L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
jamais laisser les internés dans l’oisiveté. Il est indispensable de les occuper à des travaux utiles dont ils sont les premiers à bénéficier (aménagements intérieurs du camp, améliorations, etc.). Cette question de l’organisation du travail est des plus importantes. Il y a lieu de s’efforcer de trouver le moyen d’intéresser les nomades à leur travail en prenant toutes mesures propres pour les obliger à reconnaître d’eux-mêmes que le travail seul peut leur permettre d’arriver à une existence acceptable. Il ne faut pas se dissimuler que cette tâche est difficile et ingrate. Pendant longtemps les nomades essaieront de surprendre la bonne foi et la confiance de leurs surveillants et chercheront à exploiter toutes les occasions pour justifier ou motiver des sorties du camp (par exemple pour aller vendre le produit de leur industrie ou chercher ou reporter un travail commandé). Un peu de vigilance et d’attention permettront d’éviter cet écueil.
C’est précisément à ce moment que le responsable du camp devra être un guide en même temps qu’un chef. Il profitera de toutes les occasions pour faire sentir d’abord, comprendre ensuite à ses administrés qu’il connaît leurs besoins et recherche leur intérêt personnel tant qu’il est compatible avec l’intérêt de la collectivité.
Peu à peu il faut donner la certitude aux internés que s’ils obéissent de bon cœur, ils en retirent des avantages. À cet effet, s’armer de patience et ne jamais refuser un conseil demandé, examiner tous les cas qui se présentent et s’attacher à faire obtenir satisfaction à tous ceux qui présentent des requêtes acceptables ou bien fondées. Le chef prend une autorité incontestable dès qu’il parvient à faire aboutir ce que les nomades considèrent comme leurs droits ou leur dû, et qui parfois est fort long à leur être accordé normalement, et sans appui.
Dès lors, il a accepté la confiance de ses administrés, son autorité est acceptée. Il lui reste à la faire apprécier.
Pour cela, jamais il ne devra hésiter à rendre immédiatement les services qui lui seraient demandés dans la mesure compatible avec l’intérêt du service. Son intervention près des malades et l’intérêt qu’il portera aux enfants (en évitant de se laisser duper) auront certainement les meilleurs résultats. Tout en restant ferme et inflexible devant les fauteurs de trouble et de désordre, il peut et doit persuader et prouver aux nomades que toute vraie misère retient son attention et qu’il s’emploie utilement et efficacement à la soulager.
Ces trois stades demandent évidemment du temps ; mais lorsqu’ils auront été franchis, la besogne du chef ne sera pas terminée. Sa préoccupation constante aura été de prévoir et de préparer l’avenir, c’est-à-dire le moment de la libération. Éviter de remettre des révoltés en circulation est déjà un résultat. Il est incomplet. Dans l’intérêt général, il serait désirable que les nomades sortent du camp « améliorés ».
La tâche paraît impossible à première vue. Mais si le chef de camp a rempli la première partie de ses obligations morales et sociales, il ne doit et ne peut pas se décourager. Certes le manque d’instruction des nomades qui sont totalement illettrés dans la proportion de 98 %, leur atavisme, leurs traditions sont des obstacles formidables. Ils ne sont pas infranchissables.
Tout en étant un chef , un guide et un soutien , le responsable doit se convaincre que près des nomades il représente la loi et la société. Il peut leur faire comprendre peu à peu que la loi punit le coupable mais aussi protège le faible ; que la société exige souvent quelques légers sacrifices, mais qu’elle les rend très largement en donnant des garanties mêmes matérielles que les coutumes et la tradition des « tribus » ne leur a jamais procurées et une sécurité dont ils n’ont aucune idée.
Ce but, dont l’importance à venir n’est pas à démontrer, peut être atteint en suivant les directives ci-après :
1. Inculquer aux individus l’idée de la dignité personnelle.
a) Propreté corporelle (l’imposer) d’abord, la maintenir par la suite, au besoin l’exiger jusqu’à ce qu’elle devienne une habitude.
b) Mise décente. – Les habits peuvent être misérables tout en étant propres et raccommodés.
c) Attitude correcte vis-à-vis des autorités qui, elles-mêmes, se
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