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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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entre tes mains. Je sais que tu peux le préserver.
    — Majesté, votre destin ne dépend pas de
moi, mais de votre vigilance. Veillez sur vous et tout se passera bien.
    Dès qu’Hatchepsout fut installée dans la
litière entre les deux autres médecins qui, déjà, plissaient les yeux de
plaisir tant l’aubaine était bonne, Neb-Amon leur jeta un regard soupçonneux,
sachant fort bien qu’ils chercheraient à contrecarrer ses propres instructions.
    Jaloux d’avoir été évincés de la première
place qu’ils occupaient au palais, les deux médecins royaux s’appliquaient à
déstabiliser leur rival. Ce petit médecin de province n’était pour eux qu’un
arriviste conscient de l’ascendant qu’il prenait sur la reine. Or, avancer une
preuve incontestable de son incompétence s’avérait aujourd’hui possible.
Pourquoi laisseraient-ils passer une telle occasion quand ils savaient qu’aucune
autre ne viendrait de sitôt se représenter ?
    Depuis que Neb-Amon avait été affecté au
palais, ils étaient quatre médecins attachés à la reine. De l’ancien trio,
Mekyet était le plus âgé. Il avait autrefois soigné Thoutmosis, l’époux d’Hatchepsout,
sans résultat d’ailleurs, puisque ce dernier était mort d’un mal dont il n’avait
pu déceler ni les causes ni les effets.
    Resté ce jour-là au palais, Mekyet avait sans
doute été averti du drame par un coursier à la solde de ses deux comparses, et
Neb-Amon se doutait qu’il se chargerait avec plaisir de prêter main-forte à ses
collègues.
    Seddy et Pénith qui, de leur sourire
équivoque, observaient le visage pâle d’Hatchepsout, abaissèrent la tenture de
la litière pour éviter le regard de quelques curieux, assez téméraires pour s’approcher,
et que des soldats repoussaient pour qu’ils ne vissent pas que le puissant
calmant venait de l’endormir.
    Neb-Amon jeta un dernier coup d’œil à la
litière d’Hatchepsout qui s’éloignait, encadrée de près par les cinq gaillards
casqués et armés. Puis, impuissant, il soupira et revint au cas de Mérytrê qui
lui paraissait ennuyeux.
    Neb-Amon ne pouvait pas risquer la mort de la
princesse pour sa propre quiétude. Le coma de la jeune fille l’inquiétait et s’il
se poursuivait, elle risquait de ne plus jamais s’éveiller.
    Soudain, un élément vint jouer en sa faveur.
Séchât accourait vers lui.
    — Je me suis pressée. Oh dieu ! Si
tu savais comme je me suis pressée !
    D’un geste instinctif, elle essuya la sueur
qui perlait à son front et poursuivit :
    — Les chars du convoi sont tous agités.
Les conducteurs sont effrayés et leur anxiété se communique aux chevaux. Ils se
cabrent et ne veulent plus avancer. Pour se frayer un chemin, la foule descend
sur la route et la police ne peut plus la maîtriser. Des gens sont piétinés. D’autres
sont étendus, inanimés. Néhésy a réquisitionné ses troupes d’élite. Elles vont
tenter de dégager la voie.
    Elle prit subitement conscience de l’autre
face de la situation et regarda avec effroi les débris du char d’Hatchepsout
sur la route.
    — Vite, Séchât, chuchota Neb-Amon, accompagne
Hatchepsout à son palais. Ne la quitte pas d’une seconde et que les médecins ne
lui donnent aucun remède. Je lui ai fait absorber un peu d’hellébore, elle
risque d’avoir des coliques et des maux de ventre. Ce n’est pas grave. Tu dois
la convaincre de m’attendre. As-tu bien compris ?
    Séchât acquiesça. Puis, sans rien ajouter,
elle se faufila dans la foule agitée et prit la direction du palais. Alors,
Neb-Amon décida de faire confiance au destin. Il se pencha sur Mérytrê pour
écouter le son qui se faisait entendre dans sa poitrine.
    Sans lâcher son pouls, il aspergea son visage
d’une solution dont l’odeur prenait désagréablement aux narines. C’était un
mélange de résine de térébinthe et de natron. Puis, il lui fit respirer une
lotion extraite de feuilles d’acacia diluées dans du vinaigre et attendit.
    Allongée sur le sol, Mérytrê avait un visage cadavérique.
Neb-Amon ne voulait pas la soulever avant qu’elle reprenne conscience. Il avait
vu trop de cas semblables où le transport d’un accidenté inanimé avait été
fatal.
    Voyant que sa patiente ne reprenait pas
conscience, il fut obligé d’en venir à la dernière extrémité. Il prit son bras,
le retourna et chercha la veine la plus apparente. Puis, à l’aide d’une fine
aiguille d’argent, à pointe presque

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