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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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de lui, et je ferai le contre-interrogatoire sur les documents de ce matin. Ces documents ne peuvent pas être reproduits, en raison des marques bleues et rouges au crayon.
    — Je peux montrer des altérations à ce document, faites après le début du procès.
    Le Président. – Le tribunal prendra les documents sous sa garde.
    H. – Où ces documents ont-ils été pendant les deux années passées ?
    B. – Je les ai emportés avec moi à Treviso jusqu’à la fin d’avril 1945. Puis je les ai mis dans une malle confiée à ma famille, et c’est mon avocat qui les a apportés à Nuremberg. Les graphiques et les feuilles de cliniques proviennent de la malle, je les ai eu à Pâques ; les deux petits livres, je les ai depuis Noël.
    La discussion sur les feuilles de clinique se prolongera plusieurs jours. Convaincu de mensonge par les procureurs Hochwald et Hardy, l’accusé Beiglbock, au désespoir de son avocat Steinbauer, avouera avoir modifié notes et feuilles de cliniques avant le procès. « Comment après cela, pouvons-nous croire les témoignages favorables à l’accusé !… » marmonna l’un des procureurs en regagnant sa place.
    H. – Vous avez eu le moyen, docteur, de réfléchir à votre interrogatoire d’hier, au cours duquel vous avez dit au tribunal que vous aviez modifié vos notes sténographiques, ici, à Nuremberg. Êtes-vous prêt à dire pourquoi ces modifications vous ont paru nécessaires ?
    B. – J’ai fait ces modifications au retour de ces notes, après leur utilisation par le professeur Volhardt ; j’en ai éprouvé immédiatement du regret.
    — J’ai apporté ces changements, car cette description peut produire, sur une personne qui n’est pas au courant des signes cliniques de la soif, une impression plus forte que les faits réels ne le comportent.
    H. – Passons au sujet n° 40, j’ai pu déchiffrer son nom : Ferdinand Daniel : quel âge avait ce garçon ?
    B. – Seize ans, d’après ce qui est marqué ici.
    H. – Avez-vous eu le consentement de ses parents ?
    B. – J’ai déjà dit que je n’avais vu aucun parent, et je ne sais pas pourquoi il avait été déclaré asocial à cet âge.
    H. – La Luftwaffe avait-elle des garçons de seize ans ? Des pilotes ?
    B. – En 1944, il y avait beaucoup de garçons de quinze à dix-sept ans dans la défense anti-aérienne.
    H. – Il était très improbable qu’un garçon de cet âge se soit trouvé naufragé sur un radeau en mer, du fait de son service dans la Luftwaffe ?
    B. – Oui, mais du point de vue médical, on pouvait supposer qu’il supporterait mieux les expériences que des sujets plus âgés.
    *
*   *
    Wilhelm Beiglbock fut condamné à quinze ans de détention.
    Il m’a été impossible de découvrir le lieu de retraite qu’il choisit, après sa libération. Les questions que j’avais à lui poser ne concernaient pas l’expérimentation sur l’eau de mer ; je voulais simplement approfondir le témoignage du docteur Roche que vous allez lire et qui apporte la preuve que la « Société pour l’Héritage des Ancêtres » poursuivait ses recherches à quelques semaines de la liquidation totale des tsiganes d’Auschwitz.
    — Un « civil (179)  » accompagné d’un photographe militaire et d’une secrétaire suivit la phase préparatoire aux expériences sur l’eau de mer. Sa présence irrita, semble-t-il, fortement, au moins les premiers jours, le professeur Beiglbock qui lui refusa l’entrée de la baraque 1-4. Puis les choses s’arrangèrent. Le « civil » revint trois fois pendant le déroulement des expériences. À chaque visite il demanda après le « spécialiste des yeux ». Comme tout le monde l’appelait professeur – mais tous les Allemands sont ou docteur en quelque chose ou professeur de je ne sais quoi – je l’appelai « professeur ». En tout cas, il n’était pas médecin et il s’en glorifia même au cours de notre première conversation.
    — « Ces médecins sont les seuls à ne rien avoir compris à nos recherches… »
    — Pourquoi le cacher, mon civil-professeur n’était pas antipathique malgré sa suffisance. Une seule chose le passionnait dans la vie : les tsiganes. Et comme il avait en moi un auditeur attentif – pouvais-je, simple déporté, adopter une autre attitude ? – il était intarissable. Je vais essayer de résumer ses longs discours sans le trahir.
    — Spécialiste des tsiganes depuis une dizaine

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