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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de la Maintenon ; mais d’autres disent que ce n’est pas vrai, et il est impossible de savoir ce qu’il en est. En tout cas, ce qu’il y a de certain, c’est que le roi n’a jamais eu pour aucune maîtresse la passion qu’il a pour celle-ci ; c’est quelque chose de curieux à voir lorsqu’ils sont ensemble. Si elle est quelque part, il ne peut pas y tenir un quart d’heure sans aller lui parler à l’oreille et l’entretenir en secret bien qu’il ait été toute la journée auprès d’elle. »
    Il est satisfait. Il est parvenu à ses fins.
     
    Chacun a compris à la Cour que Mme de Maintenon jouit d’une position unique auprès de lui, mais qu’elle est autre chose qu’une maîtresse régnante. Et, en même temps, comme il le souhaitait, le secret du mariage a été gardé, et l’incertitude règne. Il ne voulait pas que Mme de Maintenon soit confondue avec une Athénaïs de Montespan ou une Marie-Angélique de Fontanges. Elle a souffert, elle s’est indignée quand on l’a imaginé. Mais la rumeur du mariage a détruit la rumeur de la liaison banale.
    Les courtisans, les princes ne savent plus. Et c’est mieux ainsi. Tous, ils voient bien qu’elle est pour lui la seule femme qu’il appelle avec déférence « Madame ». Et en même temps, ils ne peuvent imaginer qu’une épouse devant Dieu aurait cette discrétion, cette modestie.
    Il en sait gré à Françoise.
    Elle lui a dit, de sa voix posée :
    — Mon état est éclatant. Dieu m’y a mise. Dieu sait que je ne l’ai pas cherché. Je ne m’élèverai pas davantage et je ne le suis que trop.
    Il admire sa retenue, ses œuvres de charité.
    Elle a créé une maison d’éducation pour jeunes filles pauvres et elle s’y rend chaque jour, abandonnant la Cour pour ce château de Noisy, situé à quelques lieues de Versailles.
    Il le lui a offert. Il sait qu’elle y enseigne le catéchisme, qu’elle y soigne les malades.
    Il veut qu’on suive son exemple.
    Il a demandé aux dames de la Cour de prendre soin des pauvres de Versailles, comme on le fait dans les paroisses de Paris.
    Il a été heureux que Françoise lui dise qu’il est inspiré par Dieu qui le voit.
    Il veut servir le Seigneur comme elle le fait, et, un matin au grand lever, il invite les gentilshommes à se rendre aux offices, à faire leurs pâques, à respecter comme il s’y applique lui-même avec assiduité les obligations de la religion.
    Et pour montrer qu’il en a terminé avec une part de sa vie, il affronte Athénaïs de Montespan.
    C’est désormais une grosse femme, dont les bajoues déforment le visage. Elle s’indigne dès qu’il lui parle du respect qu’elle doit à Mme de Maintenon, qui est comme elle marquise.
    — Que je l’appelle Mme de Maintenon ! s’écrie Athénaïs. Elle ? Cette gardeuse d’oies, ce torche-cul !
    Il reste impassible. Il lui indique qu’elle doit quitter ses appartements, contigus aux siens qu’il veut agrandir, transformer en cabinet où il exposera les statues, les tableaux, les objets qu’il collectionne.
    Il lui précise qu’elle occupera l’appartement des bains, situé au rez-de-chaussée, là où il avait fait aménager pour eux une piscine octogonale entourée de glaces afin qu’ils puissent jouir de la vision de leurs ébats aquatiques.
    Ce temps n’est plus.
    Louis s’éloigne.
    Il sait maintenant comment il va vivre cette nouvelle partie de sa vie. Il faut qu’elle soit plus glorieuse encore que celle qui s’est achevée avec son installation à Versailles, la mort de la reine et de Colbert.
    Il va vivre dans ce château qu’il a fait surgir d’un pays ingrat, de marais et de forêts, et au centre duquel, comme un germe, il voit le vieux pavillon de chasse de son père, auquel il rend ainsi chaque jour hommage.
    Et c’est autour de ce pavillon qu’il a rassemblé les plus puissants, les plus illustres nobles de France, devenus ses sujets obéissants, qui quémandent un mot, un regard, une pension.
    Il ne les craint plus. Plus de frondeurs parmi eux. Et il ne craint plus la mort, cette indomptable rebelle qui durant plusieurs mois l’a inquiété.
    Il s’est rangé aux côtés de Dieu. Il prie. Il communie. Il a près de lui cette pieuse épouse, Mme de Maintenon, Françoise, qui veille sur son salut. Il veut qu’elle soit toujours à portée de voix ou de regard. Il veut qu’elle l’accompagne lorsqu’il décide de prendre la tête de ses troupes qui assiègent la ville de

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