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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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l’acquéreur devrait s’engager à détruire la hutte après l’éloignement des tsiganes, car il est prévu que les colonies tsiganes doivent totalement disparaître.
    — Puis le 16 décembre 1942, le Reichsführer S.S. Himmler ordonna l’internement de tous les métis tsiganes et des tsiganes « Rom » qui n’étaient pas « socialement adaptés » dans le camp de concentration d’Auschwitz. Ceci fut réalisé quatre mois plus tard dans notre propre commune.
    — Le 13 avril 1943, le préfet fit paraître à ce sujet l’édit suivant destiné aux maires :
    — « Jeudi 15 avril aura lieu une nouvelle expulsion des tsiganes. Il est probable qu’il ne restera plus que quelques familles et qu’ainsi la plupart des camps tsiganes seront tout à fait vidés.
    — « Il se pose maintenant la question de savoir ce qui doit se passer avec les logements de tsiganes devenus vides. Comme il s’agit, dans plusieurs cas, de huttes, il serait dommage de tout simplement les raser. Il est nécessaire d’examiner précisément ce qui va en advenir.
    — « Jusqu’à la résolution de cette question, j’interdis provisoirement de détruire les huttes tsiganes par le feu ou d’autre manière. Je vous donne la responsabilité de veiller à ce qu’il n’y ait pour l’instant aucun dégât. Si, par principe, mon point de vue est que les cabanes des tsiganes disparaissent totalement du paysage, j’estime néanmoins inadmissible de prendre des décisions précipitées… C’est pour cela que je me réserve la décision pour chaque cas particulier et que je vais notamment entrer en relation avec le chef de district de la N.S.D.A.P., en vue d’aboutir à un accord. »
    — À l’exception d’une seule maison, on rasa ensuite toutes les huttes de « Ciganyoavas », mais la fortune des déportés fut récupérée au profit de l’État allemand (40) .
    *
*   *
    Jour après jour.
    — Le camp (41) des gitans est très curieux. Sur l’espace qui occupe l’arrière de la baraque symétrique à la mienne, une jeune fille tient tous les matins école à des enfants des deux sexes. Nous les entendons réciter en allemand, chanter de leurs petites voix claires et les voyons danser des rondes enfantines. Ils sont vêtus d’oripeaux, mais chantent, dansent et rient de tout leur cœur d’enfants innocents. Je contemple souvent douloureusement ces redoutables ennemis de l’ordre national-socialiste. J’ai gardé le souvenir d’un des garçonnets, âgé de sept ou huit ans, qui danse avec des contorsions clownesques, avec un talent qui semble procéder en ligne directe de ses ancêtres bateleurs.
    — Pour nous (42) qui avons le cœur déchiré par la douleur de l’assassinat de nos familles et de nos êtres les plus chers, les tsiganes sont le prototype des gens heureux de ce monde. Leurs conditions générales de vie sont à peu près les mêmes que dans notre camp : suppression de toute liberté, défense de toute lecture, régime alimentaire presque identique. Mais par contre, un grand et immense avantage : les tsiganes vivent en famille.
    — À travers les fils de fer barbelés, nous les voyons évoluer hommes et femmes ensemble ; des enfants de tous les âges courent et jouent à cache-cache ; on leur a même construit un manège avec des chevaux de bois et des voitures ; une institutrice leur enseigne parfois le chant. Nous ne pouvons pas nous empêcher de jeter dans le Zigeuner-Lager des regards envieux, en nous disant : « Que ces gens sont heureux ! Si nous pouvions être comme eux avec nos femmes et nos enfants ; eux du moins, comme tout semble l’indiquer, vivront ainsi jusqu’à la fin de la guerre. Durant quelques mois la vie dans le « Zigeuner-Lager » s’écoule sans incident notable. Un jour, sans que rien le fasse prévoir, nous apprenons qu’on y a fait un « transport ». Les jeunes gens robustes ont été sélectionnés et envoyés personne ne sait où, dans un autre Lager.
    — Au (43) début, on les laissa libres de vivre à leur guise dans l’enceinte de leur camp ; ils ne furent pas rasés, conservèrent leurs affaires, ne travaillaient pas et vivaient en famille. Dans leur camp, ce n’étaient que jeux, danses et musique, mais comme ils vivaient tous pêle-mêle, hommes, femmes et enfants, qu’il n’y avait pas d’eau potable, pas possibilité de douches, ces dizaines de milliers d’êtres se trouvèrent bientôt au milieu des immondices et dans

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