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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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une sordide machination qui méritait la mort la
plus atroce pour celui qui en était la cause.
    Il cravacha durement ses chevaux. Par tous les
dieux de l’au-delà ! Qu’Isis et Osiris n’accueillent pas encore en leur
sein celle dont le règne n’était pas encore terminé.
    Il trembla au spectacle qui s’offrait à ses
yeux. Hatchepsout était-elle seulement encore en vie ?
    Il vit que Néhésy avait réussi à se faufiler
auprès des chevaux emballés et que, par un choc provoqué de son propre char, il
tentait de les arrêter.
    Cinq grands gaillards aussi hauts que larges,
armés de lances et cuirassés de la tête aux pieds, surgirent brusquement de la
foule paniquée et réussirent à attraper le col de l’un des chevaux qui s’effondra
brusquement, terrassé, une bave blanche et mousseuse sortant de ses naseaux.
    Ce fut Hatchepsout qui fut expulsée la première.
Elle avait les yeux ouverts et, malgré la volonté qu’elle montrait à vouloir se
relever, ses membres ne lui obéissaient plus. Il lui semblait que ses reins
étaient brisés et que sa nuque se fendait en deux.
    La tête coincée, elle tourna juste ses yeux en
direction de sa fille, mais ne put l’apercevoir. Dieu d’Amon ! C’était
normal puisqu’elle venait d’être éjectée sur le sol, et que Mérytrê avait dû
rester bloquée dans le fond du char renversé.
    Elle voulut parler, mais ne put sortir aucun
mot. Des vrilles perçaient sa tête et une forte douleur dorsale la fit gémir.
    Soudain, elle ne vit plus que le visage de Neb-Amon
penché sur elle. Elle eut une grimace lorsque celui-ci souleva sa nuque.
    — Où souffrez-vous, Majesté ?
    Elle s’aperçut qu’elle ne salivait plus et que
sa gorge était sèche. Prenant sa respiration, elle réussit à balbutier :
    — Le dos, Neb-Amon. Le dos.
    — Pouvez-vous le relever ?
    — Je crains que non, fit-elle en
regardant anxieusement la contrariété s’inscrire sur le visage du médecin.
    Hatchepsout ferma les yeux. Même son agression
dans le désert, près de Deir-el-Bahari, lorsqu’elle faisait construire son
temple ne l’avait pas anéantie à ce point. Les pilleurs de tombes lavait
laissée inerte, mais intacte parmi le sanglant carnage de ses gardes [5] .
    Neb-Amon la souleva avec précaution. Une
litière était déjà là, prête à l’accueillir et la transporter en douceur.
    — Ma fille, murmura-t-elle.
    — Elle est encore inconsciente, mais n’a
rien de cassé, jeta le médecin d’un ton soucieux.
    Approchant de ses lèvres une petite fiole en
verre, il lui fit absorber un peu d’hellébore, seul narcotique efficace qu’il
transportait toujours avec lui pour apaiser les douleurs. Il regretta,
cependant, de ne pas avoir pris un peu d’opium avec lui. L’hellébore jouerait,
tout à l’heure, son rôle de purgatif et cela n’arrangerait en rien le cas de la
blessée.
    Puis, il jeta un bref regard sur le reste du
carnage qu’avaient provoqué les chevaux emballés. Il n’y avait plus de char.
Morceaux de bois, plaques de métal, lambeaux de cuir, harnais, essieux et
cerclage de coques étaient disséminés sur la route. La deuxième roue détachée
roulait encore le long des bas-côtés.
    Il vit qu’un autre cheval s’affaissait
pesamment sur le sol, l’écume à la bouche, l’œil blanc retourné, et que le
troisième annonçait, lui aussi, des symptômes identiques.
    Il fit un signe aux deux médecins qui l’accompagnaient,
donna des ordres à quelques praticiens qu’on avait réquisitionnés pour soigner
les blessés de la foule et saisit sa trousse de travail.
    — Ne bougez pas, Majesté, reprit-il, laissez-vous
conduire jusqu’au palais. Je vous examinerai en détail dès que vous serez
tranquillement allongée sur votre couche. Vous n’êtes pas en péril. Pour l’instant,
votre fille l’est plus que vous et je dois, de suite, la réanimer.
    — Ne la laisse pas mourir, Neb-Amon. Je t’en
conjure.
    Elle eut un pâle sourire qui s’apparentait
fort à une grimace de douleur.
    — Faites-moi confiance, Majesté. Dès que
votre fille sera réanimée, je serai près de vous. Je préfère que vous attendiez
mes soins personnels. Je vous l’ai dit, vous n’êtes pas en danger.
    La pharaonne hocha la tête.
    — Ne vous laissez pas impressionner par
les nausées et les coliques qui vont vous surprendre. Le remède que je vous ai
administré en sera la cause.
    — Sauve ma fille et rejoins-moi,
Neb-Amon. Notre sort est

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