L'Héritage des Templiers
grouillait de monde. Des gens entraient et sortaient de la salle des ventes alors que d’autres attendaient qu’on leur amenât leur véhicule garé sur un parking voisin. De toute évidence, sa filature n’était pas passée inaperçue et il se maudit de ne pas avoir été plus vigilant. Mais il était confiant : contrairement aux menaces proférées, les deux hommes ne courraient pas le risque d’être démasqués. On essayait de lui mettre des bâtons dans les roues, pas de l’éliminer. On leur avait peut-être demandé de gagner du temps tandis qu’un troisième homme retrouvait Stéphanie à la cathédrale – quel que soit le but du rendez-vous qu’il lui avait fixé.
Il devait agir.
D’autres clients sortaient de la salle des ventes. L’un d’eux, un Danois dégingandé, possédait une librairie voisine de celle de Peter Hansen dans le Strøget. Un voiturier lui amena son véhicule.
« Vagn ! » s’exclama Malone en s’éloignant de l’homme qui lui braquait un revolver dans le dos.
Le libraire se retourna en entendant son nom.
« Cotton, comment vas-tu ? » L’homme avait posé sa question en danois.
Malone s’avança nonchalamment vers la voiture tandis que son agresseur aux cheveux ras fourrait son arme sous sa veste. Malone l’avait pris par surprise, ce qui confirmait ses soupçons : ces types étaient des amateurs. Il était prêt à parier qu’ils ne parlaient pas danois non plus.
« Ça te dérange de me ramener à Copenhague ?
— Pas du tout, nous avons de la place. Monte.
— J’apprécie le geste, fit Malone en ouvrant la portière. La personne avec qui je suis venu reste un peu et il faut que je rentre. »
En claquant la portière, il adressa un signe de la main aux deux hommes et lut de la confusion dans leurs yeux lorsque la voiture s’éloigna.
« Rien ne t’intéresse aujourd’hui ? demanda Vagn.
— Rien du tout, fit Malone en se tournant vers lui.
— Moi non plus. Nous avons décidé de rentrer et de dîner tôt. »
Malone lança un coup d’œil à la femme assise à côté de lui. Un autre homme avait pris place près du conducteur. Il ne les connaissait pas et se présenta. La voiture serpentait dans le dédale de ruelles en direction de la rocade.
Malone aperçut les deux clochers et le toit vert-de-gris de la cathédrale. « Vagn, tu peux me laisser descendre ? Je vais rester quelques minutes de plus.
— Tu es sûr ?
— Je viens de me rappeler que j’ai quelque chose à faire. »
Stéphanie longea la nef et s’enfonça encore dans les profondeurs de la cathédrale. Derrière les piliers monumentaux qui s’élevaient sur sa droite, le service religieux suivait son cours. Le claquement de ses talons sur le dallage était couvert par les notes puissantes de l’orgue. Un déambulatoire contournait l’autel principal et une série de murets et de monuments le séparaient du chœur.
Elle se retourna et vit l’inconnu qui se faisait appeler Bernard avancer nonchalamment vers elle ; ses deux comparses avaient disparu. Stéphanie s’aperçut qu’elle se retrouverait bientôt devant l’entrée principale de la cathédrale après avoir fait le tour du bâtiment. Pour la première fois, elle se rendait réellement compte du danger que couraient ses agents. Elle n’avait jamais travaillé sur le terrain – cela ne rentrait pas dans ses attributions – mais, en l’occurrence, elle n’était pas en mission officielle. Elle était venue régler une affaire personnelle et, officiellement, elle avait pris quelques jours de vacances. Personne ne savait qu’elle devait se rendre au Danemark – à part Cotton Malone. Compte tenu de la situation délicate dans laquelle elle se trouvait à l’heure actuelle, son anonymat commençait à poser problème.
Elle continua son chemin.
Son poursuivant resta à bonne distance, conscient que sa proie ne pouvait s’échapper. Elle passa devant un escalier de pierre qui menait à une autre chapelle latérale, en contrebas ; à une quinzaine de mètres devant elle, elle aperçut les deux hommes qui bloquaient la sortie. Bernard se rapprochait. À sa gauche se trouvait un autre sépulcre baptisé la chapelle des Mages.
Elle s’y réfugia.
Deux tombeaux de marbre, dans l’esprit des temples romains, reposaient entre des murs merveilleusement décorés. Une peur irraisonnée s’empara de Stéphanie lorsqu’elle se rendit compte de sa situation.
Elle était
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