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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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de ses enfants, dit-il ; quels qu’ils soient.
    Il se garda bien de lui rappeler que, dans le cas de sa fille naturelle {10} , l’enfant avait été choyée – par Diane... – et la mère, oubliée, comme rayée des tablettes.
    — Pouvez-vous m’assurer, demanda candidement l’Ecossaise, que le cas échéant, le roi reconnaîtrait son fils ?
    — Ou sa fille... Là-dessus, lady Jane, vous avez ma parole.
    La jeune femme parut satisfaite. Le connétable pensait qu’elle allait se retirer quand, au contraire, elle approcha son chaperon un peu plus.
    — Évidemment, reprit-elle d’une voix plus faible encore, je ne saurais – en tant que mère d’un enfant de Sa Majesté – me contenter de la position bien médiocre que l’on m’a faite auprès de la reine d’Ecosse. Il me faudrait un appartement, et le train de maison approprié-
    Montmorency se dit que le rêve importun était en train de tourner résolument au cauchemar.
    — Nous reparlerons de tout cela, promit-il d’un ton patelin.
    — Non, non, parlons-en maintenant ! Nous disons en Écosse que ce sont là des choses qu’il faut régler une fois, pour n’avoir plus, ensuite, à y revenir.
    — Je ne sais ce qu’on dit en Écosse ; mais pour ce pays-ci, croyez-en s’il vous plaît ma longue expérience. Continuez de plaire au roi, de le combler, de l’étourdir. Et pour le reste, laissez-moi faire : vous savez combien vos intérêts recoupent les miens...
    Il croyait s’en être sorti pour cette fois ; c’était compter sans la nature pragmatique de la gouvernante.
    — Le problème, insista-t-elle, c’est que sans assurances de votre part, je me verrai contrainte de repartir très vite pour mon pays. Je ne saurais demeurer longtemps enceinte, aussi loin de mon mari...
    — Je vais songer à tout cela, soupira le connétable en se relevant non sans peine. Ayez confiance, ma chère enfant. Et prenez soin de vous, surtout.
    Ils échangèrent un regard empreint d’apparente connivence.
    Le sanglier réalisa qu’il transpirait, et tira sur sa manchette pour s’éponger le front. Passant devant l’autel de la Vierge, il s’arrêta, s’inclina bien pieusement. Jane Flemming, qui l’observait de son prie-Dieu, esquissa un sourire ; elle pensait pouvoir deviner le sens de son oraison...
    « Sainte Marie, mère de Dieu, pria le grand maître de France ; faites que l’enfant de cette mauvaise femme pourrisse au sein de ses entrailles ! »
    Puis il s’achemina vers la sortie, non sans gratifier l’Écossaise d’un petit geste amical.

 
    Château de Saint-Germain-en-Laye.
    Le roi Henri exultait. Il y avait longtemps, à la réflexion, qu’il n’avait passé d’aussi bons moments ; et s’il en avait eu le courage, il aurait conclu, en dépit de l’esprit courtois, que c’est l’absence de sa dame qui rendait le chevalier léger, le laissant dispos à ses plaisirs...
    Au sortir du Conseil, de forts risques d’orage ayant découragé les chasseurs, il avait accepté l’invitation de Gaspard et François de Châtillon, neveux du connétable, à jouer à la paume. Puis l’oncle avait rejoint ce petit monde pour une collation bien arrosée, à la tête d’une escouade de jeunes serviteurs des deux sexes, aussi drôles qu’effrontés. Les sens du roi, sans doute un peu engourdis sous le poids de l’habitude, s’étaient de nouveau réveillés au frôlement des Grâces, à la provocation savante de demoiselles expertes en privautés...
    — Mon compère, riait Henri en serrant contre lui son vieux maître de guerre devenu maître de paix, voilà un été comme je les aime : plein de jeunesse et d’insouciance !
    Montmorency approuvait chaudement, et remplissait la coupe de son maître. Il n’osa cependant lui communiquer la nouvelle à propos de lady Jane.
    Quand le jour eut commencé de décliner, Henri rentra pour le Salut à la chapelle. Il passa embrasser la reine et son nouvel enfant, soupa rapidement devant quelques seigneurs ; puis il s’enferma de nouveau chez le connétable – au désespoir des Guises qui ne vivaient plus – et reprit sa partie d’échecs, en attendant la nuit qui le verrait voler de ses petits plaisirs vers d’autres, plus consistants.
    Montmorency aurait eu dix fois l’occasion de gagner, mais il était trop bon courtisan pour s’y laisser aller. Il renonçait volontiers à ces coups sans importance, préférant en jouer d’autres sur un échiquier d’une meilleure

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