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L’impératrice lève le masque

L’impératrice lève le masque

Titel: L’impératrice lève le masque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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pour vous, monsieur… ?
    — Tron.
    Le prêtre écarquilla les yeux.
    — Le commissaire ?
    Tron fit un signe de la tête.
    — Je suis venu pour vous…
    Mais le père Tommaseo lui coupa aussitôt la parole.
    — Je vous en prie, commissaire, prenez place !
    Il alla chercher une chaise en bois contre le mur, la posa devant le bureau et attendit que le commissaire ait pris place pour se rasseoir à son tour.
    — Je sais ce qui vous amène. C’est cette histoire sur l’ Archiduc Sigmund , n’est-ce pas ?
    Il poursuivit sans laisser à Tron le temps de répondre.
    — Pourtant, je croyais que l’affaire était résolue… Le directeur Pellico ! ajouta-t-il d’un air bouleversé. Qui l’eût cru ?
    Le policier ne put cacher sa surprise :
    — Comment savez-vous ? Ce n’était pas dans les journaux…
    — J’enseigne la religion à l’Institut. Tout l’établissement ne parle que de cela.
    Il fronça les sourcils avec nervosité.
    — Mais j’y pense… Si l’affaire est résolue, qu’est-ce qui vous amène, commissaire ?
    Tron sourit.
    — Je suis venu à cause des photographies.
    Le visage de Tommaseo s’éclaircit.
    — Vous êtes allé chez M. de Sivry ?
    — Oui, il m’a dit que vous alimentiez la caisse des pauvres avec ces recettes.
    Il approuva d’un geste de la tête.
    — Si je ne faisais pas de photographie, la misère serait encore plus grande dans ma pauvre paroisse…
    — N’est-il pas étonnant qu’un prêtre se livre à cette activité ?
    Il perçut un regard réprobateur de l’autre côté du bureau.
    — Si le Seigneur n’avait pas voulu qu’on invente la photographie, lui opposa le prêtre sur un ton sentencieux, il lui eût été facile de nous priver de la connaissance des substances nécessaires, à savoir le nitrate d’argent et l’acide gallique.
    Il sourit d’un air suffisant.
    — Cela ne fait aucun doute, concéda Tron.
    Le prêtre se pencha vers lui.
    — Êtes-vous venu à cause de la vue du palais Tron ?
    — En vérité, non, répondit le commissaire en sortant de son enveloppe le portrait de Hummelhauser et en le posant sur le bureau. Cette photographie a dû atterrir par inadvertance dans la sélection que vous avez envoyée à M. de Sivry.
    Le visage de son interlocuteur ne lui permit pas de savoir s’il reconnaissait le cliché. Son seul commentaire fut : — Oh ! le conseiller…
    — Vous le connaissiez, donc.
    C’était un constat plus qu’une question. Le père Tommaseo haussa les épaules.
    — Connaître est un bien grand mot.
    Il hésita un instant.
    — Il est venu me voir il y a quatre semaines, reprit-il en montrant une porte derrière laquelle se trouvait sans doute son atelier. Il n’avait pas pris rendez-vous, mais j’avais du temps libre et je ne peux pas me permettre de refuser des clients.
    — Saviez-vous à qui vous aviez affaire ?
    — Non, répondit-il en hochant la tête. Le conseiller s’est présenté sous un nom d’emprunt à sonorité italienne quoique son italien ne fût pas très bon.
    — Quel nom ?
    — Ballani. Il m’a donné une adresse sur le campo Santa Margherita.
    Le prêtre regardait Tron comme s’il s’attendait à une réaction de sa part. Celui-ci se taisant, il demanda : — Vous n’êtes donc pas au courant ?
    — De quoi ?
    Le religieux semblait surpris.
    — Je pensais que c’était la raison de votre visite.
    — Peut-être pourriez-vous m’expliquer de quoi vous voulez parler, mon père ?
    Tron s’efforçait d’étouffer l’impatience dans sa voix. Le prêtre fit un sourire pincé.
    — Avez-vous bien regardé la photographie ? Par exemple la main de la femme ? Ses poignets ? Son menton ? Ses bras ? L’ombre au-dessus de ses lèvres ?
    Il fit glisser le cliché sur le bureau. Tron se pencha et comprit soudain ce que son interlocuteur voulait dire. Pourquoi cette évidence lui avait-elle échappé jusque-là ? La femme avait le menton carré et les articulations épaisses d’un homme. L’ombre sous son nez provenait de poils de barbe qu’on voyait encore malgré un rasage soigné.
    — Vous voulez dire qu’en réalité, cette femme…
    Le prêtre fit un geste courroucé.
    — … était un homme.
    — Le saviez-vous au moment où vous les avez photographiés ? Je veux dire que si l’on peut reconnaître sur la photographie qu’il s’agit d’un homme, vous auriez pu…
    — … le remarquer tout de suite ?
    Le prêtre soupira.
    — Je sais bien, commissaire. Mais la réponse est non. Si

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