L'Héritage des Templiers

mort ?
    — “Les soldats du Christ combattent en pleine sécurité les combats de leur Seigneur, car ils n’ont point à craindre d’offenser Dieu en tuant un ennemi et ils ne courent aucun danger s’ils sont tués eux-mêmes…”
    — Il s’est jeté dans le vide.
    — “… puisque c’est pour Jésus-Christ qu’ils donnent ou reçoivent le coup de la mort, et que non seulement ils n’offensent point Dieu, mais encore ils s’acquièrent une grande gloire.”
    — Vous n’êtes pas très doué pour répondre aux questions.
    — Je me contentais de citer les mots rédigés par le grand théologien Bernard de Clairvaux il y a huit siècles.
    — Qui êtes-vous ?
    — Appelez-moi Bernard.
    — Que voulez-vous ?
    — Deux choses. D’abord, le livre qui nous a échappé à tous les deux au cours de l’enchère. Je reconnais volontiers que vous n’y pouvez pas grand-chose. La seconde, en revanche, est en votre possession. Elle vous a été envoyée il y a un mois. »
    Stéphanie resta de marbre. Cet homme était parfaitement renseigné. « Et de quel objet parlez-vous ?
    — Ah, un test, histoire d’évaluer ma crédibilité. Très bien. Le paquet que vous avez reçu contenait un journal intime ayant autrefois appartenu à votre époux – un carnet de notes personnelles prises jusqu’au moment de sa mort. Le test est-il concluant ? »
    Stéphanie resta muette.
    « Il me faut ce journal.
    — Pourquoi y tenez-vous autant ?
    — Votre époux passait pour quelqu’un de bizarre aux yeux de beaucoup. On le trouvait spécial. Un peu hippie sur les bords. Le milieu universitaire le méprisait et la presse le tournait en dérision. Mais pour moi, c’était un génie, capable de repérer des détails que les autres ignoraient. On lui doit tant ! L’engouement actuel pour Rennes-le-Château, par exemple. Il a été le premier à ouvrir les yeux du public sur les mystères de la région. Cinq millions d’exemplaires de son premier livre vendus dans le monde. Une belle réussite.
    — Mon mari a vendu quantité de livres.
    — Il est l’auteur de quatorze ouvrages, si je ne m’abuse, mais aucun n’a eu la portée du premier, Le Trésor de Rennes-le-Château. Grâce à lui, des centaines de volumes sont aujourd’hui publiés sur le sujet.
    — Qu’est-ce qui vous fait croire que je suis en possession de son journal intime ?
    — Nous savons tous les deux qu’il serait en ce moment entre mes mains sans l’intervention d’un certain Cotton Malone. Un de vos anciens collaborateurs, je crois.
    — Ah bon ? ironisa Stéphanie.
    — Vous êtes fonctionnaire, détachée au ministère de la Justice américain et dirigez un groupe baptisé l’unité Magellan. Douze avocats sélectionnés par vos soins dont vous supervisez seule le travail et qui gèrent, comment dirais-je… les affaires “sensibles”. Cotton Malone, qui a travaillé pour vous un certain nombre d’années avant de prendre sa retraite l’an passé, est aujourd’hui propriétaire d’une librairie à Copenhague. Sans l’intervention ratée de mon associé, vous auriez partagé un déjeuner léger avec M. Malone avant de lui dire au revoir et d’assister à la vente aux enchères, véritable but de votre visite au Danemark. »
    Les masques tombaient. « Pour qui travaillez-vous ?
    — Pour mon propre compte.
    — J’en doute.
    — Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
    — Mes années d’expérience.
    — Le carnet, je vous prie, lança l’inconnu avec un sourire qui horripila Stéphanie.
    — Je ne l’ai pas. Après l’incident de tout à l’heure, j’ai pensé qu’il valait mieux le garder en lieu sûr.
    — C’est Peter Hansen qui l’a ? »
    Elle ne répondit pas.
    « Non. J’imagine que vous n’avouerez rien.
    — Je crois que nous n’avons plus rien à nous dire », dit-elle en quittant précipitamment la chapelle.
    À sa droite, vers l’entrée principale, elle aperçut deux hommes aux cheveux courts, pas ceux de tout à l’heure, mais elle sut immédiatement pour qui ils travaillaient.
    Elle se retourna pour jeter un coup d’œil à l’homme se faisant appeler Bernard.
    « Comme mon associé aujourd’hui à la Tour ronde, vous êtes coincée.
    — Allez vous faire voir. »
    Elle bifurqua sur la gauche et s’enfonça un peu plus dans les profondeurs de la cathédrale.

6
     
    Malone évalua la situation. Il se trouvait dans un lieu public jouxtant une rue qui