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L'histoire secrète des dalaï-lamas

L'histoire secrète des dalaï-lamas

Titel: L'histoire secrète des dalaï-lamas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilles van Grasdorff
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père, dont le corps est transporté dans la nuit au palais de Pékin, où, trois jours plus tard, seront accomplies les cérémonies funéraires.
    Sitôt au pouvoir, Yongzheng prend des mesures draconiennes pour éviter que n’éclatent des troubles dans son vaste empire, convoité par ses demi-frères du vivant même de leur père. Au Tibet, les Bonnets jaunes s’opposent aux Bonnets rouges et une énième guerre civile provoque, en 1727, une nouvelle intervention des armées impériales mandchoues, cette fois à la demande commune de Pholanay, devenu un héros à Lhassa, et du panchen-lama Lobsang Yeshé.
    La capitale étant occupée par l’armée impériale, une cour de justice va statuer sur le sort réservé aux traîtres et aux comploteurs : les lamas sont décapités, les ministres tranchés, selon la méthode de la mort en mille rouelles [117] . Enfin, un décret oblige le septième dalaï-lama et son père à se réfugier dans le Kham. Son exil va durer de 1728 à 1735, années durant lesquelles, loin de la vie politique, Kelsang Gyatso se consacrera à l’étude des textes sacrés et à l’écriture : il est incontestablement le plus érudit des quatorze dalaï-lamas.
    Pendant ce temps, à Lhassa, Pholanay, nouvel homme fort du Tibet, organise son gouvernement sous la très haute surveillance des Mandchous : l’armée d’occupation est commandée par un général en chef assisté de six officiers choisis au sein de grandes familles chinoises. Des ambans sont nommés dans trois lieux de résidence différents : le premier, à Lhassa ; le deuxième, à Shigatsé, la deuxième ville du pays ; le troisième, dans la région du Kokonor, contrôle l’axe Tatsienlou, Batang, Chamdo, Lhassa, c’est-à-dire la route de la soie empruntée par les caravanes, les mandarins [*] et les troupes impériales chinoises.
    Pholanay s’octroie, de 1728 à 1747, le poste de régent-Premier ministre, une première dans l’histoire du Tibet. Il est assisté de trois ministres nommés à vie : le premier est en charge des Domaines et des Impôts ; le second de la Justice ; le troisième de l’Administration intérieure. Les provinces tibétaines, l’Amdo, le Kham, l’Ü, le Tsang... sont organisées selon le modèle mandchou [118] .
     
    La question des traités
     
    Quand, le 16 octobre 1720, Kangxi fait introniser le septième dalaï-lama Kelsang Gyatso, aucun traité n’est signé entre les protagonistes, la Chine mandchoue et le nouveau gouvernement du Tibet. Cependant, l’empereur va faire graver un texte en chinois et en tibétain qui rappelle les liens indéfectibles unissant le Tibet des dalaï-lamas à l’empire de la dynastie Qing.
    Or, bien des siècles plus tôt, un autre événement avait marqué définitivement l’histoire de la Chine et du Tibet. Ce document est un décret impérial du 19 mai 707.
    Le Céleste Empire vivait alors sous la dynastie Tang et le règne de Zhongzhong [119] . Sa fille adoptive Kin Cheng devait épouser le futur roi du Tibet Tridé Tsukten [120] . L’empereur, Fils du Ciel, avait en effet refusé de donner, à celui qu’il considère comme un « vassal », la main d’une princesse de sang de premier rang.
    Bien sûr, Lhassa contesta aussitôt toute vassalité du royaume. Mais le papier exista. Et ce décret, édicté en 707 à Chang’an sous le règne de l’empereur Zhongzhong, renégocié à maintes reprises sous celui de Ruizong [121] , et finalisé sous celui de Xuanzong [122] , sera l’un des arguments et alibis utilisés par la Chine communiste pour s’approprier, en 1950, définitivement le Tibet.
    Et ce alors qu’au VIIIe siècle, Tridé Tsukten, devenu roi en son pays, avait réussi à maintenir les frontières du royaume tibétain aux portes de Turfan, Kucha, Khotan (repris par le Céleste Empire), d’Orkhon et d’Ili (Turkestan) – où les Turcs régnent en maîtres absolus –, de Tarim – alors aux mains des Ouïgours –, de l’Iran et des oasis de Sogdiane, des Perses de Tazig, des Indes – aux dynasties éclatées après l’invasion des Huns ephtalites dont les Tibétains connaissaient surtout les royaumes de Harsha, Kanaus, sur le cours supérieur du Gange –, et des Pagh du Bengale...
    Bien des siècles se sont écoulés depuis les empereurs de la dynastie Tang et depuis l’empereur Kangxi de la dynastie mandchoue des Qing. Pourtant, lorsqu’en 1913, le treizième dalaï-lama proclame l’indépendance du Tibet, Sun Yatsen

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