L'holocauste oublié
la fin des expériences, cliniquement, radiologiquement et aussi avec un électrocardiogramme et des analyses de sang : les seuls complications ultérieures peuvent provenir d’un refroidissement, comme une pneumonie ou une bronchite. Aucun de mes sujets ne se refroidit.
— Nos expériences montrèrent d’abord que de petites quantités d’eau de mer valent mieux qu’une absence complète d’eau ; la perte de poids est plus lente, et la perte d’eau moindre dans ce cas ; l’épaississement du sang est moindre, la perte d’azote également, et les nitrogènes du sang n’augmentent pas, alors qu’ils augmentent sans eau. Les expériences montrèrent qu’une grande quantité d’eau de mer n’améliore pas la soif, a même parfois des inconvénients, et que le pouvoir de concentration des reins est plus haut qu’on ne le pense généralement ; n’importe qui a à peu près 2,5 %, et beaucoup, 3 % et davantage ; ce pouvoir n’est pas considérablement influencé par les vitamines. L’eau de mer en quantité limitée ne cause pas de diarrhée ; les symptômes subjectifs, comme la sensation de soif après absorption d’eau de mer, sont à peu près les mêmes qu’en cas de soif totale : objectivement, de petites quantités d’eau salée valent mieux que la soif. La méthode de Schaefer fournit de l’eau bonne à boire, et la méthode de Berka est inutile. Dans le sang, l’augmentation salée est causée par l’absorption d’eau de mer, et une légère perte de calcium ; il est à conseiller de donner du calcium à une personne buvant de l’eau de mer pendant longtemps.
— Une personne qui a souffert de la faim et de la soif, montre une perte relativement élevée de sel, et on doit lui donner en conséquence une solution physiologique d’eau salée. Au bout d’une longue période de soif, il se produit une rétention aqueuse rapide, et le seul danger provenant de la soif et d’un liquide hypertonique, est constitué par la perte d’eau du corps. L’introduction de liquide provoque une récupération très rapide.
— Je sais que ces expériences n’ont pas donné autant de résultats qu’elles l’auraient fait si les sujets avaient coopéré complètement, mais elles étaient suffisantes sur le plan pratique, comme le montrèrent par la suite les découvertes anglaises et américaines.
Juge Sebring. – Est-il exact que la plupart des sujets d’expériences parlaient le dialecte tsigane, et étaient d’origine slave ?
B. – Il y avait des Hongrois, ou de la frontière hongroise, peut-être trois ou quatre ; il y avait un grand groupe de Bratislava, qui parlait slovaque : beaucoup d’autres n’avaient pas de résidence fixe ; certains étaient allemands, d’autres autrichiens, et un autre roumain. Je n’ai pas vu leurs papiers moi-même, et je dois dire qu’à cette époque, je ne considérais pas que la question était importante.
Juge Sebring. – Avez-vous remarqué ce dont parle le témoin Fritz Pillwein, qu’il s’agissait de gens très primitifs, dont quelques-uns ne connaissaient même pas leur date de naissance ?
B. – Certains d’entre eux appartenaient à cette sorte de gens qui courent la campagne en voiture sans avoir jamais fréquenté l’école. Ils avaient un niveau d’instruction très bas, mais ils n’étaient pas stupides.
Alexandre Hardy (contre-interrogatoire). – Vous ne vous êtes jamais préoccupé de la question du consentement à une expérience, d’une personne mineure ?
B. – Au moment où une personne était admise à la clinique, elle signait son consentement.
H. – Et quand il s’agissait d’un enfant ?
B. – Alors les parents signaient.
H. – Quelle est votre opinion sur l’aptitude d’un interné de camp de concentration à être volontaire dans une expérience médicale ?
B. – À mon avis, tout prisonnier, dans une certaine mesure, est limité dans sa liberté de choisir. Mais, dans le cadre de cette liberté, il peut naturellement accepter une expérience, en supposant, bien entendu, qu’un refus ne provoquera de représailles d’aucune sorte : je ne me suis pas préoccupé de la sélection des tsiganes utilisés. Les affaires des camps de concentration regardaient seulement les S.S., sur lesquels je ne pouvais exercer aucune influence. Quant aux tsiganes, ils me déclarèrent d’une façon explicite qu’ils n’étaient pas enfermés parce qu’ils étaient asociaux : beaucoup d’entre eux
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