Lettres - Tome II
réclameront le même traitement avec d’autant plus de vivacité qu’elles seront plus faibles. J’ai assez de confiance dans votre activité, pour être sûr que vous n’oublierez rien afin de préserver les habitants de Juliopolis de toute injustice. Mais si quelqu’un viole mes instructions, qu’on le réprime aussitôt ; dans le cas où la faute serait trop grave pour recevoir sur place une punition suffisante, si le coupable est soldat, vous informerez son général des faits découverts, s’il doit venir à Rome, vous m’en aviserez par lettre.
LXXIX. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Consultation sur la loi Pompeia.
Il est interdit, seigneur, par la loi Pompéia, donnée aux Bithyniens, d’exercer aucune magistrature et d’entrer au sénat avant trente ans. La même loi prescrit que ceux qui auront exercé une magistrature, entrent au sénat. Puis est venu un édit du divin Auguste, qui permit d’exercer les magistratures inférieures dès l’âge de vingt-cinq ans. On demande donc si celui qui a été magistrat avant trente ans, peut être admis par les censeurs dans le sénat, et, au cas qu’il le puisse, si ceux-là aussi, qui n’ont pas été magistrats, pourraient, par la même interprétation de la loi, être admis au sénat, dès l’âge où il leur est possible d’exercer une magistrature. C’est d’ailleurs, dit-on, une pratique courante jusqu’ici et même une nécessité, car il est préférable d’admettre dans la curie des jeunes gens de bonne famille plutôt que des plébéiens. Les censeurs nouvellement élus m’ayant demandé mon avis, j’ai pensé que ceux qui ont été magistrats avant trente ans pouvaient entrer au sénat, en vertu à la fois de l’édit d’Auguste et de la loi Pompéia, puisque Auguste permettait d’exercer une magistrature avant trente ans et que la loi accordait l’entrée au sénat à celui qui avait été magistrat. Mais pour ceux qui n’ont pas été magistrats, tout en ayant l’âge de ceux qui l’ont été, j’hésite beaucoup. C’est pourquoi, seigneur, je vous consulte sur la règle que vous voulez que je suive. Je joins à cette lettre les titres de la loi et l’édit d’Auguste.
LXXX. – TRAJAN À PLINE.
Réponse négative.
Je m’associe, mon très cher Secundus, à votre interprétation et je pense que le décret du divin Auguste a modifié la loi Pompéia, en permettant d’exercer une magistrature à ceux qui n’ont pas moins de vingt-cinq ans, et à ceux qui l’ont exercée, d’entrer au sénat de chaque ville. Mais je ne suis pas d’avis que, sans avoir été magistrats, ceux qui ont moins de trente ans, sous prétexte qu’ils peuvent l’être, soient admis dans le sénat de chaque pays.
LXXXI. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Pline soumet un doute.
Pendant qu’à Pruse, près du mont Olympe, seigneur, j’expédiais quelques affaires dans la maison où je logeais, me disposant à partir le jour même, le magistrat Asclépiade m’informa que Claudius Eumolpus faisait appel à ma justice. Cocceianus Dion voulait dans le sénat de cette ville faire recevoir un ouvrage, dont il avait été chargé ; alors Eumolpus, soutenu par Flavius Archippus, dit qu’il fallait demander compte à Dion de l’ouvrage, avant de le livrer à l’état, parce qu’il l’avait exécuté autrement qu’il ne devait. Il ajouta que dans ce même monument on avait placé votre statue et enterré les corps de la femme et du fils de Dion. Il me demanda d’entendre l’affaire à mon tribunal. Je répondis que j’étais tout prêt et que je différerais mon départ. Alors il me pria d’accorder un délai plus long pour instruire la cause, et de la juger dans une autre ville. J’indiquai Nicée. Là, à peine avais-je pris place pour entendre l’affaire que le même Eumolpus, sous prétexte qu’il n’était pas encore prêt, demanda un sursis ; Dion, au contraire, insistait pour être entendu. On parla beaucoup de part et d’autre, même sur le fond. Moi, estimant qu’il fallait accorder le sursis et vous consulter sur une question qui pouvait servir de précédent, je dis aux deux parties de mettre par écrit leurs requêtes. Je voulais en effet que vous pussiez juger d’après leurs propres termes des raisons qu’ils alléguaient. Dion dit qu’il donnerait son mémoire ; Eumolpus répondit qu’il exposerait dans le sien ce qu’il demandait pour l’état ; que du reste, pour les
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