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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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semble quitter tout exprès les plaines immenses de l’Océan pour venir nous visiter, et la neige tombe dans les rues en épais tourbillons.
    – Il n’est pas encore trop tard pour changer mes ordres, Cécile, dit Lionel en la regardant avec inquiétude ; j’ai dirigé tous mes mouvements comme un grand général, et il nous est aussi facile de reculer que d’avancer.
    – Battriez-vous donc en retraite devant un ennemi si peu formidable que moi ? répondit-elle en souriant.
    – Vous avez sûrement compris que je n’ai voulu parler que de changer le lieu de notre mariage. Je crains de vous exposer, vous et notre aimable cousine, à la violence de la tempête, qui, comme vous le dites fort bien, après avoir tourmenté si longtemps l’Océan, paraît enchantée de trouver enfin une terre sur laquelle elle puisse exercer sa furie.
    – J’ai très-bien compris votre intention, Lionel, et vous ne devez pas non plus vous méprendre sur la mienne. Je deviendrai votre femme ce soir, et ce sera avec joie, car quelle raison aurais-je de douter de vous maintenant plus qu’autrefois ? Mais nos vœux doivent être prononcés à l’autel.
    Agnès voyant que l’émotion de sa cousine l’empêchait presque de s’exprimer, l’interrompit gaiement en disant à Lionel :
    – Quant à la neige, vous connaissez bien peu les filles de Boston si vous croyez qu’elle puisse leur faire peur. Vous rappelez-vous, Cécile, combien de fois, dans notre enfance, nous nous sommes amusées à nous faire descendre en traîneau du sommet de Beacon-Hill, par des temps bien plus affreux que celui d’aujourd’hui ?
    – Nous avons fait beaucoup de folies à dix ans que nous ne pourrions nous permettre à vingt, Agnès.
    – Miséricorde ! elle parle déjà comme une matrone, s’écria Agnès en levant les yeux au ciel et en joignant les mains avec une admiration affectée. L’église seule peut satisfaire une dame si discrète, major Lincoln ; épargnez-vous toute remontrance à ce sujet, et commencez l’énumération des manteaux et des surtouts nécessaires pour vous préserver du froid.
    Lionel répondit avec gaieté, et une conversation animée, qui amusa beaucoup Cécile, commença entre sa cousine et Lincoln. Quelque temps après, Polwarth arriva. Il était dans une tenue soignée, et l’expression de sa physionomie prouvait qu’il était suffisamment instruit de l’événement intéressant qui les rassemblait. La présence du capitaine rappela à Lionel que l’heure avançait, et il se hâta de communiquer son plan à son ami.
    Quelques minutes avant dix heures, Polwarth devait, dans un sleigh couvert, conduire les dames à la chapelle, qui n’était qu’à un jet de pierre de Tremont-Street, et où Lionel se trouverait prêt à les recevoir avec le prêtre. Renvoyant le capitaine à Meriton pour de plus amples informations, et sans lui laisser le temps d’exprimer l’étonnement que lui causait un plan si singulier, Lionel dit quelques mots tendres et encourageants à Cécile, regarda à sa montre, jeta son manteau sur ses épaules, prit son chapeau et partit.
    Nous laisserons Polwarth s’efforcer de tirer de la joyeuse et lutine Agnès la raison de tout ce mystère, et, pendant que Cécile faisait quelques changements à sa toilette, nous suivrons son prétendu qui se rendait chez le docteur Liturgy.
    Le major Lincoln trouva les rues tout à fait désertes. La nuit cependant n’était pas obscure, car la pleine lune se faisait jour à travers les nuages que la tempête chassait devant elle en masses noires et menaçantes, qui contrastaient d’une manière bizarre et pittoresque avec la neige qui couvrait le haut des collines et les bâtiments de Boston. Par moments, un coup de vent plus violent que les autres détachait toute la neige amoncelée sur quelque toit, et formait une espèce d’avalanche qui menaçait d’engloutir le malheureux passant. En tourbillonnant autour des hautes cheminées et des tourelles, l’ouragan faisait entendre un long et triste sifflement ; puis l’élément paraissait calmé comme s’il eût épuisé toute sa furie, et que l’hiver, après s’être efforcé de maintenir son empire, eût été contraint de céder à l’influence du printemps.
    Lionel se fraya un chemin à travers la neige, trop profondément absorbé dans ses pensées pour remarquer les variations de l’atmosphère. Tantôt il songeait au motif de la visite qu’il allait rendre, tantôt à

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