L'inconnu de l'Élysée
heureux de ma carrière. J'ai fait quelques réformes qui n'étaient pas inutiles pour moderniser l'agriculture, atout essentiel de la France.
« On oublie toujours de rappeler à ce sujet des choses simples. Aujourd'hui, on dénombre au moins 800 millions de personnes de par le monde qui crèvent de faim, et nous serons d'ici cinquante ans 3 milliards de plus. On a pratiquement épuisé toutes les ressources de la production agricole et le plus grand défi du monde moderne est par conséquent de savoir comment on nourrira alors les gens. Nous sommes actuellement la deuxième puissance agricole du monde et la première en termes d'exportations pour les produits agricoles transformés, donc créateurs d'emplois. La politique agricole est un enjeu essentiel pour nous comme pour le reste du monde, car ce qui menace, c'est la famine. C'est là un grand débat que l'on traite avec beaucoup de légèreté depuis que Tony Blair a déclaré que l'agriculture en soi n'était pas intéressante.
« Je me suis épanoui dans ce métier, parce que j'avais l'impression de soutenir une cause juste. »
Après les élections législatives de mars 1973, et en dépit des pressions de Pierre Juillet, ce n'est pas Jacques Chirac qui est nommé à Matignon, mais Pierre Messmer qui y est maintenu. Chirac, lui, reste à l'Agriculture.
Il a beau être surchargé à un poste, il a toujours du temps de reste et de l'énergie disponible pour s'occuper d'autres choses. Après avoir mené une guerre sourde contre Chaban à l'intérieur de l'UDR, il appuie le projet de quinquennat réclamé par Pompidou, qui fait hurler les gaullistes historiques, à commencer par Michel Debré. À la mi-décembre 1973, la couverture du Point : « Messmer doit partir », exacerbe davantage encore les tensions au sein du parti gaulliste. Chirac est persuadé qu'il s'agit là encore d'un coup de Chaban. Ces batailles ont lieu sur fond de quasi-agonie de Georges Pompidou. Le 1 er mars 1974, ce dernier procède à un ultime remaniement ministériel dont le signe le plus apparent est l'installation de Jacques Chirac place Beauvau.
« Lorsqu'il a annoncé ma nomination à l'Intérieur, Pompidou a eu une phrase qui a tinté à mes oreilles : “Ainsi vous aurez achevé un parcours suffisant pour connaître tout le gouvernement.” Ce n'était pas le genre d'homme à dire ce genre de chose sans arrière-pensées. Je me suis dit que j'étais un fer au feu, qui pourrait éventuellement servir en fonction des circonstances », confiera à Franz-Olivier Giesbert 28 le Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing.
1 Voir L'Express du 11 mai 1995.
2 Le 22 novembre 1942.
3 Il est mort en Haute-Saône, le 20 novembre 1944, après avoir participé brillamment à la bataille des Vosges. Diego Brosset avait rallié le général de Gaulle le 27 juin 1940.
4 Le 15 août 1974.
5 Jacques Chirac. Une éternelle jeunesse , op. cit.
6 Jacques Chirac ou la République des cadets , op. cit.
7 À partir de son enquête, il rédige également une thèse de géographie économique sur « Le port de La Nouvelle-Orléans », dans laquelle il insiste beaucoup sur les risques d'inondations. Le Monde des 11-12 septembre 2005 a pu ainsi écrire en une : « L'étudiant Chirac avait prévu l'inondation de La Nouvelle-Orléans »…
8 Franz-Olivier Giesbert, Jacques Chirac , op. cit.
9 Jacques Chirac , op. cit.
10 Voir première partie, chapitre 4.
11 Jacques-Henri Bujard, inspecteur général de l'Économie nationale, était alors conseiller pour les Affaires économiques auprès du Secrétaire général du gouvernement.
12 Voir deuxième partie, chapitre 16.
13 Après la mort de Charles Spinasse, Jacques Chirac lui a rendu hommage dans Lemouzi , revue régionaliste du Limousin : « Profondément démocrate comme Léon Blum, attaché à un socialisme qui doit permettre le libre épanouissement de l'individu, comme le concevait Jaurès, Charles Spinasse est tout le contraire d'un démagogue. Comme le gouvernement auquel il appartint, il s'est constamment donné pour règle de n'utiliser que les moyens constitutionnels, d'inciter au travail commun et non au triomphe de telle catégorie sociale sur telle autre. »
14 Jacques Foccart, Tous les soirs avec de Gaulle. Journal de l'Élysée , tome I, Fayard/Jeune Afrique, 1997.
15 Philippe Alexandre, L'Élysée en péril (2-30 mai 1968) , Fayard, 1971.
16 À l'époque le SMIG.
17 Lire à ce sujet La Lueur de
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