L'Héritage des Templiers

conçut une certaine inquiétude.
    Il ralentit et se prépara à faire feu.
     
    Stéphanie se raidit. Bernard se trouvait à quelques mètres d’elle.
    « Je sais que vous êtes là, dit l’homme d’une voix caverneuse, rauque. Votre sauveur est arrivé, je n’ai pas le temps de m’occuper de vous. Vous savez ce que je veux. Nous nous reverrons. »
    L’idée ne lui disait rien qui vaille.
    « Votre mari n’était pas raisonnable, lui non plus. Je lui ai fait une proposition identique concernant son journal il y a onze ans et il l’a déclinée, lui aussi. »
    Elle fut piquée au vif par ces paroles. Elle aurait dû garder le silence, elle en était consciente, mais c’était impossible. C’en était trop. « Que savez-vous de mon mari ?
    — J’en sais suffisamment. Restons-en là. »
    L’inconnu s’éloigna.
     
    Malone vit l’inconnu à la veste de cuir sortir de la chapelle.
    « Arrêtez ! » ordonna-t-il.
    L’inconnu se retourna en braquant son arme vers lui.
    Malone plongea dans l’escalier menant à une salle latérale et roula au bas des marches.
    Trois balles ricochèrent sur le mur au-dessus de sa tête.
    Malone remonta l’escalier en courant, prêt à riposter, mais l’homme à la veste de cuir, qui le devançait d’une trentaine de mètres, disparut au fond de l’église en courant.
    Malone se leva et se mit à courir à son tour.
    « Stéphanie, lança-t-il.
    — Je suis là, Cotton. »
    Son ancienne patronne apparut au fond de la chapelle. Elle se dirigea vers lui, calme, le visage figé. Des sirènes retentirent.
    « Je suggère que nous fichions le camp d’ici, dit Malone. Les questions ne vont pas manquer et je sens que vous n’aurez envie de répondre à aucune d’entre elles.
    — Vous voyez juste. »
    Malone s’apprêtait à lui suggérer de sortir par l’une des issues latérales quand les portes de l’entrée principale s’ouvrirent et des policiers en civil envahirent la cathédrale. Ils remarquèrent immédiatement l’arme que tenait toujours Malone.
    Les policiers s’immobilisèrent, pistolets braqués sur Malone et Stéphanie.
    Les deux amis se figèrent.
    « Ned p å kn æ . Nu 1  ! ordonna la police.
    — Que veulent-ils que l’on fasse ? demanda Stéphanie.
    — Rien de bon », répondit Malone en lâchant son Beretta et en s’agenouillant.

7
     
    Devant la cathédrale, Raymond de Rochefort assistait au déroulement des événements, à l’écart de la foule des curieux. Ses comparses et lui s’étaient enfoncés dans l’ombre que jetaient les arbres touffus face à l’esplanade de la cathédrale. Il avait réussi à sortir de l’édifice par une porte latérale et à s’éclipser avant que la police ne s’y engouffre. Personne n’avait semblé le remarquer. Dans l’immédiat, les autorités allaient se concentrer sur Stéphanie Nelle et Cotton Malone. Il s’écoulerait un certain temps avant que les témoins ne donnent la description des trois hommes armés. Il était habitué à ce genre de situation et savait que c’était en gardant la tête froide que l’on parvenait à s’imposer. Du calme, pensa-t-il. Ses hommes devaient croire qu’il maîtrisait la situation.
    Les gyrophares rouge et blanc des voitures de police balayaient la façade de brique de la cathédrale. Des renforts arrivèrent et de Rochefort s’étonna qu’une ville de la taille de Roskilde soit dotée de tels effectifs policiers. La foule affluait depuis la Grand-Place voisine. La situation devenait de plus en plus chaotique. Parfait. Le chaos lui avait toujours apporté une énorme liberté de mouvement, à condition de le maîtriser.
    Il se tourna vers les deux hommes qui l’accompagnaient dans la cathédrale. « Êtes-vous blessé ? » demanda-t-il à celui qui avait essuyé un coup de feu.
    L’homme releva sa veste et lui montra que le gilet pare-balles avait fait son œuvre. « C’est douloureux, c’est tout. »
    Il vit ses deux autres acolytes – ceux qu’il avait envoyés à la vente aux enchères – émerger de la foule. Ils lui avaient appris par radio que Stéphanie Nelle n’avait pas obtenu satisfaction. Il leur avait alors ordonné de la lui envoyer. Il avait cru pouvoir l’intimider sans doute, mais ses efforts étaient restés vains. Pire, il s’était fait remarquer. Cette erreur, il la devait à Cotton Malone. Ses hommes avaient repéré Malone à la vente aux enchères et il leur avait demandé de le retenir pendant