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L'holocauste oublié

L'holocauste oublié

Titel: L'holocauste oublié Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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défaut de sens éthique, qui ne raisonne pas, et qui, d’instinct, viole les lois de la société. En général, il n’aime pas travailler, et plus il devient criminel, plus il entre en conflit avec la société. Il se croit persécuté et innocent, et continue de violer les lois, de sorte que le terme asocial ou antisocial est plutôt un terme sociologique qu’un terme médical.
    — Les oiseaux de même plumage ayant tendance à se réunir, il arrive fréquemment que deux asociaux se marient, et plus fréquemment encore qu’ils ont des enfants sans être mariés, ce qui constitue des familles entièrement asociales, particulièrement répandues aux États-Unis. Les unes se distinguent par la haine du travail, les autres par le vol, d’autres par le vagabondage, d’autres par le crime habituel, et les femmes, par la prostitution. Beaucoup ont des failles de l’intelligence, mais plusieurs, compte tenu de leur absence de sens moral, ont un certain degré d’intelligence.
    S. – Retournons à votre arrivée à Dachau.
    B. – Je commençai par rassembler tous les objets nécessaires aux examens de laboratoire. C’était particulièrement difficile en raison des bombardements intenses de Munich.
    — Les instructions que je reçus s’appliquaient aux quatre groupes de sujets : la méthode à recommander devait avoir été étudiée pendant douze jours consécutifs sans dommage pour la santé des sujets. Je devais essayer d’atteindre cette limite maximum, et en prendre la responsabilité médicale ; toute continuation dangereuse des expériences était hors de question, et bien entendu toute mort. Cependant, les expériences devaient être amenées suffisamment loin pour pouvoir enregistrer les réactions de soif, et établir des comparaisons entre les groupes. Les sujets devaient garder le lit ; tout fut fait pour diminuer autant que possible la nature désagréable des expériences. Trois chimistes m’aidèrent dans le travail de laboratoire ; j’avais également trois médecins de l’armée de l’air, deux infirmiers prisonniers, et trois étudiants en médecine français. De plus, je consultai des spécialistes prisonniers à Dachau.
    — J’expliquai d’abord soigneusement à chaque sujet de quoi il s’agissait ; j’avertis particulièrement le groupe qui devait jeûner sans boire, et celui qui devait boire de l’eau de mer, et je choisis les plus vigoureux pour ces deux groupes, dont je réduisis le nombre au maximum. Je dis aux sujets que je serais toujours près d’eux, qu’ils pouvaient avoir confiance en moi, et que je m’assurerais de l’exécution des promesses faites. Je leur demandai à tous s’ils étaient d’accord, et ils répondirent oui.
    — Je commençai par faire sur moi-même une expérience qui dura quatre jours et quatre nuits ; je bus 500 cm 3 d’eau de mer par jour ; je pus ainsi connaître personnellement les différentes sensations de la soif, la somnolence, les troubles du sommeil, la faiblesse musculaire, la lourdeur des jambes, et le besoin de repos. Je perdis plus de 9 livres, mais, après avoir bu de l’eau, je pus aller de Vienne à Munich sans peine. Par la suite, je bus encore de l’eau de Berka, ainsi que les étudiants en médecine français, pour bien montrer aux sujets que cette préparation ne contenait rien de caché.
    — Je fis un examen médical détaillé de chaque sujet ; j’en vis soixante, et éliminai immédiatement ceux dont la condition me sembla insuffisante ; je fis un examen radiologique qui me permit d’éliminer encore deux ou trois pulmonaires, que j’envoyai à l’hôpital. Seuls, deux ou trois sujets avaient une maladie de peau superficielle au niveau des jambes. Au début des expériences, un sujet eut une pneumonie, et je l’éliminai aussi ; pendant cette période, les sujets recevaient quatre mille calories par jour ; les rumeurs sur la nature dangereuse des expériences étaient fausses : il s’agissait seulement de ce pneumonique transféré à l’hôpital, et non de sujets gravement malades qu’on envoyait mourir dans d’autres services.
    — J’obtins deux remplaçants de Dachau, pour les deux éliminés du premier examen ; il s’agissait de deux tsiganes allemands qui désiraient de cette façon être autorisés à enlever l’insigne indiquant leurs tentatives de fuite. La salle d’expérience était grande, située dans l’hôpital principal, et les sujets étaient confortablement

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