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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Gilbert.
    — Comment ?
    — Au Buis, comme les servantes rallumaient le
feu avec les braises, j’ai vu Perrine se rendre au bûcher. Je l’ai rejointe
pour jouer du serrecroupière, mais elle ne voulait pas… J’ai insisté et j’ai
compris qu’elle allait crier… J’ai dû l’étrangler et je l’ai cachée sous les
bûches.
    — Perrine n’était-elle pas une des servantes
cathares ? demanda Hamelin.
    — Oui, seigneur, dit Jehan, horrifié par ce
nouveau crime. C’était la servante de Noël de Champeaux… Ça s’est passé dans
une ferme qui nous avait reçus…
    — Tu es donc deux fois criminel, fit Robert
de Locksley avec un profond mépris, et deux fois félon !
    — Non, seigneur ! se défendit Cédric.
Perrine n’était qu’une domestique, de plus elle était une hérétique, sa mort
n’avait aucune importance. Quant à Gilbert, il voulait vous trahir ! J’ai
agi avec loyauté envers vous !
    — Que s’est-il passé ensuite entre Gilbert et
toi ? demanda Guilhem qui ne croyait guère à la félonie de Gilbert. À ses
yeux, ce devait être Cédric qui avait proposé à Gilbert de fuir, et peut-être
était-ce même Gilbert qui avait tué Perrine, auquel cas Cédric s’accusait d’un
crime pour se défendre d’un autre. Mais qui saurait jamais la vérité ?
    — On s’est disputés. Il a voulu se battre
avec moi et le cabaretier nous a jetés dehors. Gilbert est parti devant, je
l’ai suivi, mais je me méfiais. Il s’est jeté sur moi au recoin d’une rue.
J’avais ma dague à la main. En me défendant, je lui ai percé le ventre. Je lui
ai coupé la gorge pour qu’il ne crie pas et je l’ai laissé se vider de son
sang. Ensuite, je l’ai porté au parvis, puis je suis allé dans la tour chercher
la coupe de suif qui servait de lanterne. Je connaissais la crypte où j’étais
allé le matin avec une puterelle. J’ai transporté le corps, et en cherchant où
le cacher, j’ai découvert la porte du souterrain. Je l’ai jeté là, et pour
qu’on croie qu’il avait fui, j’ai mis aussi son hamois.
    Ainsi, tous les mystères de ces derniers mois
étaient élucidés. Anna Maria songeait à la pauvre Mathilde, morte à cause
d’eux, quant à Ranulphe, il priait silencieusement pour son cousin.
    Guilhem s’adressa alors à Jehan.
    — Hier soir, tu as pensé que je doutais de ce
que tu me révélais, sache que c’est ce que je voulais. Accuser Cédric n’aurait
servi à rien, car il aurait nié. Il fallait donc que je prépare un piège pour
le prendre en flagrant délit. Simplement, je n’avais pas pensé que tu tenterais
de le prendre toi-même. C’était folie ! Il t’aurait découvert, il t’aurait
tué sans hésitation.
    — Prévôt, saisissez-vous de lui !
ajouta-t-il en lâchant Cédric.
    Hamelin avait une cordelette de chanvre toute
prête. Aidé de son frère, il entrava les mains de Cédric qui se laissa faire.
    Pendant ce temps, Guilhem s’était adressé à
Locksley.
    — Robert, donne-moi le testament.
    Locksley le lui tendit. Guilhem l’ouvrit et en
montra le contenu à tout le monde. La peau de porc n’était qu’un feuillet
blanc.
    — Qu’est-il arrivé au testament ?
demanda Furnais, brusquement effrayé.
    Guilhem eut un sourire amusé, puis défit deux
aiguillettes de son gambison et sortit sa sacoche dont il tira un autre
testament.
    — Il ne m’a jamais quitté. Celui-ci (il
tendit le parchemin vierge) a été fait ce matin par le clerc qui a repris la
boutique d’Aignan. Il a eu un peu de mal à produire un sceau de cire
ressemblant à celui de Richard ! Voilà pourquoi tu aurais mieux fait de ne
pas t’en mêler, Jehan. Je me doutais que Cédric le volerait, et je savais qu’il
n’échapperait pas aux frères Hamelin. Mais en vérité, tu n’as pas agi
vainement, car j’ai découvert chez toi les qualités d’un écuyer, et je sais
maintenant que tu m’es vraiment fidèle. Je ne l’oublierai pas.
    — Pour ma part, Ranulphe, je te dois des
excuses, dit solennellement Robert de Locksley. Cet après-midi, Guilhem m’avait
tout raconté. Convaincu que Cédric nous trahissait, j’ai été d’autant plus
affligé en découvrant que tu avais le testament. Sois certain que je ne
douterai jamais plus de ta fidélité.
    — Vous auriez tort, seigneur, murmura
Ranulphe. Veuillez plutôt entendre ma confession.
    Guilhem marqua sa surprise d’un haussement des
sourcils. Robert de Locksley et sa femme firent de

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