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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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dis-je.
    Pour ce que j’en savais, le Lucifer était souverain en matière de Vérité, mais il était hors de question que je prive les Neuf de ce qu’ils souhaitaient tout naturellement apprendre. Ils avaient fait preuve d’une fidélité et d’une patience remarquables. En outre, je l’avoue, j’avais hâte de relater ce que nous avions découvert sous terre. Sans plus attendre, je me levai donc et fis signe à Pernelle de m’accompagner. Ensemble, nous nous rendîmes près de l’autel, au centre du temple. Guillot, sans doute convaincu qu’il méritait de partager notre gloire, fit mine de se mettre debout, mais un regard sombre de mon amie lui fit comprendre que sa contribution n’était pas requise. Il s’immobilisa à mi-chemin et, l’air renfrogné, reposa son considérable séant sur son fauteuil.
    —    Mes frères, dis-je sans préambule, la seconde part de la Vérité est de retour dans le temple.
    Je relatai notre descente dans le puits, la façon dont nous étions entrés dans la cathédrale. Puis je décrivis de mon mieux les colonnes, les arcs, les voûtes, les bas-reliefs, les fausses fenêtres, essayant de donner une idée juste de ce lieu magnifique, même si mes mots n’y suffisaient pas. J’expliquai les pièges qu’il recelait, et que nous n’avions évité que grâce à la science et à l’intelligence de Pernelle. J’insistai avec force détails sur les statues des saints et les fosses remplies de vitriol.
    —    N’oublie pas l’abnégation de Guillot, m’interrompit mon amie avec un sourire entendu. S’il n’avait pas si généreusement sacrifié ses sandales pour se chauffer la plante des pieds, nous ne serions pas là pour raconter nos aventures ! Et puis, il faut bien l’admettre, il n’est pas tout à fait bête non plus.
    Le visage du moine devint cramoisi lorsque les autres, avisant ses pieds nus, s’esclaffèrent de bon cœur. Il jeta un regard noir à mon amie, qui gloussa de plaisir.
    Mon récit aboutit à l’autel sis dans le chœur, et à la statue de Ieschoua, surmontée d’un crucifix inversé. Lorsque vint le temps de raconter la découverte de la cassette, j’expliquai comment Pernelle avait réussi à comprendre le mécanisme qui l’avait fermée et à déjouer le piège qu’elle contenait. Puis je brandis l’enveloppe en cuir et le tube.
    —    Elle renfermait ceci, dis-je.
    Je sortis les documents et fis d’abord lecture de la note laissée dans la cassette par Baroche.
    —    Nos soupçons se confirment, alors, dit le vieux Gisors, abasourdi. Il a bel et bien déposé les documents dans la cathédrale dont tu parles avant de revenir dans le temple pour se jeter dans la fosse et y mourir. Cet homme avait plus de courage que moi !
    Guillot se racla la gorge pour attirer notre attention.
    —    Sinon, que le temple et les mots sacrés lui servent de refuge dans l’ombre du roi, récita-t-il, perplexe. Que voulait-il dire par là ?
    En relisant la note, la même question m’avait traversé la cervelle, moi aussi, mais je n’avais aucune réponse à offrir. Et puis, nous détenions la Vérité. Le reste était sans importance.
    —    Par le cul du diable, moine ! s’exclama Thury, en colère. Faut-il vraiment que tu tombes dans tes ennuyeuses arguties alors que nous avons enfin la Vérité en mains ? Tais-toi ou je te fais manger page par page chacun de tes précieux livres !
    —    Tais-toi. Tais-toi. Personne ne respecte le pauvre moine. Pourtant, sans ma science, nous serions encore ici à nous arracher les cheveux, maugréa Guillot avant de s’enfermer une fois de plus dans un silence boudeur.
    Je déposai la lettre de Baroche sur l’autel et déroulai celle que Joseph d’Arimathie avait adressée à son compagnon Thaddée, plus de mille ans auparavant. Je mis la version originale en ara-méen sur l’autel et entamai la lecture de la traduction qu’un copiste inconnu avait réalisée voilà longtemps. Je n’avais franchi que les premières lignes lorsque le vieux Jehan se leva péniblement, traversa le temple d’un pas hésitant pour venir me rejoindre et tendit deux mains à la peau translucide et couverte de taches de vieillesse vers le parchemin. Je m’interrompis et le fixai.
    —    J’aimerais les toucher, implora-t-il.
    Je lui remis les papiers, qu’il accueillit avec un respect infini pour les scruter. Puis, avec la même prudence, il inspecta les originaux en araméen.
    —    Par

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