Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
Vom Netzwerk:
envergure... La grossesse de Jane ne se remarquait pas encore ; Diane n’allait plus tarder à reparaître ; il lui fallait pousser le roi à déclarer sa flamme.
    — J’ai vu tantôt lady Jane, lâcha-t-il comme en passant ; il me semble qu’elle déraisonne un peu.
    — Lady Jane, ma petite, petite Écossaise !
    — Je l’ai trouvée fort amoureuse, mentit Montmorency. Au point, peut-être, de prendre ses rêves pour des réalités...
    — Qu’entendez-vous par là, compère ?
    — Sire, pour aller droit au but, je me disais qu’il ne serait peut-être pas mauvais de rendre cette liaison publique. Cela simplifierait tout...
    — Enfin, mon cousin, vous n’y songez pas ! C’est bien trop tôt.
    Montmorency se dit soudain qu’il avait joué son fou trop vite, et l’avait perdu.
    Quand sonna l’heure, le valet Pierre du Griffon, dissimulé sous sa cape, vint ouvrir la porte dérobée par laquelle le roi et son compère gagnaient ordinairement la courette et le logis de Marie Stuart. Sans vraiment longer les murs, la triade veillait à ne croiser personne ; on emprunta donc un dédale de corridors et d’escaliers, suivant cet itinéraire qu’Henri, de soir en soir, avait appris à aimer plus que tout. Il suffoquait d’impatience à l’idée de retrouver la belle Jane et les quelques dames écossaises que le connétable, pour rendre tout facile, avait convaincues de se joindre à eux.
    — Pensez-vous, demanda le roi, qu’elle portera mon émeraude ?
    Car sur les conseils de son mentor, il avait fait livrer à sa maîtresse, dans la soirée, la plus magnifique des grosses pierres.
    — Je me demande surtout, plaisanta Montmorency, si elle portera autre chose...
    Ils rirent tels deux carabins, précédés par le valet toujours sérieux, comme étranger à leurs manèges.
    A l’entrée des appartements de la reine d’Ecosse, les gardes de faction avaient pris l’habitude de laisser entrer le connétable, son valet et son mystérieux compagnon. Ils relevèrent donc machinalement leurs hallebardes, et les trois hommes firent comme chez eux.
    Pour une fois, le vestibule était resté éclairé. Henri dégrafa sa houppelande et révéla son visage. Tandis que Du Griffon s’en allait gratter à la porte de ces dames, il se tourna vers Montmorency pour plaisanter, une fois de plus.
    Mais l’effroi qu’il perçut dans le regard du connétable lui passa l’envie de rire. Le roi se retourna : elle était là, sortie comme une apparition d’on ne savait quelle trappe, livide, certes, boiteuse, certes, mais affreusement pleine de reproches.
    — Diane ?
    Henri II, à cet instant, sans doute, aurait donné son royaume pour se trouver ailleurs. Or, au moment où la duchesse de Valentinois allait ouvrir la bouche, un bruit de serrure anima la grande porte de l’appartement ; et l’on vit paraître lady Jane qui, comprenant aussitôt la situation, émit un drôle de petit cri et disparut dans ses intérieurs comme une souris surprise devant son trou.
    — Sire, implora la duchesse au bord des larmes, où vous rendez-vous ainsi masqué ? Mais quelle injure, quelle trahison est-ce là ?
    Il semblait, à la voir, que l’univers vacillait sur ses bases.
    — Diane, soyez tranquille...
    — Oh, pour moi, je suis bien tranquille. Moi, cela ne me concerne pas. Car moi, sire, je vous aime. Je vous aime comme je l’ai toujours fait... Honnêtement.
    — Diane...
    — Non ! Ce n’est pas moi que vous injuriez et traînez dans la boue. Ce sont messieurs de Guise, vos bons serviteurs...
    — Duchesse..., tenta le connétable.
    Elle leva une main dans sa direction, mais continua de s’adresser au roi sur un ton qui montait, montait.
    — ...Vos bons serviteurs si dévoués, qui vous aiment et que vous aimiez, pourtant !
    — Mon Dieu !
    — Ce sont eux que vous venez ici flétrir dans leur honneur, en faisant cette injure à leur nièce. Ce sont eux dont vous souillez à l’envi la belle réputation. Eux, et votre fils qui devait épouser la jeune fille gouvernée par cette... par cette... dame !
    — Diane...
    Elle se mit à crier.
    — C’est à votre fils le dauphin que vous manquez le plus gravement ! Et à sa mère, notre pauvre reine, qui se trouvait tout près, qui dormait – pauvre, pauvre ! – du sommeil du juste !
    — Diane !
    — Madame ! tenta le connétable.
    Le roi leva les bras au ciel.
    — Il n’y a là aucun mal, promit-il d’une voix défaite. Je

Weitere Kostenlose Bücher