L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
avaient déjà été enfermés. Je ne me suis pas préoccupé du tout de la question de leur asociabilité.
H. – Avez-vous dit aux sujets en quoi consistait le problème expérimental et ce qu’on devait en attendre ?
B. – Je ne pouvais pas leur dire ce qu’on devait en attendre, car je ne pouvais pas prophétiser les résultats. C’était tout le but de l’expérience.
H. – Voulez-vous dire que l’éthique scientifique est respectée dans une expérience sur un être humain qui ne possède aucune connaissance concrète des résultats possibles ?
B. – J’ai pu garantir à mes sujets que rien ne leur arriverait. C’était la chose la plus importante pour eux.
H. – Les avez-vous avertis d’un danger possible ?
B. – Je leur dis qu’ils auraient à endurer une soif intense, et qu’ils deviendraient probablement nerveux, car quiconque a soif s’énerve, et je leur dis que je serais près d’eux et les protégerais, en cas de danger.
H. – Leur avez-vous dit qu’ils pourraient arrêter l’expérience à leur gré ?
B. – Je leur dis qu’ils seraient soumis à la soif pendant quelques jours, mais je ne pouvais pas leur dire exactement pendant combien de temps, et j’ajoutai qu’ils n’auraient pas soif pendant une période plus longue que celle dont je pouvais prendre la responsabilité. Je leur dis que s’ils ne pouvaient pas l’endurer, ils devraient me le dire, et que je considérerais la question. Mais je ne leur dis pas, et je ne pouvais pas leur dire, que dès qu’ils auraient soif ils devaient venir me trouver, et que nous leur donnerions de l’eau, parce qu’après tout, il s’agissait d’une expérience sur la soif. Je sais que vous essayez de retenir ceci contre moi, la soif étant une des sensations les plus déplaisantes possibles, mais c’est l’accord que je passai avec eux.
H. – L’arrêt de l’expérience reposait entièrement sur vous ?
B. – Oui.
H. – Quelle récompense leur avez-vous offerte ?
B. – Je leur dis qu’ensuite on leur épargnerait la situation à laquelle ils étaient soumis, qu’ils viendraient me trouver en exprimant leurs désirs, et que je ferais mon possible ; de plus, avant et après les expériences, ils recevraient des rations supplémentaires. Ils se reposeraient avant et après, pendant trois semaines ; j’ai communiqué au commandant du camp tout désir qu’ils exprimaient, et j’ai reçu son approbation pour plusieurs de ces désirs.
— Très peu de sujets asociaux sont dangereux, c’est-à-dire, criminels ; je suis persuadé que la plupart, et peut-être aucun des sujets d’expériences, n’étaient dangereux. Je ne sais pas pourquoi ils avaient été inclus parmi les asociaux, ni pourquoi ces asociaux se trouvaient dans un camp de concentration. Si j’avais été trouver Himmler, en lui disant qu’il gardait injustement ces tsiganes, j’aurais été fusillé, tué, ou pour le moins enfermé dans un asile…
H. – Quels documents le professeur Volhardt a-t-il utilisés ?
B. – Les feuilles de clinique que vous avez.
H. – L’un de ces livres a-t-il une couverture noire ?
B. – Oui, c’est sur cette couverture que se trouvent les noms des sujets d’expériences.
Docteur Steinbauer. – Ces documents ont été remis à l’accusation, et je désire qu’ils me soient retournés ; je ne les ai pas introduits. Le professeur Volhardt n’a pas vu ces deux petits livres que j’ai montrés aux professeurs Alexander et Ivy, et j’objecte à leur utilisation contre mon client, tant qu’ils n’auront pas été présentés au tribunal.
H. – S’il plaît à Votre Honneur, l’accusation demande que ces documents soient pris par le tribunal, pour servir soit à l’accusation, soit à la défense. Ce sont les conditions réelles des expériences de Dachau, enregistrées par l’inculpé lui-même.
— À plusieurs endroits, il existe des altérations qui ont pu être faites à Dachau ou plus tard. L’accusation estime nécessaire que ces livres soient pris par le tribunal, et que si une étude en est nécessaire, soit par la défense, soit par l’accusation, elle ait lieu devant une commission du tribunal. Je désire utiliser aujourd’hui les documents pour contre-interroger l’inculpé Beiglbock. À cet effet, je demande au tribunal de bien vouloir venir jusqu’au premier rang de la défense : nous aurons trois microphones. Le défenseur de Beiglbock peut s’asseoir à côté
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