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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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regarda son neveu d’un air hagard, et passa lentement la main sur son front et sur ses yeux, tandis qu’un frémissement involontaire ébranlait tout son corps affaibli.
    – Vous avez raison, mon jeune cousin, dit-elle enfin en s’efforçant de sourire ; je crois que ma mémoire se ressent aussi de ma faiblesse. Mon imagination me reportait à des jours passés depuis longtemps. Vous me rappelez l’image de votre malheureux père, et dans Cécile je crois revoir ma pauvre Agnès, qui m’a été si tôt ravie. C’était mon enfant, et Dieu a pardonné ses fautes en faveur des prières de sa mère.
    Lionel étonné, mais incapable de prononcer un mot, recula d’un pas en voyant l’énergie extraordinaire de la malade. Ses joues pâles s’étaient couvertes d’une légère rougeur ; elle joignit les mains avec force et retomba sur les oreillers qui la soutenaient. De grosses larmes sortaient une à une de ses yeux, et descendaient lentement sur ses joues amaigries. Lionel porta la main à la sonnette, mais un geste expressif de sa tante l’empêcha de la tirer.
    – Je suis beaucoup mieux, dit-elle ; ayez seulement la bonté de m’avancer le verre qui est près de vous.
    Mrs Lechmere but le cordial qu’il contenait, et bientôt son agitation fut tout à fait calmée, ses traits reprirent leur froide réserve, et ses yeux leur expression de dureté, comme si rien ne l’avait émue en la forçant de sortir de son enveloppe glaciale.
    – Voyez par la faiblesse que j’éprouve encore, major Lincoln, continua-t-elle, à quel point les jeunes gens sont plus forts que les vieillards pour supporter les ravages de la maladie. Mais reprenons un sujet plus agréable. Non seulement vous avez mon consentement, mais j’appelle de tous mes vœux le moment où vous épouserez ma petite-fille ; c’est un bonheur que je désirais sans oser l’espérer, et qui va rendre calme et paisible le soir de ma vie.
    – Alors, ma chère tante, pourquoi le différer ? Personne ne peut dire dans ce temps de crise les changements qu’un seul jour peut apporter, et le moment du tumulte ou des apprêts d’une bataille ne serait pas celui de serrer les nœuds de l’hymen.
    Après avoir réfléchi un moment, Mrs Lechmere répondit :
    – C’est aujourd’hui dimanche. Nous avons dans cette province religieuse la bonne et sainte coutume de choisir le jour que le Seigneur s’est réservé, pour entrer dans l’honorable état du mariage ; ainsi choisissez de vous marier ce soir ou dans huit jours.
    Quelle que fût l’impatience de Lionel, il fut un peu surpris de la première offre de sa tante ; mais son orgueil ne lui permettant pas un seul moment d’hésitation, il répondit :
    – Permettez donc que ce soit aujourd’hui, si miss Dynevor veut bien y consentir.
    – La voici qui vient elle-même pour vous dire qu’elle est prête à faire ce que nous désirons. Cécile, ma chère enfant, j’ai promis au major Lincoln que vous seriez sa femme aujourd’hui.
    Miss Dynevor, qui était arrivée jusqu’au milieu de la chambre, s’arrêta court, ressemblant à une belle statue exprimant l’étonnement et presque le chagrin. Elle rougissait et pâlissait tour à tour avec une effrayante rapidité, et ses mains tremblantes laissèrent échapper le papier qu’elles tenaient et qui alla tomber à ses pieds, qui paraissaient attachés au parquet.
    – Aujourd’hui ! répéta-t-elle d’une voix à peine intelligible ; avez-vous dit aujourd’hui, ma bonne maman ?
    – Aujourd’hui même, mon enfant.
    – Pourquoi cet étonnement, cette alarme, Cécile ? dit Lionel en la conduisant doucement à un siège. Vous connaissez les périls qui nous environnent, vous avez bien voulu m’avouer vos sentiments ; réfléchissez, je vous prie : l’hiver est près de finir, et le premier dégel peut amener des événements qui changeraient entièrement notre position.
    – Tout cela peut avoir un grand poids à vos yeux, major Lincoln, dit Mrs Lechmere d’un ton solennel qui attira l’attention des deux jeunes gens ; mais j’ai d’autres motifs bien plus puissants encore. Je n’ai que trop connu les périls et les malheurs qui peuvent résulter d’un jour de délai. Vous êtes jeunes, vous êtes vertueux, pourquoi ne seriez-vous pas heureux ? Cécile, si vous m’aimez, et si vous me respectez autant que je l’espère, vous deviendrez sa femme aujourd’hui.
    – Laissez-moi le temps de me reconnaître,

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