L'holocauste oublié
installés.
— Avant l’expérience, tous les sujets reçurent chaque jour la nourriture des aviateurs, 3 500 calories environ, et en plus, une nourriture de travail de force, environ 4 000 calories par jour en tout.
— Tschofenig, qui critiqua la nourriture, était Kapo au service des rayons X, et n’est jamais entré dans la salle d’expériences. Les examens de sang, les analyses d’urine et les électrocardiogrammes, furent effectués ainsi que les examens des reins.
— Le premier groupe reçut de l’eau de Schaefer ; il était composé de cinq sujets qui, pendant les quatre premiers jours, eurent une nourriture de naufragés en mer. Pendant les jours suivants, ils n’eurent aucune nourriture. Ce groupe resta dans l’expérience pendant onze à douze jours, et tous les autres moins longtemps. Dans ce premier groupe, il n’y eut ni plaintes ni accidents.
— Les deux groupes suivants étaient des groupes de faim et de soif ; il existe des cas connus de personnes qui, pour des raisons politiques, ou religieuses, comme Ghandi, ont vécu pendant quarante ou cinquante jours sans nourriture, mais en prenant de l’eau. On estime que la tolérance à la soif est d’environ quatorze jours. La perte d’eau est décisive dans la question de vie et de mort : une perte de 22-25 % de l’eau corporelle, provoque la mort ; on considère que le danger commence avec une perte de 20 %.
— L’eau de mer en tant que telle n’est pas toxique : elle ne contient pratiquement pas de germes pathogènes ; nous avons employé de l’eau de mer bactériologiquement pure : son seul danger provient de la concentration salée relativement élevée ; le sel a besoin d’eau pour être éliminé.
— Toute la question est de savoir jusqu’à quel degré la réserve d’eau du corps est atteinte par l’absorption d’eau de mer. La perte d’eau étant constamment contrôlée, les examens de sang et d’urine, du métabolisme, des poumons, étant effectués chaque jour, nous étions avertis de la limite de tolérance ; aucun de mes sujets n’a été amené au-delà de cette limite. Je m’aperçus bien que plusieurs des sujets buvaient de l’eau fraîche, ce qui détruisit une bonne partie d’un travail soigneux ; cela prouve d’ailleurs que les sujets étaient volontaires : car beaucoup d’entre eux n’en burent pas. La soif constitue un des instincts naturels les plus forts, auxquels il est difficile de ne pas céder, et c’est pourquoi ces expériences de soif doivent être réalisées dans un lieu fermé.
— Finalement, je demandai à maintes reprises aux sujets s’ils n’avaient pas bu d’eau fraîche, mais ils le nièrent toujours. Au début, j’avais promis des cigarettes à ceux qui se comportaient bien, de sorte qu’ils pensèrent que plus l’expérience durerait, meilleure elle serait : ils buvaient de l’eau et obtenaient des cigarettes. Ceux que je pris à boire acceptèrent une deuxième expérience pour avoir encore des cigarettes ; huit burent de l’eau, aucun ne fut puni, et aucun S.S. n’entra jamais dans la salle d’expériences.
— Les sujets du groupe de la faim, et ceux du troisième groupe, eurent d’abord une sensation de faim. À partir du troisième jour, cette sensation de faim fut remplacée par la soif, et disparut pratiquement. Avec la perte d’eau, une chute brusque du poids corporel survint, et modifia l’apparence des sujets, qui devinrent minces : un profane aurait pu penser qu’ils étaient beaucoup plus malades qu’ils n’étaient en réalité, alors qu’il s’agissait simplement d’un manque d’eau dans la peau et les muscles. La peau devient sèche ; il n’y a plus de transpiration : les muqueuses deviennent sèches, la bouche et la langue également, les yeux perdent leur éclat, et brûlent légèrement. La sécrétion salivaire est réduite, et il est désagréable de manger. La perte d’eau musculaire provoque un durcissement des muscles.
— Il y a une sensation de fatigue des membres, d’incertitude des mouvements et de besoin de repos. La température reste normale, avec simplement de petites variations individuelles. Il y a de la constipation, avec parfois une toux sèche due au dessèchement du palais. Le sommeil est possible pendant les trois premiers jours, puis il s’interrompt, avec de courtes périodes de sommeil et de réveil. Pendant la journée, les sujets somnolent.
— Le groupe qui eut de l’eau
Weitere Kostenlose Bücher