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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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n’ai fait que bavarder.
    — Bavarder ? Bavarder...
    Diane de Poitiers, les yeux fermés, prit une longue inspiration puis, faisant volte-face, se retourna contre le connétable.
    — Et vous ! Vous, méchant homme ! Faut-il...
    Sa bouche se plissait de colère et de dégoût.
    — Etes-vous donc déjà perdu et dévoyé au point de tolérer – que dis-je ? – au point de conseiller au roi de commettre de telles choses ? N’avez-vous donc pas honte de nous faire à tous telle injure, surtout à messieurs de Guise et à moi – qui vous avons toujours si bien servi et favorisé auprès de Sa Majesté ?
    Le connétable jugea prudent de ne pas répondre ; son attitude impassible tranchait cependant sur l’insigne agitation du monarque.
    — Ah, mais la gratitude, poursuivait la furie, la gratitude n’est certes pas ce qui vous étouffe. Pervers, débauché, hideux conseiller !
    — Si vous vouliez bien...
    — Non, taisez-vous !
    Elle n’était plus très loin de hurler.
    — Taisez-vous, mais taisez-vous donc, méchant, qui pervertissez notre roi, séduisez nos princesses, rabaissez et détruisez tout ! Je vous interdis, bien formellement, de jamais plus m’adresser une parole ! Je vous interdis, vous m’entendez, de jamais reparaître en ma présence !
    Montmorency secoua la tête, mais ne répondit mot. Diane, à présent étouffée de pleurs et de sanglots, se traîna, boiteuse, jusqu’à un coffre sculpté où elle ne put que se laisser choir. C’est le moment que choisit le roi pour tenter de la raisonner.
    — Pardon, madame, pardon, dit-il, si je vous ai rendue malheureuse, mais vous devez savoir...
    — Savoir quoi ? Que le roi que j’aime et que j’admire, le roi que je place au-dessus de tout au monde, a trahi sa femme, son fils, sa couronne même ?
    — Enfin...
    — Mais bien sûr ! Avez-vous mesuré de quel poids vont peser ces graves événements, lorsqu’il s’agira de marier le dauphin ? Et si lui-même refusait une alliance désormais si préjudiciable à sa réputation, que diriez-vous ? Que direz-vous à la famille de Lorraine, dont vous venez de ruiner en une nuit plusieurs vies d’efforts et de sacrifices ?
    — Mais... Pourquoi le leur dire ?
    — Comment ? Ai-je bien entendu ?
    — Madame, se lança de nouveau le roi, la gorge nouée, je vous demande, au nom des rois, mes ancêtres, au nom de l’État, de ne rien souffler à personne de cette triste affaire.
    — Vous voudriez qu’en rajout de tout, je cache aux Guises leur infortune ?
    — Madame, oui.
    — Il est bien tard, sire, et je ne vois pas comment...
    Le roi perdit contenance. Prenant les mains de
    Diane, il les couvrit de ses larmes et, mettant un genou à terre, il entreprit d’implorer la duchesse de garder pour elle ce qu’elle savait.
    — Non, n’en dites pas davantage...
    — Madame, je vous en supplie ! Je vous supplie de ne pas révéler ceci au cardinal et à ses frères !
    Diane souriait intérieurement : n’étaient-ce pas les Guises eux-mêmes qui l’avaient mise au courant ?
    — Oh, pitié, madame, pitié...
    Tout contrit et confus, le roi de France, à genoux, hoquetait maintenant comme un enfant, à la honte même du valet et des gardes qui lui tournaient le dos, au désespoir du connétable qui tenta de le relever. Mais alors la détresse d’Henri se retourna contre ce complice enfin démasqué.
    — Non ! se débattit le souverain. Pas vous.
    Il toisa Montmorency sans aménité.
    — Maréchal, sortez !
    L’ordre royal fut proféré du ton le plus dur, le plus cassant.
    Se ravisant alors, Anne de Montmorency reprit contenance et, lentement, silencieusement, se retira sans sacrifier aux révérences d’usage. Au moment de sortir, il croisa le regard de Diane, et percevant sous le courroux une lueur de triomphe, ne put s’empêcher de songer qu’elle avait joué l’offense, feint la colère, mimé la douleur...
    Le roi, anéanti, passa le reste de la nuit à sangloter dans le giron de sa dame. Et elle, dans son infinie bonté, voulut bien lui caresser les cheveux, comme elle le faisait, autrefois – lorsqu’il n’était qu’un enfant.

 
    Foire de Saint-Germain-en-Laye.
    Bien que sa fracture ne fût plus qu’un mauvais souvenir, et qu’elle eût amplement retrouvé l’usage de ses jambes, c’est en chaise que la duchesse de Valentinois choisit de se rendre jusqu’à la foire de Saint-Germain. Elle avait pris soin de se faire

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