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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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long et de décrire par le menu toute la crudité de ses relations avec M. Tiburce. Ils la quittèrent sans insister. Elle pouvait croire à une visite de routine et elle les raccompagna à la porte, sans rien laisser ignorer de ses charmes.
    – Serions-nous restés un moment de plus, dit Bourdeau goguenard, que nous aurions bénéficié du principal et des intérêts !
    – Gast ! Je pense qu’elle nous croyait intéressés et venus prélever la dîme et la gabelle que récoltent, plus souvent qu’à leur tour, certains de nos confrères chez ces filles-là.
    – Ils déshonorent notre maison et mériteraient la mort.
    – Te voilà bien sanguinaire ! s’exclama Nicolas, surpris de cette véhémence et de l’air farouche qui l’accompagnait. La mort, sans doute pas. Mais le poivre souvent les assaisonne !
    – Pour moi, point d’alternative à la vertu. Que dis-tu de la belle ?
    – Que nous en avons connu du même acabit et qu’elle n’est ni pire ni meilleure que les autres. Fais enquêter sur le tabletier, son logis, sa dépense. Reste aussi à interroger Tiburce.
    – Celui-là, comment pouvait-il concilier sa double vie avec ses fonctions auprès de M. de Chamberlin ?
    – Prends en considération qu’à onze heures du soir, le vieux monsieur n’avait plus besoin de son valet et que, par conséquent, celui-ci était libre de ses mouvements. Il avait la nuit pour les médianoches et les crapuleries, réjouissances qui, vu son âge, n’étaient sans doute pas approfondies ni quotidiennes.
    – À bien considérer, c’est en effet vraisemblable. On met tout ce beau monde sous surveillance.

    Ils rejoignirent le Grand Châtelet afin d’organiser leur expédition de la nuit. Rabouine fut chargé de donner à son homme les instructions en vue d’occuper le portier de l’hôtel de Ravillois et, pour ce faire, l’attirer dans un estaminet voisin afin de l’abrutir de beuverie et de tabagie. En cas d’insuccès, il faudrait tenter de l’enivrer dans sa loge et, dans ce cas, signaler à qui de droit cette situation pour n’être point surpris au moment de l’action. Les préparatifs devaient être affûtés, tout pouvant survenir. Les lieux seraient environnés de mouches qui ne devraient quitter leur poste sous aucun prétexte et être prêts à toute éventualité. Bourdeau aurait ses pistolets de manche, version nouvelle du pistolet dans l’aile du tricorne dont usait Nicolas. Ils préparèrent aussi des rossignols destinés à forcer les serrures, des lanternes sourdes, une corde, des loups en velours noir et des poignards, au nombre de trois car Naganda les accompagnerait. L’habit noir serait de rigueur et Bourdeau repasserait chez lui se changer avant le souper chez Semacgus. Il reviendrait prendre Nicolas rue Montmartre dans la voiture, toujours disponible, de Le Noir.
    Comme prévu les invités se retrouvèrent à neuf heures de relevée dans la demeure de Semacgus à Vaugirard. La douceur de la nuit tombante avait
permis d’installer une table sur la terrasse qui, de quelques degrés, dominait le verger. Des flambeaux éclairaient gaiement une table décorée des fleurs du jardin. En raison de son âge Marion était restée rue Montmartre, gardée par Catherine et Pluton. Poitevin avait conduit Noblecourt et Naganda. Il aiderait Awa qui virevoltait, éclatante dans sa robe brodée, et servirait à table. Chacun s’égailla au milieu des cris et des rires des retrouvailles. Noblecourt accapara Naganda et, appuyé sur son bras, l’entraîna dans les allées pendant que les autres rejoignaient Semacgus qui officiait en cuisine.
    – La chose est délicate, marmonnait-il, l’habit tombé et le visage congestionné d’attention. Il va falloir réussir sans déchirer… Point trop épaisse, point trop fine…
    Les visages intrigués de ses trois amis se penchèrent sur la table de l’office.
    – Est-ce une ouverture ? Va-t-il manier le scalpel ? plaisanta Bourdeau.
    – Peuh ! Bien plus compliqué, dit le chirurgien qui, après avoir étendu une nappe saupoudrée aussitôt de farine, y avait étendu un pâton que peu à peu il aplatissait avec un rouleau pour en former une abaisse.
    – Pâte brisée, évidemment ? demanda La Borde dont la dévotion au dieu Comus était connue de tous.
    – On retrouve l’habitué des petits soupers dans les cabinets du feu roi. Plutôt une pâte aux œufs.
    – Et que comptez-vous donc nous préparer ?
    – Une strouille

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