L'Héritage des Templiers
AGRÉABLE.
« C’est Cassiopée Vitt qui finance tout ça de sa poche ? s’étonna Malone.
— L’histoire médiévale est l’une de ses passions, dit Mark. Elle avait une certaine réputation à l’université de Toulouse. »
Malone avait décidé que l’approche directe serait la plus appropriée. Vitt se doutait certainement qu’il finirait par la localiser.
« Où vit-elle ?
— Son château est par là-bas, dit Mark en désignant l’est où les chênes et les ormes formaient une voûte de branchage au-dessus d’un autre sentier.
— Ce sont les voitures des touristes ?
— Ils organisent des visites guidées du chantier pour récolter des fonds. J’y ai participé il y a des années, au début du projet. Ce qu’elle fait est impressionnant.
— Allons saluer notre hôtesse », s’exclama Malone en se dirigeant vers la demeure de Cassiopée Vitt.
Ils marchèrent en silence. Au loin, sur la pente raide d’une colline, Malone aperçut une tour en ruines aux pierres jaunies par le lichen. L’air immobile était sec et chaud. De la bruyère, des genêts et autres fleurs des champs tapissaient le talus. Malone s’imagina le cliquetis des armes et les cris qui devaient résonner des siècles plus tôt à travers la vallée alors que ses habitants s’en disputaient le contrôle. Une bande de corbeaux passa au-dessus d’eux en croassant.
À une trentaine de mètres se dressait le château, niché dans une cuvette qui en garantissait l’isolement. La brique et la pierre dessinaient des motifs symétriques sur le bâtiment de quatre étages flanqué de deux tourelles couronnées de lierre et surmontées d’un toit pentu. La façade était rongée par la vigne vierge comme le fer par la rouille. Les vestiges de douves, aujourd’hui recouvertes d’herbe et de feuilles, l’encerclaient sur trois côtés. Des arbres graciles s’élevaient à l’arrière et des haies de buis taillé montaient la garde devant le soubassement.
« Ça, c’est une maison ! s’écria Malone.
— Elle date du XVI e siècle, expliqua Mark. Cassiopée Vitt est propriétaire du château et du site archéologique voisin. Elle l’a baptisé Royal Champagne en hommage à l’un des régiments de l’armée de Louis XV. »
Deux véhicules étaient garés devant l’entrée. L’un des derniers modèles Bentley Continental GT qui, selon Malone, devait coûter la bagatelle de 160 000 dollars, et un roadster Porsche, bon marché par comparaison. Il y avait également une moto dont Malone s’approcha pour examiner le pneu arrière et le pot d’échappement. Le chrome était rayé.
Il savait exactement comment cela s’était produit.
« C’est là que ma balle l’a touchée.
— Exactement, monsieur Malone. »
Il se retourna. La voix distinguée provenait du portique. Debout devant la porte d’entrée ouverte, se tenait une femme, grande et mince comme une liane, dont la chevelure auburn lui tombait aux épaules. La félinité de ses traits, les fins sourcils, les pommettes saillantes, le nez épaté, étaient évocateurs des déesses égyptiennes. Elle avait la peau couleur acajou et portait un débardeur à col en V qui dévoilait ses épaules musclées et une jupe de soie à motif safari qui s’arrêtait aux genoux. À ses pieds, des sandales de cuir. Une tenue décontractée mais élégante, qui aurait pu convenir pour une balade sur les Champs-Élysées.
« Je vous attendais », lança-t-elle en adressant un sourire à Malone. Leurs regards se croisèrent et il lut de la détermination dans ses yeux de jais, profonds comme l’océan.
« C’est intéressant parce que j’ai décidé de passer vous voir il y a une heure à peine.
— Oh, monsieur Malone, je suis persuadée d’être en tête de vos priorités depuis deux jours au moins, lorsque vous avez tiré sur ma moto.
— Pourquoi m’avoir enfermé dans la tour Magdala ?
— J’espérais en profiter pour m’enfuir tranquillement. Mais vous vous en êtes tiré bien facilement.
— Pourquoi m’avoir tiré dessus ?
— Vous n’auriez rien appris de l’homme que vous aviez agressé. »
Il remarqua le ton mélodieux de sa voix, qui se voulait désarmant, sans doute. « Peut-être n’aviez-vous pas envie que je lui parle ? De toute façon, merci de m’avoir sauvé la vie à Copenhague.
— Vous auriez trouvé moyen de vous en sortir tout seul, fit-elle, minimisant son rôle. J’ai simplement
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