L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes
Pologne. Tous les professeurs sans exception étaient des juifs choisis pour leurs connaissances linguistiques.
— Comme (48) il n’y avait pas d’eau, les fiévreux buvaient souvent de l’urine. On nous donnait la nourriture dans les baquets qui nous avaient servi à faire nos besoins. Ils étaient lavés avant.
— Les (49) femmes tsiganes qui vivaient ici n’hésitaient pas, pour obtenir une cigarette, à se laisser peloter en nous croisant dans les escaliers (block de quarantaine). Elle nous prodiguaient des œillades incendiaires. Au début cela eut un certain succès, elles récoltaient de-ci, de-là, un mégot, parfois même une cigarette. Au bout de quelque temps, les plus amoureux se lassèrent d’autant que ces dames qui œuvraient sous l’œil complaisant et bienveillant de leur homme, partageaient avec eux, en dignes épouses qui se respectent.
— Plusieurs (50) témoins, dont Benno Adolph, médecin S.S. et le docteur Hans Eisenschimmel, se rappellent avoir vu arriver des tsiganes allemands en uniforme de la Wehrmacht, certains portant des décorations. À un juge d’instruction israélien, Adolf Eichman, organisateur des convois R.S.H.A., a indiqué que jamais une seule intervention ne fut faite en leur faveur. De toute évidence, le préjugé contre eux était plus marqué encore que contre les juifs : on le sentait même chez les détenus d’Auschwitz.
— Fin (51) mars 1944, fut interné dans le camp un tsigane qui avait servi pendant cette guerre comme lieutenant dans l’armée allemande, du moins à en juger par ses papiers officiels et ses photographies. Il les montrait tous aux officiers supérieurs de la S.S., et ceux-ci lui permirent de parler en sa faveur aux autorités supérieures. Ce lieutenant apprit tout ce qui concerne les chambres à gaz et les fours crématoires. Quatre semaines plus tard, un colonel de la Wehrmacht se rendit au service compétent pour parler en faveur de ce lieutenant. Le rapporteur en chef S.S. Schilger n’a pas pu empêcher le lieutenant tsigane de faire état devant le colonel des incidents et des assassinats en masse qui avaient eu lieu à Auschwitz. C’est ce qui incita le colonel à adresser à l’officier supérieur S.S. la remarque suivante, faite en ma présence :
— « Après tout ce qui a eu lieu à Auschwitz, la tâche de la S.S. consistera à gagner cette guerre aussi rapidement que possible. Car nous pouvons être assurés qu’après tout ce qui s’est passé à Auschwitz, aucun Allemand ne demeurera vivant au cas où l’Allemagne perdrait cette guerre… »
— Un jour (52) , un médecin S.S. le docteur Bartzel, fut transféré à Birkenau. Au camp des tsiganes il tomba sur un détenu, le professeur Epstein, qui y exerçait la profession de médecin et qui demanda : « Je vous connais, comment vous appelez-vous ? » Epstein donna son nom et le S.S. s’exclama : « Mais vous êtes l’Epstein des enfants, j’ai étudié la pédiatrie chez vous à Prague. Non, ce qui se passe ici, ce n’est pas pour le fils de ma mère. » Après quoi il partit et on ne le revit jamais au camp.
Parfois un étrange gamin vient jouer quelques minutes avec les enfants tsiganes. Il a six ans. Il est allemand. Il est le fils du tout-puissant Lagerführer S.S. Schwarzhuber, celui-là même qui osa crier au commandant Rudolph Hoess : « Je ne me suis pas engagé dans la S.S. pour tuer les juifs. » Le petit garçon est probablement le seul enfant non détenu qui se promène dans Auschwitz. Il va chercher son père et il s’attarde. Une fois il n’est pas rentré à l’heure. On l’a cherché dans tout le camp sans trop s’inquiéter car ce jour-là aucun convoi n’était arrivé et les chambres à gaz n’avaient pas fonctionné. Il était bien sûr du côté des tsiganes.
Depuis ce jour, quand le fils du Lagerführer S.S. part à la recherche de son père dans le labyrinthe d’Auschwitz, sa mère lui attache au cou une pancarte qui, par précaution, est également sanglée par une lanière de cuir à son torse.
Elle porte ces simples mots : « Je suis le fils du Lagerführer Schwarzhuber » « pour qu’on ne le ramasse pas et hop ! dans la chambre à gaz », comme a raconté au procès de Francfort le témoin Baretzki.
— Je (53) jette un coup d’œil à travers les clôtures de barbelés. J’aperçois des enfants au teint hâlé qui courent et jouent tout nus. Des femmes au visage créole, aux vêtements de
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