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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Dieu, murmura-t-il, profondément ému. Ce sont bien eux. Je les ai lus, jadis, lorsque je n’étais encore qu’un jeune membre des Neuf. Baroche se tenait là où tu es à présent. J’avais perdu espoir de les revoir de mon vivant. Grâce à toi et aux tiens, Gondemar, c’est fait. Je mourrai l’esprit tranquille.
    Il leva vers moi des yeux mouillés de larmes et me rendit le document.
    —    Sire Jehan, intervint Pierrepont en masquant de son mieux son impatience, chacun de nous aimerait prendre connaissance de ces documents. Si tu veux bien regagner ta place.
    —    Tu as rendu un vieil homme heureux, me dit-il, les yeux humides, avant de retourner à son fauteuil.
    Je repris ma lecture, contrôlant mon empressement pour que chacun puisse bien mesurer la portée des mots. À plusieurs reprises, je fis une pause pour leur permettre de digérer les propos. Sur leurs visages, je pus lire un grand soulagement, mais aussi de la satisfaction. Quand j’eus terminé, je replaçai le document avec les autres. Autour de moi régnait un silence de tombe. Tous les regards étaient posés sur l’enveloppe de cuir.
    —    Et ceci ? finit par demander Pierrepont. Ne nous fais pas languir, Gondemar.
    Je pris le paquet et le leur montrai.
    —    Mes frères, les documents que l’Ordre conserve depuis 1187 à Gisors et depuis peu à Montségur ne sont qu’un hors-d’œuvre, déclarai-je. La Vérité, la seule qui importe vraiment, est contenue dans ce paquet.
    —    Tu veux dire qu’il y a. autre chose que des documents ? s’exclama Gisors.
    —    Il y a mille fois mieux, mon ami ! m’exclamai-je. Il est impossible d’avoir l’assurance qu’une simple lettre est authentique. N’importe qui peut l’avoir écrite et prétendre y dire le vrai. Sans preuve matérielle, les mots ne seront toujours que des mots. Et c’est précisément cela qu’ont retrouvé les fondateurs du temple : une démonstration irréfutable. C’est pour cette raison qu’ils se sont assurés que la seconde part serait cachée dans un endroit que personne ne connaîtrait. Désormais, le doute n’est plus permis.
    Je fis un signe de la tête à Pernelle, et ensemble nous sortîmes le linceul de son enveloppe.
    —    Ugolin, peux-tu nous faire de la lumière ? demandai-je.
    Le Minervois se leva et fit le tour du temple pour y ramasser
    quelques torches, qu’il revint brandir devant l’autel. Satisfait, je dépliai l’étoffe avec mon amie et, ensemble, nous la tendîmes devant les flammes pour l’exhiber sur toute sa longueur. Un murmure de stupéfaction traversa de nouveau le temple.
    —    Est-ce. Jésus ? balbutia Gisors, les lèvres tremblantes.
    —    C’est Ieschoua, le chef de guerre sur lequel l’Église a érigé son mensonge, le corrigea gravement Pernelle.
    —    L’image est fort belle, dit Pierrepont après un moment, et émouvante aussi, j’en conviens. Mais à quoi peut-elle nous servir ? Expliquez-vous, que diable !
    —    Je laisse ce soin à dame Pernelle, dis-je.
    Je vis un éclair de fierté traverser les yeux de mon amie, avant qu’elle ne reprenne la contenance austère et modeste d’une Parfaite. Sans attendre, elle se lança dans la relation de ce qu’elle nous avait déjà dit dans les profondeurs de la terre. À mesure qu’elle progressait, détaillant les blessures de Ieschoua et le sens qu’elle leur attribuait, interprétant sa posture et son absence de raideur, je vis les visages autour du temple devenir de plus en plus graves.
    Un à un, les Neuf se levèrent et s’approchèrent pour palper craintivement et respectueusement le linge millénaire.
    —    Jésus. murmura sire Jehan, un sanglot dans la voix.
    —    N’oublie pas qu’il n’était qu’un homme, lui rappela Pernelle. Point de Fils de Dieu sur ce linge.
    —    Peut-être, mais c’est lui. Mille ans nous séparent, et pourtant je le vois de mes yeux. Cela tient du miracle.
    Lorsque Pernelle eut achevé son explication, Pierrepont considéra longuement le suaire, traçant le contour du visage de Ieschoua avec son index.
    —    C’est. presque inconcevable, finit-il par déclarer d’une voix étranglée. Une image du Christ bien vivant après son supplice. Si je ne le voyais pas, jamais je n’accepterais de le croire.
    Il fit un effort perceptible pour arracher son regard du suaire et se retourna vers Pernelle.
    —    Tu es absolument certaine de tout ce que tu viens de

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