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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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journée.
    – J’espère, capitaine, que ni lui ni moi nous n’aurons le chagrin de devoir notre avancement à la mort d’un camarade et d’un ami. On assure que Sitgreaves a fait un rapport favorable de ses blessures.
    – Je le désire de toute mon âme, s’écria Lawton ; malgré son menton presque imberbe, Singleton a un courage digne d’un vétéran ; mais ce qui me surprend, c’est que, quoique nous soyons tombés tous deux au même instant, nos gens se soient si bien comportés.
    – Je devrais vous remercier du compliment, mais ma modestie s’y oppose. Au surplus, j’ai fait ce que j’ai pu pour les arrêter, mais je n’ai pu y réussir.
    – Comment, pour les arrêter ? s’écria le capitaine ; arrêter des dragons au milieu d’une charge !
    – Il me semblait qu’ils ne la dirigeaient pas du côté convenable, répondit le subalterne un peu sèchement.
    – Ah ! c’est notre chute qui leur avait fait faire un quart de conversion.
    – Que ce soit votre chute ou la crainte d’être exposés à en faire une comme vous, il est certain que nous étions dans un désordre admirable quand le major est arrivé fort à propos pour nous rallier.
    – Dunwoodie ! comment donc ! Il était occupé à tailler des croupières aux Hessois ?
    – Oui ; mais, après les avoir taillées, il arriva au petit galop avec les deux autres compagnies ; et se plaçant entre nous et l’ennemi avec cet air impérieux qu’il sait prendre quand il est animé, il nous remit en ligne en un clin d’œil. Ce fut alors, ajouta le lieutenant avec chaleur, que nous envoyâmes John Bull dans les broussailles. Ah ! ce fut une belle charge !
    – Diable, s’écria Lawton avec dépit, quel spectacle j’ai perdu !
    – Vous dormiez pendant tout ce temps, dit Mason ironiquement.
    – Oui, répondit le capitaine en soupirant, rien n’était visible pour le pauvre George Singleton ni pour moi. Mais, Tom, que dira la sœur de George à cette jolie fille à cheveux blonds qui est là-bas dans cette maison blanche ?
    – Elle se pendra avec ses jarretières. J’ai pour mes officiers supérieurs le respect que je leur dois, mais je dis que deux anges semblables, c’est plus qu’il ne faut pour la part d’un seul homme, à moins que ce soit un Turc ou un Indou.
    – Sans doute, Tom, sans doute. Le major fait toujours des sermons de morale aux jeunes gens, mais au bout du compte c’est un malin gaillard. Remarquez-vous comme il aime les routes qui se croisent à l’autre bout de cette vallée ? Or, si je faisais faire halte à ma compagnie deux fois dans le même endroit, vous jureriez tous qu’il y a en l’air quelque cotillon.
    – Vous êtes bien connu dans le corps, répliqua le lieutenant d’un ton sentencieux.
    – Votre penchant à la raillerie est incurable, Tom, dit Lawton. Mais, ajouta-t-il en penchant le corps du côté vers lequel ses yeux se dirigeaient, comme pour mieux distinguer les objets dans l’obscurité, quel est l’animal qui traverse la vallée sur notre droite ?
    – C’est un homme, répondit Mason après avoir regardé avec attention l’objet suspect.
    – À en juger par son dos, c’est un dromadaire, dit le capitaine. Puis quittant tout à coup le grand chemin, il s’écria : – Harvey Hirch ! qu’on le saisisse mort ou vif.
    Mason et quelques-uns des dragons qui marchaient les premiers furent les seuls qui comprirent ces paroles ; mais le cri fut entendu sur toute la ligne. Une douzaine d’entre eux, ayant le lieutenant à leur tête, suivirent l’impétueux Lawton, et leur rapidité menaçait celui qu’ils poursuivaient de voir bientôt la fin de cette course.
    Birch avait prudemment gardé sa position sur le haut du rocher où Henry Wharton l’avait vu en passant, jusqu’à ce que le crépuscule eût commencé à couvrir d’obscurité tout ce qui l’environnait. Du haut de son élévation, il avait vu tous les événements de la journée à mesure qu’ils étaient arrivés. Il avait attendu, le cœur palpitant, le départ des troupes de Dunwoodie, et il avait, non sans peine, réprimé son impatience jusqu’au moment où la nuit mettrait ses mouvements à l’abri de tout danger. Il n’était encore pourtant qu’au quart du chemin qu’il avait à faire pour regagner sa demeure, quand son oreille attentive distingua le bruit de la marche d’une troupe de cavalerie qui approchait. Cependant, se fiant sur l’obscurité qui augmentait, il

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