L'Héritage des Templiers

qui le bombardait de questions. Il était trop curieux pour quelqu’un qui venait de frôler la mort.
    « Au palais, hier soir, avons-nous croisé le chemin de Cassiopée Vitt, “l’Ingénieur” mentionné dans la lettre adressée à Ernst Scoville ? demanda Stéphanie.
    — Je suppose, oui. Le diable en jupons.
    — Elle nous a certainement sauvé la vie à tous.
    — Vraiment ? Elle s’est mêlée de ce qui ne la regardait pas, comme elle le faisait avec Lars.
    — Vous lui devez d’être en vie.
    — Non, madame. Je suis en vie parce qu’ils ont besoin de renseignements.
    — Je me demande vraiment ce que vous faites ici, intervint Geoffrey, toujours appuyé à la fenêtre. Échapper à de Rochefort n’est pas chose aisée.
    — Vous y êtes bien arrivé, vous.
    — Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
    — Ils ont parlé de vous et de Mark. Il y a apparemment eu des coups de feu. Des moines ont été blessés. Ils sont en colère.
    — Ont-ils précisé qu’ils avaient tenté de nous tuer ? »
    Un silence gêné s’installa.
    « Royce, que peuvent-ils vouloir d’autre ?
    — Tout ce que je sais, c’est que deux ouvrages ont disparu des archives. Ils y ont fait allusion.
    — Vous venez de dire il y a un instant que vous n’aviez aucune idée de la raison pour laquelle ils recherchaient le fils de Mme Nelle, s’écria Geoffrey, méfiant.
    — C’est la vérité. Mais je sais qu’ils veulent récupérer les deux livres. »
    Stéphanie jeta un coup d’œil à Geoffrey, impassible. Si Mark et lui étaient réellement en possession des livres que recherchait de Rochefort, il n’en laissait rien paraître.
    « Hier, reprit Claridon, vous m’avez montré le journal de Lars et le livre…
    — Que de Rochefort nous a dérobés.
    — Non, Cassiopée Vitt s’en est emparée la nuit dernière. »
    Décidément, Claridon en savait beaucoup pour quelqu’un que ses geôliers étaient censés avoir ignoré.
    « De Rochefort doit donc la retrouver. Nous aussi.
    — Il semblerait, madame, que l’un des livres que Mark a subtilisés dans les archives contienne lui aussi un cryptogramme. De Rochefort veut récupérer ce volume.
    — Encore une information entendue par hasard ?
    — Oui, ils me croyaient endormi, mais je les écoutais. Un maréchal de l’ordre du temps de Saunière a découvert le cryptogramme et l’a consigné dans son compte rendu.
    — Nous n’avons pas les livres, dit Geoffrey.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Nous n’avons pas les livres. Nous avons quitté l’abbaye précipitamment sans rien emporter.
    — Vous mentez, s’exclama Claridon en se levant.
    — Quelle audace ! Pouvez-vous prouver ce que vous avancez ?
    — Vous êtes membre de l’ordre, un soldat du Christ. Un templier. Le serment que vous avez prêté devrait vous empêcher de mentir.
    — Et qu’est-ce qui vous en empêche, vous ?
    — Je ne mens pas. J’ai vécu un calvaire. Je me suis caché dans un asile pendant cinq ans pour échapper aux Templiers. Savez-vous ce qu’ils avaient l’intention de me faire ? De m’enduire les pieds de graisse avant de les exposer à des braises chauffées à blanc jusqu’à ce que ma peau se détache de l’os.
    — Nous n’avons pas les livres. De Rochefort poursuit une chimère.
    — Mais c’est faux. Les deux moines blessés ont déclaré que Mark portait un sac à dos. »
    Stéphanie dressa l’oreille à ces mots.
    « Et comment pouvez-vous connaître ce détail ? » Geoffrey avait eu la même réaction.
     
    De Rochefort entra dans l’église, suivi de son assistant. Le maître descendit l’allée principale et pénétra dans la sacristie. Il fallait bien qu’il reconnaisse à Mark Nelle ce mérite : rares étaient ceux qui connaissaient l’existence de la pièce secrète. Aucune visite guidée n’y faisait étape et seuls les fanatiques de Rennes-le-Château auraient pu imaginer ce genre de détail. Il trouvait bizarre que les exploitants du domaine n’essaient pas de tirer profit de l’apport de Saunière à l’architecture de l’église – les cachettes ajoutaient toujours au mystère d’un lieu –, mais ce n’était pas le seul élément concernant l’église, la ville et l’histoire de l’abbé qui défiait l’entendement.
    « Quand vous êtes entré tout à l’heure, cette porte était-elle ouverte ?
    — Fermée, maître, répondit le moine en secouant la tête.
    — Que personne