L'histoire secrète des dalaï-lamas
Grande Chine incluant le Tibet comme vassal d’abord avant de l’annexer définitivement. Par ailleurs, son soutien officiel au septième dalaï-lama l’aidera à transférer l’enfant-réincarné en Chine, pour éviter qu’il ne tombe entre les mains de Tsewang Rabtan, nouvel homme fort des Mongols dzoungares, et qu’il ne soit assassiné. Devenu Grand Khân de l’Ili (Turkestan), la puissance de ce dernier paraît devoir égaler au moins celle de son oncle Galdan. Or, Kangxi va soutenir Rabtan dans son conflit armé contre Labsang, les deux hommes se vouant une haine farouche et le second ayant déjà essayé d’empoisonner le premier.
Le temps des doutes
Juillet 1717... Six mille hommes, sous le commandement de Tsering Döndrup, un moine de Tashilhunpo converti en général d’armée dzoungare, marchent sur Lhassa. Ses troupes défont les Qoshots sur le plateau du Changthang, puis reprennent leur progression. En octobre, ils entreprennent le siège de la capitale tibétaine.
À l’intérieur de la ville fortifiée, un autre Tibétain, Pholanay Sonam Topgyal, commandant militaire pro-Qoshot, organise la défense de Labsang Khan, de sa famille et du faux sixième dalaï-lama, réfugiés dans les derniers étages du Potala. Quoique affaibli par des problèmes d’approvisionnement, il repousse un premier assaut le 21 novembre.
Neuf jours plus tard, les Dzoungares s’infiltrent dans la capitale tibétaine, tuent les gardes et ouvrent les portes de la ville. Lhassa tombe une première fois. Shol, le petit village à flanc de la Colline rouge, est incendié, et le Potala investi. Pholanay est arrêté et emprisonné. Labsang est tué et le faux sixième dalaï-lama retenu en résidence surveillée : transféré à Pékin, il y mourra en 1725. Voici Tsewang Rabtan maître du Tibet.
À Lhassa, la situation reste explosive. Le chef dzoungare avait promis de ramener avec lui le septième dalaï-lama, retenu en Chine par Kangxi. Quand il s’est agi de récupérer l’enfant de neuf ans, ses hommes se sont heurtés à une forte garnison chinoise et ont dû battre en retraite. Lorsque la nouvelle court à Lhassa, la tension devient insupportable. Les Bonnets jaunes, qui avaient fait appel au khan, commencent à regretter leur choix et se retournent contre leurs anciens alliés. Il faut dire que les Dzoungares violent, tuent, pillent leurs monastères ; même le Potala a subi une razzia en règle. À Tashilhunpo, le cinquième panchen-lama lui aussi a dû défendre son monastère pris d’assaut par les hommes de Rabtan.
À Pékin, Kangxi suit l’évolution de la situation, pendant que Pholanay, jusqu’alors retiré dans ses terres, prépare le soulèvement anti-dzoungare et rentre à Lhassa, avec l’aval du cinquième panchen-lama. L’empereur, qui craint toujours de voir se reconstituer l’ancien empire mongol sous la houlette de Tsewang Rabtan, nomme alors son fils, âgé de quatorze ans, à la tête d’une puissante armée.
En 1718, deux colonnes avancent. L’une pénètre au Tibet par l’Amdo et le lac Kokonor, l’autre par la route de la soie qui passe par Tatsienlou, capitale des Marches tibétaines mi-chinoise, mi-tibétaine. Les troupes impériales soumettent Litang, Batang, Dergué et Chamdo et font leur jonction aux portes de Lhassa. La capitale tombe aux mains des Mandchous en octobre 1720. Tsewang Rabtan s’enfuit : il sera assassiné sept ans plus tard par des lamas tibétains qui voulaient se venger de la destruction de leurs monastères.
Lhassa est occupé par l’armée impériale chinoise. L’empereur nomme d’abord un gouverneur militaire : il va commander une garnison de deux mille hommes, laquelle stationnera en permanence dans la capitale tibétaine. Puis il rétablit un gouvernement composé de sept ministres, trois Mandchous, deux Mongols et trois Tibétains. Enfin, il ordonne que le septième dalaï-lama, âgé de douze ans, soit ramené de Chine et intronisé. C’est chose faite le 16 octobre 1720 dans le temple du Jokhang par le cinquième panchen-lama sous le nom de Kelsang Gyatso.
Nouveaux soubresauts
Les événements se bousculent, en Chine comme au Tibet.
Kangxi meurt le 22 décembre 1722. Son quatrième fils lui succède. Né le 13 décembre 1678 d’une concubine impériale, Yongzheng est âgé de quarante-quatre ans quand il monte sur le trône. Comme c’est l’usage, aidé par les eunuques il procède à la toilette funéraire de son
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