L'ultime prophétie
être labourés, semés et travaillés si nous voulons avoir une
récolte cet automne. Je vous propose de donner ces terres aux hommes des deux
camps. J'espère en effet que nous n'aurons plus jamais besoin d'une si grande
armée.
L'empereur hocha la tête, songeur.
— Excellente idée.
Il s'adressa alors à son scribe.
— Ecris cela et donne ordre à un groupe de diviser les
terres afin de les offrir à qui les voudra. Autre chose, Archer ?
Ce dernier sourit.
— Seulement un peu de temps pour profiter de ma future
épouse et de nos nouvelles vies.
— Et votre frère ? demanda Maluzza.
— Je m'occuperai de lui le restant de nos jours, répondit
Archer fermement. Il ne fut qu'un instrument des desseins des dieux et le mal
ne l'habite plus. Je voudrais lui offrir une vie meilleure.
Ardred se leva à ces mots et tâtonna à la recherche
d'Archer.
— Pardonne-moi, mon frère.
Archer l'étreignit.
— Tu seras toujours mon frère.
— Toujours, répéta Ardred à travers ses larmes.
C'était bel et bien fini.
Epilogue
L'automne était de retour à Whitewater. Les préparatifs du
Festival des Moissons battait leur plein. Tom et Sara dirigeaient désormais
pratiquement seuls l'auberge du père de celle-ci, Bandylegs Deepwell, qui se
déclarait prêt à laisser la place à la jeune génération et à passer le restant
de ses jours à distiller sa fameuse bière en discutant avec ses amis dans la
salle de l'auberge.
Cette année, la récolte était, de mémoire d'homme, exceptionnelle,
et trouverait sa place dans les histoires qu'on racontait au cœur de l'hiver.
Mais à ces histoires s'ajoutaient d'autres, rapportées par
Sara et Tom sur les contrées étranges qu'ils avaient vues et les scènes indescriptibles
qu'ils avaient vécues. Des histoires d'aventure et de victoire. Ce serait
mentir que de dire que toute la ville n'attendait pas le festival avec
impatience, dans l'espoir de les entendre narrer de nouveau leurs voyages.
La grossesse de Sara était bien avancée et elle souriait
sans cesse. Jem Downey avait accepté de ne pas voir son fils lui succéder en
tant que gardien des portes de la ville et avait choisi un jeune garçon d’une
autre famille pour successeur. Non pas que les portes fussent fermées souvent
par les temps qui couraient : le gibier était si abondant que même les animaux
ne s'aventuraient pas dans la ville à la recherche de poulets ou de restes de
nourriture.
Le jour du festival, Sara se sentit nerveuse.
Tom l'interrogeait sans arrêt ; il avait peur pour sa santé.
Il était trop tôt pour la venue du bébé mais quelque chose n'allait peut-être
pas.
Elle se borna à secouer la tête chaque fois et, en souriant,
à lui assurer que le bébé, un fils, allait bien. Elle lui avait dit qu'elle
attendait un garçon il y avait des mois de cela. Ses pouvoirs ilduins le lui permettaient,
apparemment, en plus de ses dons de guérisseuse.
— Non, dit-elle enfin, lassée par son inquiétude. J'ai
juste le sentiment qu'il va se passer quelque chose de spécial aujourd'hui.
— Quoi ?
— Je ne sais pas. Ce n'est qu'un pressentiment.
Tom dut se contenter de cela. Il continua à suspendre des
lanternes, à l'aider à faire du pain et à cuisiner de grandes quantités de
ragoût. Ils mangeraient plus qu'ils n'avaient pu le faire de tout l'hiver
dernier. La terre les bénissait de nouveau de ses bienfaits.
Le festival battait son plein et les enfants couraient
partout tandis que les hommes racontaient leurs histoires à divers groupes et
que les femmes bavardaient joyeusement entre elles. Ce fut alors qu'un petit groupe
de cavaliers franchit les portes de la ville.
Jem Downey, qui était sur le point d'abandonner son poste
pour la nuit, leva les yeux.
— Par les dieux ! s'écria-t-il, bouche bée.
Une pièce d'or vola dans sa direction et atterrit dans la
paume de sa main. Une voix familière lui parla derrière une capuche sombre.
— Achète quelque chose à ta femme, Jem Downey.
Jem hocha la tête et recula. Jamais il n'avait pensé voir
pareille noblesse au Festival des Moissons. Ni en nul autre endroit,
d'ailleurs.
Les deux premiers cavaliers avancèrent — d'abord l'homme
qu'il connaissait, vêtu d'un manteau noir ; sauf que cette fois, le manteau
n'était pas élimé mais fait de la plus belle laine. A ses côtés, une femme habillée
de blanc, un sourire étincelant dans ses yeux
Weitere Kostenlose Bücher