant au visage. Une sœur ! Il a une sœur, une sœur qui pourrait être ici demain dans la matinée. Il se tut, réfléchit en silence, jeta sur Frances un regard inquiet, et murmura à demi-voix :
    – La situation de Singleton l’exige, on peut s’en dispenser. Les trois dames observaient avec surprise le changement qui s’était opéré sur sa physionomie.
    – Si le capitaine Singleton a une sœur, dit miss Peyton, mes nièces et moi nous serons très-charmées de la recevoir.
    – Il le faut bien, Madame, on ne peut faire autrement, répondit Dunwoodie avec une hésitation qui n’était guère d’accord avec la vivacité qu’il venait de montrer ; ce soir même je l’enverrai chercher par un exprès. Et comme s’il eût voulu changer le sujet de la conversation, il s’approcha du capitaine Wharton, et lui dit d’un ton amical :
    – Henry Wharton, mon honneur m’est plus cher que la vie, mais je sais que je puis sans danger le confier au vôtre. Je ne vous donne ni gardes ni surveillants, votre parole me suffit. Restez ici jusqu’à ce que nous quittions ces environs, ce qui n’aura lieu probablement que dans quelques jours.
    – Je répondrai à votre confiance, Dunwoodie, répondit Henry en lui offrant la main, et son air de froideur disparaissant tout à coup, quand même j’aurais devant mes yeux le gibet auquel votre Washington a fait attacher André.
    – Henry, répliqua le major avec chaleur, vous ne connaissez guère l’homme qui est à la tête de nos armées, ou vous ne lui feriez pas un tel reproche. Mais mon devoir m’appelle. Adieu ; je vous laisse où je voudrais pouvoir rester moi-même, où vous ne pouvez être tout à fait malheureux.
    En passant près de Frances, il jeta sur elle un regard d’affection qui lui fit oublier l’impression qu’elle avait éprouvée en le revoyant après le combat.
    Le colonel Singleton était du nombre de ces vétérans que les circonstances avaient obligés à renoncer au repos convenable à leur âge pour se dévouer au service de leur patrie. Il était né en Georgie, et dès sa première jeunesse il avait suivi la profession des armes. Lorsque la lutte pour la liberté avait commencé, il avait offert ses services à son pays, et le respect qu’inspirait sa réputation les avait fait

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