L'holocauste oublié
peut rien : pour cela il faudrait punir de prison… quel drame alors de voir une mère au cachot !…
— Si une « caisse » contient une famille entière, c’est que celle-ci le veut bien ou parce que les lits donnés en nombre suffisant ont été détruits par leurs propres soins, pour le plaisir de détruire.
— Si les couvertures manquent, c’est parce que les gosses les ont déchirées, ou la mère en a taillé un pantalon (souvenez-vous d’une de vos visites au camp).
— Si ces gens sont dégoûtants, c’est encore une fois parce qu’ils le veulent bien, ayant à leur disposition ce qu’il faut pour être propres.
— Contrairement à ce que dit le rapport, il est faux d’écrire que les baraquements sont repoussants de saleté, ils sont simplement mal rangés et manquent de symétrie.
— Pour se permettre un tel avis sur un camp habité par de semblables énergumènes, il faut connaître dans le détail la vie ordinaire de ceux-ci, la vie de roulottes où 10 à 12 personnes vivent parquées, dégoûtantes, rongées par la vermine, ne songeant qu’à parcourir les villages dans le but de voler.
— Il faudra des générations pour obtenir de ces dégénérés sans moralité et sans respect un résultat positif.
— En ce qui concerne l’instruction des enfants, la question est résolue, seulement les instituteurs ne semblent pas très disposés (je comprends cela) à venir dans cette soi-disant triste atmosphère.
— Avec votre autorisation, j’avais pour l’éducation spirituelle de ceux-ci, fait venir un prêtre, le pauvre homme a tout fait, et c’est au moment où ses efforts allaient porter leurs fruits que l’armée d’occupation s’est opposée à son entrée au camp pour les motifs que vous connaissez.
— S’il est exact qu’une mère est rentrée du sanatorium, elle n’est pas pour cela contagieuse, et seul le docteur qui la visite peut le dire.
— En résumé, j’estime que le compte rendu de l’assistante sociale est exagéré, il est plus proche du roman que de la vérité sur le genre de vie imposé aux nomades.
Le chef de camp, signé : Moreau.
Pour ceux qui ont connu ou « habité » ce camp de concentration, le « roman » de l’assistante sociale est très au-dessous de la vérité. Une modération souhaitée pour être accessible, crédible des autorités préfectorales peu disposées à l’égard des « dégénérés », des Leclercq ou Moreau.
Les conclusions du président H. Billot de la Société Saint-Vincent-de-Paul sont moins catégoriques ou définitives que celles de M lle Orgebin, mais pour qui sait lire entre les lignes :
Rapport sur le camp de romanichels
de Moisdon-la-Rivière .
Comme suite au rapport qui a été fait par le Secours National sur le camp de romanichels de Moisdon-la-Rivière et à la suite de la mission que M. le préfet a bien voulu me confier, je viens donner ci-dessous mon avis.
Je ne reviendrai pas sur la description qui a été faite de ce camp ; j’y suis allé deux fois ; une première fois le 11 décembre et une seconde fois le 26 décembre.
Tout d’abord, il faut partir du principe que nous avons affaire à des romanichels qui vivent d’une façon particulière et contre les usages desquels il est difficile de s’insurger ; toutefois j’estime qu’il pourrait être apporté des améliorations importantes tout en ne méconnaissant pas l’effort qui est fait par l’Administration envers ces déshérités.
Il y a d’abord les enfants, il serait indispensable qu’ils soient séparés, garçons d’un côté, filles de l’autre, mis en dortoirs et de faire œuvre de rééducation, tout cela dans le même camp pour qu’ils ne soient pas séparés des parents qui ne l’accepteraient certainement pas, vu le sens développé de la famille qu’ont les nomades.
Pour arriver à un tel résultat, des religieuses spécialisées sont à mon avis nécessaires. Je me suis déplacé spécialement à Paris pour parler de la question avec la Supérieure générale des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, dont l’ordre serait tout à fait apte à l’aire une telle besogne, puisque d’après les règlements les sœurs de cet ordre ne sont pas tenues de vivre en communauté et peuvent vivre chez l’habitant.
Malheureusement, par suite du manque de sujets, il a été absolument impossible à la Supérieure générale de me donner satisfaction, et à l’heure actuelle, je
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