L'Héritage des Templiers
occupé de l’un des destinataires. » Effectivement. Et qu’avait-il ajouté ? « Et je m’occuperai bientôt de l’autre. » Sa mère était en danger. Ils l’étaient tous, mais il n’y avait pas grand-chose à faire. Prévenir la police ? Personne ne les croirait. L’abbaye suscitait le respect et pas un frère templier ne dénigrerait l’ordre. Tout ce que l’on découvrirait, ce serait un monastère tranquille qui se consacrait à Dieu. Les dispositions seraient prises pour dissimuler tout ce qui avait trait à l’ordre et nul dans l’abbaye ne manquerait à son devoir de réserve.
Il en avait la certitude.
Non, ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.
Malone attendit le retour de Mark dans le jardin du calvaire. Il avait préféré respecter sa solitude, comprenant parfaitement combien le jeune homme devait être perturbé par les événements auxquels il était confronté. Il n’avait que dix ans lorsque son père était décédé, mais le chagrin qu’il éprouvait à l’idée de ne jamais le revoir ne s’était jamais effacé. Contrairement à Mark, il n’avait aucune tombe sur laquelle se recueillir. Son père reposait au fin fond de l’Atlantique nord dans l’épave fracassée d’un sous-marin. Il avait un jour essayé d’en savoir davantage sur ce qui s’était passé, mais le dossier concernant l’accident était classé secret défense.
Son père aimait la Marine et les États-Unis ; c’était un patriote qui s’était sacrifié pour son pays. Cette certitude faisait la fierté de Malone. Mark Nelle avait eu la chance de pouvoir côtoyer son père pendant de longues années. Ils avaient appris à se connaître et partagé des expériences. Mais à bien des égards, Mark et lui se ressemblaient : leurs pères respectifs s’étaient consacrés corps et âme à leur travail. Et il n’existait aucune explication satisfaisante de leur décès.
Debout près du calvaire, Malone observait les files de touristes entrer et sortir du cimetière. Il remarqua enfin Mark derrière un groupe de Japonais.
« C’était pénible, expliqua le jeune homme. Il me manque.
— Votre mère et vous allez devoir trouver un terrain d’entente, insista Malone, reprenant la conversation là où ils l’avaient laissée.
— J’éprouve beaucoup d’animosité à son égard et revoir la tombe de mon père n’a fait que la raviver.
— Mais elle a un cœur, bien à l’abri derrière sa carapace, certes, mais un cœur quand même.
— Vous la connaissez bien, on dirait, dit Mark avec un sourire.
— J’ai de l’expérience.
— Pour l’instant nous devons nous concentrer sur les projets du maître.
— L’esquive, ça vous connaît tous les deux.
— C’est génétique.
— Il est onze heures trente, annonça Malone. Il faut que j’y aille. Je veux rendre visite à Cassiopée Vitt avant la tombée de la nuit.
— Je vais vous dessiner un plan. Ce n’est pas loin d’ici. »
Ils quittèrent le calvaire pour aller vers la rue principale. À une trentaine de mètres de là, Malone repéra un homme au physique râblé, aux traits taillés à la serpe ; les mains dans les poches de sa veste en cuir, il marchait droit vers l’église.
« Nous avons de la compagnie », annonça-t-il en posant la main sur l’épaule de Mark.
Le jeune homme suivit son regard et, à son tour, reconnut de Rochefort.
Malone évalua rapidement la situation ; il venait de repérer trois des acolytes du maître templier. Il s’adressa à Mark : « Que proposez-vous ?
— Suivez-moi », répondit Mark en partant vers l’église.
Royce Claridon entra dans la pièce. « Où étiez-vous passé ? lui lança Stéphanie en faisant signe à Geoffrey de baisser son arme.
— Ils m’ont enlevé au palais des Papes hier soir et m’ont amené ici en voiture. Ils m’ont retenu dans un appartement, à deux rues d’ici, mais j’ai réussi à leur échapper il y a quelques minutes.
— Combien de moines se trouvent-ils dans le village ? demanda Geoffrey.
— Qui êtes-vous ?
— Il s’appelle Geoffrey, expliqua Stéphanie en espérant que le jeune homme comprendrait qu’il valait mieux rester discret.
— Combien de moines ?
— Quatre. »
Stéphanie jeta un coup d’œil par la fenêtre de la cuisine. La rue était déserte. Mais elle s’inquiétait pour Mark et Malone. « Où sont-ils ?
— Je l’ignore. Je les ai entendus dire que vous
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