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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
Autoren: Christian Bernadac
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étaient les antichambres. Comme l’écrit le docteur Joseph Weil qui s’est attaché à étudier pour le Centre de documentation juive contemporaine les conditions d’internements des juifs dans les camps de « l’Anti-France » :
    — En partie pour des motifs avouables, le plus souvent pour des raisons inavouées, on a institué une conspiration du silence autour de cet épisode pénible de l’histoire récente de France. La terrible leçon de choses risque d’être perdue pour de nombreux Français, comme pour beaucoup d’autres qui ignorent ou aiment à ignorer cette tache faite sur le renom de la France, terre d’asile séculaire.
    — Aucune voix française autorisée ne s’est fait entendre pour exprimer aux victimes et à leurs familles les regrets de crimes auxquels la France fut frauduleusement associée et, élevant le débat, pour stigmatiser l’atteinte portée aux droits imprescriptibles de l’homme et du citoyen, condamner en bloc le système des camps de concentration contraires à la condition humaine, actualiser le principe de la liberté et de la dignité humaine, jadis partie intégrante et originale de la politique française. Le monde civilisé tout entier a souffert de ce silence. Dans tous les pays, on espérait cette voix de la France qui devait les libérer d’un cauchemar, symbolisé par les camps de concentration et de persécution politique antihumains, entrés dans les mœurs des gouvernements.
    — Peut-être ce message français, conforme à ce que le monde attendait de la France, eût-il plus puissamment rehaussé son autorité morale. On se libère, mais on libère aussi en donnant à la vérité l’occasion de se manifester concernant des événements graves, lors même que c’est contre son gré qu’on y fut mêlé.
    Je partage cette indignation du docteur Joseph Weil qui, le premier, a souligné le rôle des camps de concentration français. Mais puis-je lui faire part d’une autre indignation, qui est la mienne cette fois, devant son silence – mais oui, une autre conspiration de silence – sur les 30 000 tsiganes internés en France, dans des camps qu’il révèle et, le plus paradoxal, le plus surprenant, le plus indigne dans cette trahison française, c’est qu’en particulier, le rassemblement et l’internement des tsiganes suivront les instructions aux préfets publiées par le Journal Officiel le 6 avril 1940, alors que le maréchal Pétain ne réclamera l’armistice que le 17 juin. L’État français était en avance sur le Reich conquérant dans le traitement de la solution – provisoirement non finale – du problème tsigane.
    Si de nombreux camps étaient déjà prêts et tout d’abord ceux réservés aux Républicains espagnols qui eurent le privilège de les inaugurer, d’autres vont être rapidement créés ou aménagés. Dès la fin du mois d’août, vingt-six camps importants fonctionnent dans la zone sud et seize dans la zone nord. Une large centaine d’autres seront aménagés par la suite. Beaucoup ne sont même pas répertoriés en 1979, comme le camp de Moloy en Côte-d’Or qui ne comprenait que deux baraques – deux blocks – abritant cinquante à soixante tsiganes ou celui de Montsûrs en Mayenne improvisé dans une ferme désaffectée. Combien de Moloy ou de Montsûrs sur le territoire français à côté des grands camps comme Brens dans le Tarn qui comptait, le 20 novembre 1940, 3 000 internés, ou Bram dans l’Aude (même date), 3 000 « réfugiés » ; Agde dans l’Hérault, 3 060 ; Recebedou (Haute-Garonne), 300 ; Gurs (Basses-Pyrénées), 13 000 ; Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), 15 500 ; Chaux-d’Ane (Basses-Pyrénées), 100 ; Vernet (Ariège), 4 500 ; Les Mièles (Bouches-du-Rhône), 3 000 ; Septfonds (Tarn-et-Garonne), 1 000 ; Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard), 1 000 ; Rieucros (Lozère), 1 500 ; Carpiagne (Bouches-du-Rhône), 4 000 ; Sainte-Marthe (Bouches-du-Rhône), 4 000 ; Garrigues (Gard), Clairfonds (Haute-Garonne), Aigue-Blanche, Montaudran, Toulouse, Montélimar (Drôme), Mas-Boulbon (Gard), Miramas (Bouches-du-Rhône), Saint-Nicolas (Var), Langlade (Gard), dont les effectifs ne sont pas connus, ou Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), en construction. Mais aussi, très vite, Barcarès, Noë, Fréjus, Bompard, Les Monts, Tourelles, Tonnerre, Saint-Maurice, Seignelay, Saint-Florentin, Vermenton, Réare-les-Touches, Drancy, Beaune-la-Rolande, Pithiviers, Nexon,
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